L’Algérie, avec son histoire mouvementée dans l’énergie nucléaire civile, se trouve à un carrefour crucial. Bien que le pays n’abrite aucune centrale opérationnelle en 2025, ses ambitions n’ont jamais été entièrement éteintes.
Initialement envisagée comme un levier pour diversifier le mix énergétique et anticiper le déclin des énergies fossiles, la concrétisation du nucléaire a été freinée par des facteurs économiques et l’abondance de gaz naturel.
Des opportunités économiques prometteuses
Pourtant, l’Algérie, à l’instar de plusieurs autres nations arabes, détient des infrastructures et des réserves d’uranium significatives qui pourraient bien redessiner son avenir énergétique.
Ses ressources souterraines, éparpillées à travers la région, deviennent des piliers stratégiques essentiels pour renforcer l’énergie nucléaire et atteindre l’autosuffisance dans plusieurs pays.
Ces mines se distinguent comme des opportunités économiques prometteuses face à la demande mondiale croissante d’énergie propre et renouvelable.
Bien que le monde arabe ne soit pas un producteur majeur d’uranium à l’échelle mondiale, contrairement au Canada ou au Kazakhstan, les découvertes de ces cinq plus grandes mines d’uranium mettent en lumière d’importantes réserves réparties entre la Mauritanie, la Jordanie, l’Arabie Saoudite, l’Algérie et l’Égypte, selon un rapport exclusif de la plateforme énergétique spécialisée, Attaqa, (basée à Washington).
Des sites d’extraction stratégiques
Les analyses des marchés internationaux montrent que la disponibilité de ressources naturelles comme l’uranium offre à ces pays des opportunités de renforcer leur présence sur la scène énergétique mondiale, que ce soit par l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire ou par le soutien à leurs économies nationales.
L’examen des cinq plus grandes mines d’uranium du monde arabe reflète la grande diversité géographique des sites d’extraction de ce minerai stratégique, s’étendant de l’Afrique du Nord à la péninsule arabique, ce qui renforce les opportunités de coopération régionale dans les domaines de l’exploration et du développement.
Cet intérêt accru pour l’uranium intervient à un moment où les politiques mondiales se concentrent sur la réduction des émissions de carbone, faisant de l’investissement dans ces mines une étape cruciale vers un avenir plus durable, grâce à l’énergie nucléaire comme option propre et durable.
Voici les cinq plus grandes mines d’uranium dans le monde arabe
1. Mine de Tiris en Mauritanie
La mine de Tiris est en tête de liste des cinq plus grandes mines d’uranium du monde arabe. Il s’agit d’un projet ambitieux situé dans la région de Tiris Zemmour au nord-est de la Mauritanie, à environ 1 200 kilomètres de Nouakchott.
Ce projet est développé par la société australienne « Aura Energy » à hauteur de 85%, en partenariat avec l’Agence Nationale de Recherches Géologiques et du Patrimoine National – l’entité responsable de la recherche géologique et de la promotion minière en Mauritanie.
Les réserves prouvées de la mine s’élèvent à environ 91,3 millions de livres d’oxyde d’uranium, soit environ 41 270 tonnes, avec une durée de vie opérationnelle estimée à 25 ans. La production annuelle visée est de 2 millions de livres (900 tonnes), avec la possibilité de doubler la production pour atteindre 4 millions de livres par an.
Les opérations minières reposent sur des techniques d’extraction de surface sans nécessiter d’explosions, utilisant le lavage, la lixiviation alcaline et l’échange d’ions. La production commerciale devrait débuter fin 2026 ou début 2027. La mine de Tiris est le premier grand projet d’extraction d’uranium en Mauritanie, renforçant la position du pays en tant que futur concurrent sur le marché de l’énergie nucléaire.
2. Mines du centre de Siwaqa – Jordanie
Parmi les cinq plus grandes mines d’uranium du monde arabe, les mines du centre de la Jordanie (projet Al-Siwaqa et Al-Qatrana) se distinguent par l’une des réserves arabes les plus riches, avec des ressources estimées à environ 42 000 tonnes de « yellowcake », selon les normes du Joint Ore Reserves Committee (JORC).
