Dans le cadre du renforcement de la coopération scientifique nationale, l’Université de Chlef Hassiba Ben Bouali, en partenariat avec celle de Khenchela Abbes Laghrour, a organisé les 11 et 12 juin la troisième Conférence National des Sciences et Génie des Matériaux.
Placé sous l’égide de la Faculté de Technologie et piloté par le Laboratoire de Mécanique et d’Énergie, cet événement a rassemblé plus de 1 200 participants issus de 32 universités algériennes, dans un esprit de dialogue interdisciplinaire et de mise en réseau entre le monde académique et le tissu économique.
Une mobilisation universitaire nationale
En effet, dès l’ouverture de la conférence, la participation massive d’universitaires, de chercheurs, de doctorants, mais aussi de représentants d’entreprises a témoigné de l’intérêt croissant porté aux sciences des matériaux, domaine au carrefour de l’innovation industrielle et de la recherche appliquée.
La cérémonie inaugurale du Forum a été marquée par une forte mobilisation des acteurs académiques et institutionnels, témoignant de l’importance accordée à cet événement scientifique. Parmi les personnalités présentes figuraient le président de l’Université de Chlef, le président de l’Université de Relizane, ainsi que la doyenne de la Faculté de Technologie.

Étaient également présents les vice-doyens, les chefs de départements, les directeurs de laboratoires, ainsi qu’une large représentation de la communauté universitaire. À leurs côtés, plusieurs partenaires économiques ont répondu à l’invitation, notamment la Fondation Well Max, le centre commercial City Shop, le Complexe Ciment et Dérivés GICA, ainsi qu’une entreprise spécialisée dans la céramique Divindus, traduisant ainsi la volonté de renforcer les passerelles entre le monde académique et celui de l’entreprise.
Des objectifs clairement affichés
Selon le président de la conférence Dr. Belialia Azeddine, la conférence avait pour ambition de créer un espace de dialogue scientifique entre enseignants-chercheurs, ingénieurs, doctorants et industriels autour des thématiques liées aux matériaux ; mais aussi, encourager les interactions entre institutions universitaires en vue de projets collaboratifs ; et également renforcer les ponts entre l’université et le secteur socio-économique, afin de poser les bases de partenariats structurés en matière de recherche, d’innovation et de transfert technologique.
Cette approche s’inscrit dans une dynamique nationale qui place l’université au cœur du développement industriel et de l’innovation technologique.

Des conférences plénières aux thématiques stratégiques
Le programme scientifique du Forum, a été structuré autour de trois conférences plénières de haut niveau, qui ont donné le ton des réflexions menées tout au long des deux journées. Ces interventions ont permis d’aborder des enjeux contemporains majeurs, à l’intersection de la recherche scientifique, de l’innovation technologique et des impératifs industriels.
La première conférence, animée par le Pr. Youcef Zannir, portait sur le thème « Intelligence artificielle et sécurité industrielle ». Elle a mis en lumière les apports de l’intelligence artificielle dans le domaine de la production industrielle, en particulier pour la surveillance automatisée des installations, la maintenance prédictive et l’optimisation des chaînes de fabrication. L’intervenant a souligné comment ces technologies permettent non seulement d’améliorer la sécurité des systèmes complexes, mais aussi d’accroître leur efficacité et leur rentabilité.
La seconde conférence, intitulée « L’apport de la métrologie dans les laboratoires de contrôle qualité des matériaux de construction », a été présentée par M. Djebra Houcine, directeur de la société IRMA GLOBAL.
Son intervention a démontré l’importance cruciale de la métrologie — la science de la mesure — dans l’évaluation des matériaux utilisés dans le secteur du bâtiment. Il a rappelé que le respect rigoureux des normes techniques et des critères de précision constitue un facteur clé de compétitivité et de durabilité pour les entreprises du BTP, en garantissant la qualité des produits mis sur le marché.
Enfin, le Pr. Larbi Loukarfi a clôturé le deuxième jour cette série avec une conférence intitulée « La transition énergétique à l’horizon 2030 », dans laquelle il a plaidé en faveur d’une réorientation stratégique des politiques énergétiques nationales. Il a insisté sur l’urgence d’accélérer le développement des énergies renouvelables et surtout l’Energie Verte, tout en intégrant davantage la recherche appliquée dans la conception de solutions adaptées aux réalités locales. Selon lui, la transition énergétique ne pourra réussir qu’à travers une collaboration étroite entre les institutions académiques, les centres de recherche et les opérateurs du secteur énergétique.
Ces trois conférences ont ainsi offert un éclairage précieux sur les grandes mutations en cours, et ont nourri des débats de fond sur les moyens d’y répondre par l’innovation et la science.
Des sessions scientifiques riches et diversifiées
Pour favoriser l’interaction entre les participants et enrichir les échanges scientifiques, le forum a proposé ses travaux sous trois formats complémentaires : des sessions orales pour les présentations classiques, des sessions posters offrant une visibilité synthétique aux recherches en cours, ainsi que des sessions en ligne, permettant à des intervenants éloignés de contribuer à distance.

