La Cour des comptes, a publié ce samedi 2 décembre 2023, son rapport annuel dans lequel ses membres ont passé au peigne fin plusieurs secteurs.
La mission principale de cet organisme consiste à favoriser l’utilisation régulière et efficiente des ressources, moyens et fonds publics, à contribuer au développement de la bonne gouvernance et à promouvoir l’obligation de rendre compte et la transparence dans la gestion des finances publiques.
En effet, le rapport a épluché trois principaux volets, à savoir, les administrations de l’Etat, les Collectivité locales et les établissements et entreprises publics.
Ainsi et parmi les dossiers examinés, figure celui du programme portant restructuration, développement et régulation du marché de la filière des viandes rouges (2010-2022).
Une filière qui « pèse » près de 5 milliards de dollars
En effet et d’après le rapport, la filière des viandes rouges est classée la première en termes de chiffre d’affaires réalisé par rapport aux autres filières du secteur agricole. Son chiffre d’affaires en 2021, avoisine les 700 milliards DA, (à raison de 1 300 DA/KG), ce qui équivaut à près de 5 Mrds $, représentant plus de 17% du chiffre d’affaires du secteur agricole.
La production y afférente a atteint près de 537 000 tonnes (63% de viande ovine, 27% bovine, 7% caprine et 3% cameline), ce qui assure une disponibilité moyenne de 12,04 Kg/habitant/an (pour 44 599 222 habitants). La moyenne internationale étant de 34 Kg/habitant/an.
« Aucune opération de régulation » en 12 ans
Vue l’importance que revêt la filière, la Cour des Comptes a mené, en 2022, une opération de contrôle thématique intitulée « évaluation des actions de modernisation des unités de transformation de viandes et la construction de nouveaux complexes d’abattage ».
Le même document, a entre autres, souligné l’impératif de réguler le marché national pour contenir les prix et les approvisionnements. « Douze (12) ans après le lancement du programme de restructuration du secteur public qui a donné naissance à ALVIAR, aucune opération de régulation n’a été effectuée selon le mode opératoire préconisé par le business plan ». Et de poursuivre que : « Les informations recueillies auprès du ministère de l’agriculture afin d’appréhender la réalité du marché ont révélé que le système d’information statistique est bâti sur des méthodes de quantification (zoo-technique) basées sur un recensement général agricole qui date de 2001 et des rapprochements avec les statistiques du cheptel vacciné qui ne reflètent pas de manière exhaustive l’effectif réel du cheptel »
L’argent du Trésor public « utilisé à des fins personnelles »
En outre, le document de la Cour des Comptes a révélé une « utilisation du fonds de roulement à des fins autres que celles pour lesquelles il a été destiné ». « La résolution du CPE portant création de la nouvelle entreprise ALVIAR a prévu d’accorder à cette dernière un crédit bancaire de 1,2 Mrd de DA, au taux bonifié par le Trésor public, destiné à l’acquisition de la matière première (cheptel) pour les besoins d’exploitation des trois CRVRs à leur démarrage. Cependant, et contrairement aux règles de l’orthodoxie financière, ce crédit a été mobilisé avant l’achèvement des travaux de réalisation des CRVRs et utilisé pour faire face à des dépenses de personnels et divers frais sans aucun rapport avec le cycle d’exploitation », est-il souligné.
Vente de bétail : Un marché « très peu encadré »
Il a été constaté que 12 ans après le lancement du programme de restructuration du secteur public qui a donné naissance à ALVIAR, aucune opération de régulation n’a été effectuée selon le mode opératoire préconisé par le business plan.
« Celui-ci prévoit la constitution de stocks stratégiques pour la régulation du marché des viandes rouges en période de forte demande de viande (Ramadhan surtout), d’une proportion de 50% des capacités d’abattage des trois CRVRs (équivalent à 20 400 tonnes/an) », indique-t-on dans le rapport. Plus loin, les rapporteurs ont déploré l’éclatement et le manque d’encadrement du marché. « Le marché de vente des bêtes sur pied est très peu règlementé et encadré administrativement ».
Des recommandations en quête d’application
Face à ce tableau des moins reluisants, les experts de la Cour, ont émis des recommandations afin de mieux gérer la filière.
En premier lieu, la mise en place un plan de développement de la production fourragère adossé à un plan de mobilisation des ressources hydriques comme mesures préalables pour une maitrise de l’élevage bovin et ovin.
En second lieu, la révision des termes et des conditions des interventions des autorités publiques dans la filière des viandes rouges à même de se réapproprier les instruments permettant la régulation du marché des viandes rouges.
En outre, il a été préconisé un bon encadrement et organisation du marché, la mise en place d’un système d’information statistiques fiable, la réactivation du rôle de l’autorité vétérinaire dans le domaine du contrôle sanitaire des abattoirs, et le renforcement des mécanismes de contrôle de la perception de la taxe sanitaire sur les viandes (taxe d’abattage).
Ouali.E