Par Chiraz Kherri
À l’heure actuelle et à l’échelle mondial, seuls sept patients (deux patients de Berlin, de Londres, de Düsseldorf, de New York, de City of Hope et de Genève) sont considérés comme guéris ou en rémission prolongée du VIH après une greffe de moelle destinée à traiter un cancer du sang.
Parmi eux, Romuald, surnommé « le patient de Genève », a connu une rémission exceptionnelle après une greffe réalisée aux Hôpitaux universitaires de Genève. Contrairement aux autres cas, sa greffe n’incluait pas la mutation CCR5 delta 32, généralement responsable d’une résistance naturelle au VIH. Pourtant, trois ans après avoir cessé son traitement antirétroviral, le virus demeure indétectable chez lui.
L’énigme d’une rémission
En effet, ce cas fascinant, publié dans Nature Medicine, le 2 septembre dernier, a été étudié en 2023 sous la direction de la Pr Alexandra Calmy, responsable de l’Unité VIH des des Hôpitaux universitaires de Genève, et du Pr Asier Sáez-Cirión de l’Institut Pasteur à Paris, en collaboration avec l’Institut Cochin et le consortium IciStem.
Les résultats remettent en question le rôle exclusif de la mutation CCR5 delta 32 dans la rémission du VIH, car les cellules du patient restent vulnérables à l’infection. Cependant, les deux coordinateurs de l’étude ont observé une réduction progressive du réservoir viral après la greffe, les cellules porteuses du virus ne se multipliant plus soulignant donc l’importance de ce cas unique.
Plusieurs pistes avancées…
Les scientifiques désormais avancent sur plusieurs hypothèses pour expliquer cette rémission. D’une part, l’immunité innée du patient pourrait empêcher un éventuel retour du virus. D’autre part, le traitement immunomodulateur qu’il reçoit pour contrôler les réactions greffon contre hôte pourrait également jouer un rôle clé dans cette rémission. Ces réactions auraient pu éliminer le réservoir viral de manière si efficace que la mutation CCR5 delta 32 n’était plus nécessaire.
Ces découvertes ouvrent de nouvelles perspectives prometteuses pour la recherche sur la rémission du VIH et constitue un espoir pour les 39,9millions de personnes qui vivent avec le VIH dans le monde, y compris pour les 20.000 cas en Algérie.
C.K