Notons que le terme « yellowcake » désigne ici un produit intermédiaire qui nécessite des procédés industriels et chimiques pour transformer l’uranium naturel en yellowcake.
Le projet s’étend sur une superficie de 667 kilomètres carrés, du sud d’Amman à Al Aqba. L’exploration intensive a débuté en 2009, et l’uranium de surface découvert dans ces zones constitue la principale source de production future en Jordanie.
La Compagnie jordanienne d’extraction d’uranium a adopté des techniques modernes pour l’extraction du minerai via des opérations d’empilement de minerai et de lixiviation. Une usine semi-commerciale d’une capacité de 200 tonnes de minerai a été construite, dans le cadre des efforts visant à développer l’industrie locale du yellowcake et à renforcer les capacités nucléaires pacifiques jordaniennes.
Les réserves d’uranium en Jordanie sont estimées à environ 52 500 tonnes, soit environ 1% des réserves mondiales, ce qui la place au seizième rang mondial.
3. Mines de la région du Hoggar – Algérie
L’Algérie occupe une place importante parmi les cinq plus grandes mines d’uranium du monde arabe via ses réserves importantes, principalement concentrées dans les régions du Hoggar et de Tamanrasset. Les estimations indiquent la présence d’environ 29 000 tonnes d’uranium dans le pays.
Des opérations d’exploration intensives ont été menées durant les années 1970, aboutissant à la découverte de nombreux sites riches en uranium, notamment dans le Hoggar et le plateau du Tassili N’Ajjer.
Bien que l’Algérie ait annoncé en 2012 le gel de l’exploitation des mines d’uranium pour des raisons stratégiques, la réserve découverte la place parmi les pays fortement candidats au développement d’un programme nucléaire pacifique lorsque les conditions réglementaires appropriées seront réunies.
4. Mines d’Arabie Saoudite
Le Royaume d’Arabie Saoudite possède d’énormes réserves d’uranium, allant de 60 000 à 90 000 tonnes, ce qui équivaut à environ 5-6% des réserves mondiales, dans différentes zones géographiques, telles que Jabal Saïd à Médine et Jabal Qaryah au nord. Cela la qualifie pleinement pour figurer parmi les cinq plus grandes mines d’uranium du monde arabe.
L’Arabie Saoudite concentre ses efforts sur le développement d’un cycle complet du combustible nucléaire, comprenant l’exploitation minière, l’extraction et l’enrichissement, jusqu’à la fabrication locale du combustible nucléaire, dans le cadre d’une vision ambitieuse d’autosuffisance.
Le Royaume prévoit de construire deux réacteurs nucléaires d’une capacité totale de 3,2 gigawatts au cours de la prochaine décennie, dans le cadre d’une stratégie plus large visant à ajouter 17 gigawatts d’énergie nucléaire d’ici 2040, ce qui renforce l’importance de l’exploitation de ses ressources en uranium pour assurer la sécurité énergétique nationale.
5. Mines d’Égypte
L’Égypte est également un acteur majeur parmi les cinq plus grandes mines d’uranium du monde arabe, avec des réserves réparties sur plusieurs sites, notamment les montagnes de la mer Rouge et la mine d’Al-Aalouja au Sinaï. Les estimations indiquent la présence de 50 000 tonnes d’uranium lié aux minerais de phosphate, ainsi que d’autres réserves dans les sables noirs, estimées à environ 2 000 tonnes.
L’Égypte travaille au développement des opérations d’extraction via l’usine locale de combustible nucléaire, en plus du projet de la centrale nucléaire de Dabaa en collaboration avec la Russie, qui ajoutera 4 800 mégawatts d’électricité nucléaire au réseau national d’ici 2027.
L’Égypte possède une usine de combustible nucléaire, qui est l’une des neuf usines seulement au monde à produire le combustible nécessaire aux réacteurs. Elle possède également l’une des plus grandes réserves mondiales de thorium (environ 380 000 tonnes), ce qui renforce sa position en tant que futur centre régional de l’énergie nucléaire.