Beaucoup de familles Ghardaouis, notamment les plus démunies devront faire l’impasse sur le traditionnel sacrifice de la fête de l’Aïd El Adha.
La cause : les fameux moutons importés de Roumanie et d’Espagne, manquent à l’appel. Pas une dizaine, pas une centaine, mais des milliers d’ovins !
Ainsi, sur les 10 000 têtes allouées à la wilaya de Ghardaïa et à moins de 48h de la fête de l’Aïd El Adha, seulement un millier de moutons entre roumains et espagnols, sont arrivés à «bon port», soit seulement 10% du quota promis.
Circulez, il n’y a rien à vendre !
En effet, lors de notre virée au niveau du seul et unique point de vente de la wilaya, situé l’enceinte du marché de gros de fruits et légumes, sur les abords de la RN1, à la sortie nord de Ghardaïa, pas le bruit d’un bêlement de moutons. Ces derniers, issus du seul et unique quota arrivé le 15 mai dernier, se sont arrachés comme des petits pains. «Circulez, il n’y a rien à voir», semblait nous dire un badaud croisé sur les lieux.
Certains pères de familles rencontrés aux abords de ce point de vente, étaient partagés entre dépit, frustration et colère. « Où sont les moutons promis? Dans les médias, nous avons lu et entendu que Ghardaïa avait bénéficié de 10 000 tête. Or, depuis le 15 mai dernier, aucune nouvelle cargaison n’est arrivée» fera remarquer d’un ton dépité un père de famille.
«Que vais-je dire à mes enfants?»
Un autre, plus amer et surtout très remonté contre les pouvoirs publics locaux, car ses enfants lui «réclament » le fameux mouton de l’Aïd, s’est retrouvé… impuissant de leur concrétiser leur vœu. Terrible sentiment pour un père. «Que vous dire… On a été abreuvé de mensonges, de fausses promesses et voilà le résultat maintenant! Que vais-je dire à mes enfants, quand je vais rentrer les mains dans les poches?», s’est-il interrogé. Et d’enchaîner « Je ne peux blâmer les autorités d’en haut, car j’ai eu des échos de certaines wilayas et là bas, les moutons importés y sont à profusion. Je blâme et j’accuse nos responsables locaux! S’ils ne sont pas aptes à mener leur mission à bien, qu’ils partent», a-t-il fulminé.
L’impérative enquête
Devant cet état de fait, nous avons tenté de prendre attache avec les services concernés, mais sans grand résultats. C’est une «omerta» à tous les niveaux. Personne n’ose avancer la moindre explication et encore moins désigner le véritable responsable de cette négligence manifeste. Irrémédiablement, c’est une faillite collective qui devrait inciter les services habilités à ouvrir une enquête afin de répondre à une seule et unique question : Où est le reliquat du quota de moutons (espagnols et roumains) prévu pour la wilaya de Ghardaïa ?
En conclusion et comme le déclarait si bien le Cardinal du Chaâbi, El Hadj M’hamed El Anka dans l’œuvre sublime « Sobhane Allah Ya El Tif » du poète Mustapha Toumi « Lembata be char wa la taâm âakass, lefquar wa el ghorba wa la maâchrat chatam ».