Les discussions ont couvert un large éventail disciplinaire, allant des matériaux et de l’environnement à l’énergie renouvelable et au génie électrique, en passant par le génie mécanique et civil, la chimie et la céramique appliquée, ainsi que le génie métallurgique et des matériaux. Ces différentes sessions ont favorisé des échanges riches autour des avancées scientifiques récentes, des applications industrielles concrètes et des projets innovants en incubation, soulignant ainsi le rôle structurant de la recherche collaborative.
L’université en levier économique
Moment clé du deuxième jour, une table ronde intitulée « Tirer parti du rôle des universités pour des modèles commerciaux réussis : de la théorie à la pratique » a permis d’ouvrir une réflexion approfondie sur la place stratégique de l’université dans l’écosystème économique local. En réunissant experts académiques, chefs d’entreprise et acteurs de l’innovation, les échanges ont mis en évidence plusieurs enjeux majeurs : la nécessité de structurer des cadres de coopération durables entre les établissements universitaires et les acteurs économiques, de favoriser l’entrepreneuriat scientifique à travers l’émergence de startups issues de la recherche, et d’instaurer des mécanismes de co-développement pour mieux relier la recherche fondamentale aux applications industrielles concrètes. Cette table ronde a ainsi souligné l’urgence d’un dialogue renforcé entre le savoir académique et les besoins du marché.
Entre recommandations et engagements
Parmi les moments les plus appréciés du forum, la remise de récompenses aux meilleures interventions a constitué un geste symbolique fort en faveur de l’excellence académique. À l’issue des différentes sessions, quatre participants ayant proposé des communications particulièrement remarquées ont été distingués. En reconnaissance de la qualité de leurs travaux et de leur contribution scientifique, des ordinateurs portables leur ont été offerts par le centre commercial City Shop, partenaire de l’événement. Cette initiative a été saluée comme un encouragement concret à l’engagement des jeunes chercheurs et une illustration réussie de la coopération entre acteurs économiques et institutions académiques.
En conclusion des travaux, les organisateurs ont formulé une série de recommandations concrètes :
- Promouvoir la valorisation des résultats de recherche à travers la création de prototypes, de brevets et de spin-offs ;
- Instaurer des plateformes d’écoute des besoins du tissu économique local, pour orienter les axes de recherche ;
- Organiser régulièrement des rencontres scientifiques et économiques B2B ;
- Mettre en place un accompagnement des diplômés vers l’entrepreneuriat, en intégrant l’innovation dans les parcours de formation.
Une première convention annoncée
À l’issue du forum, le représentant de la société IRMA GLOBAL a annoncé l’engagement de son entreprise à signer une convention avec l’Université de Chlef, posant ainsi les premières pierres d’une coopération concrète.
Cette annonce a été saluée comme un signal fort de l’ancrage de l’université dans son territoire, et de sa volonté de devenir un acteur moteur dans la transformation économique et industrielle du pays.