Les spéculateurs autour des produits alimentaires en Algérie ne lâchent absolument rien et sont à l’affût de la moindre « perturbations » pour activer le mode « sangsue ». Après le lait, l’huile, la semoule, la farine, c’est autour des œufs d’en faire les frais.
Ainsi, depuis une dizaine de jours, le « plateau » d’œuf, composé d’une trentaine d’unité, s’est littéralement envolé pour atteindre des sommets. Il est passé quasiment du simple ou double, puisqu’à la mi-juillet il oscillait entre 320-340 DA. Ce vendredi 1er août 2025, il était cédé à 580 DA. Soit une augmentation de près de 90%.
Stupeur et incompréhension
En effet, cette hausse vertigineuse et surtout inexpliquée, interpelle et choque les citoyens, car début juillet, les médias ont largement diffusé l’information faisant état d’un « excédant historique » en matière de production d’œufs et que l’Algérie s’apprêtait à en exporter vers des pays du voisinage, et ce, dans le but de soutenir les producteurs. « C’est à ne rien comprendre ! D’un côté on nous dit que nous avons un surplus de production et que nous allons exporter, de l’autre, on se retrouve à acheter le plateau à presque 600DA, soit pratiquement 20DA l’unité. C’est une aberration !», s’indignera une ménagère croisée au rayon frais d’une supérette.
Il est vrai que le 25 juin dernier, la Fédération nationale des éleveurs de volailles, avait indiqué la « l’importance de relancer l’exportation des œufs de consommation comme une démarche stratégique visant à préserver l’équilibre du marché et à éviter l’abandon de l’activité par les éleveurs en raison de pertes accumulées, ce qui pourrait, à terme, affecter la disponibilité du produit et la stabilité des prix ».
Les spéculateurs imposent leur diktat
Dans le but de tenter d’expliquer cette flambée des prix des œufs, attache a été prise avec l’Association de protection et orientation du consommateur et son environnement (APOCE). Pour son Coordinateur national, M.Fadi Tamim, il s’agit bien là de l’œuvre de la « mafia de l’œuf ». « Nous avons à maintes reprises dénoncé les pratiques douteuses autour de ce produit de large consommation », a-t-il affirmé.
Pour notre interlocuteur, il est inconcevable qu’on se retrouve face à une bourse de l’œuf, où les grossistes fixent les prix au gré des spéculations. « Notre association a tiré à plusieurs reprises l’alarme quant à ce qu’il convient d’appeler une véritable mafia des œufs, et ce, tout au long de la chaîne de production, stockage et vente de ce produit de large consommation. Cela fait une vingtaine d’année que les spéculateurs se sont littéralement emparés de ce segment. », a-t-il soutenu. Et d’ajouter « Les spéculateurs autour de ce produit sont extrêmement nombreux et à tous les niveaux. Ils stockent, délivrent au compte-goutte et créent la pénurie, uniquement pour préserver et gonfler leur marge bénéficiaire », a-t-il en outre expliqué.
À défaut de stratégie viable…
Par ailleurs, notre vis-à-vis, a appelé les pouvoirs publics, notamment le ministère du Commerce intérieur, à mettre en place une « stratégique fiable et viable » afin de combattre les spéculateurs autour de ce produit d’une part, et de l’autre « réguler » le marché soit en période d’abondance ou de perturbation. « Au sein de notre association, nous avons également suggéré aux autorités concernées la mise en œuvre d’une stratégie fiable et viable, pour réguler ce produit », indiquera M. Tamim. Et d’enchaîner « Nous devons également avoir des solutions alternatives dédiée à l’exportation afin de ne pas pénaliser les petits producteurs et par ricochet le consommateur final. Nous sommes pour l’exportation et ce pour de multiples raisons objectives, toutefois cette exportation doit s’accompagner d’une stratégie étudiée, pour accompagner les producteurs, soutenir l’économie nationale et surtout préserver le pouvoir d’achat des consommateurs », a-t-il plaidé.
À titre indicatif, la production nationale a atteint 10 milliards d’œufs au premier semestre 2025, alors que les besoins du marché national, sont de l’ordre 6 à 7 milliards d’œufs par an. Ces chiffres renseignent sur l’ampleur de la spéculation manifeste autour de ce produit.