Baignades à haut risque à Bouira : À l’inconscience des jeunes répond la démission des parents

Baignades à haut risque à Bouira : À l’inconscience des jeunes répond la démission des parents ( Reportage VIDEO)

Selon les chiffres de la Protection civile de la wilaya de Bouira, pas moins de trois cas de noyade ont été recensés depuis mai dernier. L’an dernier, lesdits services avaient recensé 16 cas de noyade durant toute la période estivale.

En effet, Il faut dire que les températures caniculaires de ces derniers jours poussent les plus téméraires à « piquer une tête » dans les eaux des oueds, étangs et mêmes l’un des trois barrages que compte la wilaya. En effet, nombre de jeunes, le plus souvent chômeurs et sans aucun revenu, n’hésitent pas à braver les dangers inhérents à la baignade dans ces endroits, faisant fi des dangers que représentent ces baignades à haut risque.

Une « Oasis » aux mille dangers

Ainsi, samedi 8 juillet , et alors que les services de Matéo Algérie venaient de publier un BMS (Bulletin météo spécial), dans lequel ils avertissaient d’une vague de chaleur à travers tout le pays, à Bouira et à 16h de l’après-midi , le thermomètre affichait 41 degrés.

La retenue collinaire située au niveau de la forêt récréative d’Erriche, à la périphérie du chef-lieu accueillait nombre d’intrépides. Hichem, est l’un d’eux. Âgé de 14 ans et habitant les nouveaux logements sociaux situés dans la cité dite des « Belmahdi » à quelques encablures de la forêt d’Erriche.

Il a suffi à ce jeune garnement de dévaler le flanc d’une colline pour se retrouver devant un étang, dont l’eau ne donnait guère l’envie d’y plonger le gros orteil. Mais pour Hichem, cette étendue vaseuse, avait l’allure d’une oasis salvatrice. « Vous savez, je n’ai pas trop le choix, c’est ça, ou rôtir sous le soleil de la cité », s’est-il justifié.

Au loin, une silhouette frêle dévalait à son tour la colline, tenant à bout de bras deux planches de polystyrène. « C’est mon ami Youcef, il vient avec nos bouées! », lancera Hichem d’un ton enthousiaste. C’est donc à cela que servent ces plaques de polystyrène : des bouées de sauvetage! 

Des plaques de polystyrène en guise de bouées de secours… 

Son ami Youcef, d’une année son cadet, abondera dans le même sens : « Quand on n’a pas un sou en poche, sans aucun moyen de transport et qu’un soleil de plomb nous grille la peau, on a qu’une seule envie, plutôt une obsession, c’est de piquer une tête », avant d’enchaîner : « Nous sommes bien conscients des risques que nous courons, néanmoins à 45 degrés, la raison cède la place à l’envie irrésistible de se rafraîchir ! »

Ces jeunes, dont l’insouciance et l’amour du risque colle à la peau, affirment avec un certain aplomb connaitre les dangers et les conséquences parfois dramatiques de ces baignades en eau trouble. « C’est pour cela qu’on a apporté nos bouées! », affirment-ils sans sourciller. Ces compères barbotaient allègrement dans cet étang insalubre, sans se soucier du danger qu’ils encourent. 

Des parents démissionnaires

Soudain, un agent forestier accompagné d’un agent de sécurité, sifflera « la fin de la récréation ». « Sortez de là et partez avant que je n’appelle les gendarmes! », leur a-t-il intimé. Ni une ni deux, les deux jeunes galopins s’exécutèrent sans demander leurs restes. Youcef, sous l’effet de la panique, avait failli laisser son t-shirt sur les bords de l’étang.

« Ces deux-là, n’ont peur de rien. C’est la troisième fois qu’ils s’aventurent ici », dira d’un ton exaspéré le garde forestier. L’agent préposé à la sécurité de la forêt d’Erriche, s’exclamera « Comment on peut être aussi inconscient ! Ils savent très bien qu’ils risquent leur vie en se baignant ici », a-t-il fait remarquer. Le garde forestier pour sa part, ne rejette nullement la faute sur ces gamins, mais sur leurs parents. « Je ne blâme pas ces gosses, mais plutôt leurs parents ! Comment peut-on laisser des gamins venir ici sans la moindre surveillance. C’est de la pure folie », s’est-il offusqué. Et d’ajouter « Le jour où l’un d’eux va couler à pique et repêché sans vie, ce jour-là, ces parents démissionnaires n’auront plus que leurs yeux pour pleurer et cela sera trop tard », dit-il d’un à la fois lucide et dépité.

L’ANBT sur le qui-vive

L’Agence nationale des barrages et transferts (ANBT), a lancé depuis le début du mois en cours une campagne de sensibilisation sur les dangers de la baignade au niveau des trois barrages de la wilaya à savoir Tilesdit, Koudiet Acerdoune et Oued Lekhel.

«Nous sommes actuellement à la deuxième semaine de cette caravane après la première semaine passée au niveau de la wilaya de Boumerdès en ayant parcouru les villages avoisinant d’El Hamiz, Keddara et Béni Amrane. Les villages à proximité du barrage de Taksebt, à Tizi-Ouzou, ont été également sillonnés », révèle la chargée de communication de l’ANBT qui souligne que jeudi dernier, c’était au tour de la wilaya de Bouira où ont été ciblées les populations riveraines des barrages de Koudiet Acerdoune et d’Oued Lekehal avec les villages de Maâlla, Zbarbar et une partie de Guerrouma », précisent les services de l’ANBT.

Au niveau du barrage d’Oued Lekhel, relavant de la commune d’Ain Bessam, les gardiens étaient sur le qui-vive. « On passe notre temps à jouer au chat et à la souris avec les jeunes qui veulent à tout prix se baigner ici (…) Nous on sensibilise, mais le plus grand rôle incombe aux parents qui doivent surveiller leurs enfants », notera un agent de sécurité qui sillonnait les berges dudit barrage.

R.B

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