En dépit des opérations reconductions aux frontières menées par les autorités locales, et ce, dans le plus strict respect des conventions internationales, il n’en demeure pas moins que les migrants subsahariens, à Ghardaïa semblent décidés à « élire domicile » dans la capitale du M’Zab.
Ainsi et même si les mômes de « Sadakka, Saddaka » ont pratiquement disparus de la circulation, les Subsahariens restent bien visibles et ce malgré tous leurs efforts pour se faire le plus discret possible et ainsi d’éviter de se faire « chopper » par les services de sécurité et de risquer de se retrouver de l’autre côté de la frontière Algérienne.
Sidi Abbaz, ou l’« ANEM » des subsahariens
En effet, au bas du quartier de Sidi Abbaz, un quartier qui fait la jonction avec quatre des plus importants K’sars de la vallée du M’zab, en l’occurrence Bounoura, Béni Izguène, Mélika et El Atteuf, c’est tous les matins les mêmes scènes d’un marché de l’emploi qui ne dit pas son nom.
À partir de cinq heures trente (5 h 30), six (6) heures, qu’il vente, qu’il pleuve ou qu’il fasse chaud, un marché de l’emploi à dominante africaine, issu majoritairement du Niger et du Mali, se forme à l’intersection du pont de Bounoura. Il représente une force de travail très appréciée pour la qualité de son labeur, mais surtout pour son endurance, son acceptation de tous les travaux ingrats et à risques, ainsi que pour sa faible rémunération.
Une dizaine de véhicules, la plupart des Toyota Hilux, s’arrêtant l’un après l’autre et provoquant, à chaque fois, une cohue indescriptible dans laquelle chacun essaie d’être le premier à se pencher vers la portière du véhicule, côté chauffeur. Après de brefs palabres, quelques-uns s’agrippent aux ridelles du véhicule qui démarre vers un lieu de travail inconnu. Le reste attend stoïquement l’arrivée d’un hypothétique employeur.
Une « concurrence » décriée par les autochtones
Cette « concurrence » à la main-d’œuvre locale est très mal perçue par les autochtones du fait que les migrants acceptent tous les boulots à des salaires deux ou trois fois moins chers. Ce qui, quelquefois, provoque des frictions, heureusement sans conséquences fâcheuses.
Par ailleurs, il nous a été rapporté que beaucoup de ces Africains se font arnaquer par quelques recruteurs sans scrupules qui, sachant que ceux-ci sont en situation irrégulière, refusent de les payer, après les avoir exploités et menacés même de les dénoncer aux autorités, ce qui dissuade tout esprit de contestation et rajoute à leur précarité.
En effet, la plupart de ces “forçats” ne possèdent aucun papier et n’ont qu’un seul et unique objectif : Celui de se faire le maximum d’argent et continuer vers le Nord avec, souvent, l’éphémère espoir d’atteindre les rivages de « l’Eldorado Européen. »

Séparer le « bon grain de l’ivraie »
D’autres, beaucoup moins visibles, travaillent pour certains dans les petites et moyennes industries, notamment au niveau des très actives et productives zones industrielles de Gar Etâam, à Ghardaïa ou celle de Guerrara, à 120 km au nord-est du chef-lieu de wilaya, alors que d’autres, beaucoup plus nombreux sont actifs dans les exploitations agricoles, notamment dans les grandes palmeraies ou carrément dans les immenses exploitations céréalières de Mansourah et de Guerrara.
Par ailleurs et même s’il est vrai que leur nombre a beaucoup diminué suite aux nombreuses reconductions aux frontières, il n’en demeure pas moins que derrière cette tranche d’immigration réellement laborieuse, se cache une autre immigration, sournoise et pernicieuse, laquelle, subrepticement, s’installe et par conséquent en est la source de divers problèmes, tels que les maladies sexuellement transmissibles, le trafic de papiers, la drogue dure et même la fausse monnaie. Nuisible, elle se doit d’être constamment surveillée, contrôlée et quand la situation l’exige, judiciairement sanctionnée.