L’Office national des statistiques (ONS) a levé le voile sur les tendances de l’industrie algérienne au premier trimestre 2025, dressant un tableau contrasté entre un secteur privé en croissance et un secteur public en recul.
Ainsi, l’enquête, basée sur les opinions des chefs d’entreprises, met en lumière des dynamiques différenciées selon les filières, les contraintes structurelles et des perspectives plutôt optimistes.
Croissance dans le privé, repli dans le public
En effet, d’après l’étude intitulée « Enquête sur la situation et les perspectives dans l’industrie au premier trimestre 2025 », l’activité industrielle a poursuivi sa progression dans le secteur privé au premier trimestre, avec un taux d’utilisation des capacités de production dépassant les 75 % pour une majorité d’entreprises. À l’inverse, le secteur public a vu son activité reculer, bien que plus de 60 % des entreprises interrogées affirment utiliser plus de la moitié de leur capacité de production.
En matière d’approvisionnement, près de 70 % des entreprises publiques estiment que leur approvisionnement en matières premières est conforme à la demande exprimée. Du côté du privé, environ 24 % des répondants font état d’un approvisionnement insuffisant, ce qui a conduit à des ruptures de stock pour 5 % d’entre eux. Ces ruptures, toutefois, n’ont pas dépassé dix jours selon la majorité.
Coupures, eau et transport : des failles persistantes
Sur le plan énergétique, près de 12 % des entreprises publiques et 10 % des privées ont subi des pannes d’électricité ayant provoqué des arrêts de production, mais généralement inférieurs à six jours. L’approvisionnement en eau, quant à lui, a été jugé satisfaisant par l’ensemble des acteurs interrogés.
Concernant la logistique, les difficultés de transport ont pesé sur l’activité de 12 % des entreprises publiques et de 21 % des privées, révélant une faiblesse persistante dans l’infrastructure de soutien à la production.
Demande et effectifs : signaux positifs
La demande pour les produits fabriqués a progressé dans les deux secteurs, avec une hausse plus marquée dans le privé. Presque toutes les entreprises privées et plus de 86 % des publiques indiquent avoir satisfait l’ensemble des commandes reçues, tout en disposant encore de stocks, ce qui est considéré comme une situation normale par la majorité.
En ce qui concerne l’emploi, les effectifs ont progressé dans le secteur privé, contrairement au public où ils sont restés stables ou en baisse. Si le niveau de qualification du personnel est jugé suffisant dans les deux secteurs, 30 % des entreprises privées et 24 % des publiques reconnaissent des difficultés à recruter du personnel qualifié. Toutefois, la majorité estime qu’embaucher davantage ne permettrait pas nécessairement d’augmenter la production.
Trésorerie et crédits : fragile mais stable
Sur le plan financier, l’état de la trésorerie est considéré comme « normal » par une majorité d’entreprises, bien qu’il reste « bon » pour près de 24 % du public et plus de 11 % dans certains secteurs comme l’agroalimentaire. Cette stabilité masque néanmoins des contraintes persistantes : retards de paiement, charges d’exploitation élevées et remboursements d’emprunts continuent de peser lourdement.
Mais, malgré cela, le recours au crédit bancaire reste accessible : 22 % des entreprises privées et 9 % des publiques déclarent avoir sollicité des prêts sans rencontrer de difficultés majeures.
Équipements : vétusté et besoin d’investissement
La vétusté des équipements et leur surutilisation sont à l’origine de nombreuses pannes recensées dans tous les secteurs, bien que généralement inférieures à six jours. Les entreprises ont, dans leur majorité, réussi à remettre en service les équipements défaillants.
Environ 27 % des entreprises publiques et 39 % des privées ont profité de ces situations pour procéder à des renouvellements ou à des extensions. Un consensus fort émerge : plus de 85 % des industriels du public et 77 % du privé estiment pouvoir augmenter leur production simplement en modernisant leurs équipements, sans recourir à des embauches supplémentaires.
Prévisions : trimestre porteur à l’horizon
En ce qui concerne les perspectives pour le deuxième trimestre, elles sont d’après l’étude globalement optimiste. Les chefs d’entreprises s’attendent à une hausse de la production, de la demande et des effectifs, avec en ligne de mire une amélioration de la trésorerie.
Zoom par secteurs : entre essor et fragilité
Dans le détail, plusieurs secteurs montrent des trajectoires différenciées. L’industrie des matériaux de construction enregistre une activité en hausse, bien que 71 % des entreprises aient subi des pannes d’équipement.
L’agroalimentaire reste globalement stable, avec une demande toujours en croissance. À l’opposé, les industries mécaniques, électriques et électroniques (ISMMEE) et la chimie affichent un net recul de l’activité, associé à des tensions sur la trésorerie et les matières premières.
Les textiles et cuirs retrouvent une certaine dynamique, malgré des problèmes récurrents de maintenance. Le secteur du bois progresse également, mais fait face à un manque d’approvisionnement, provoquant des ruptures de stocks chez un quart des entreprises interrogées.
Le secteur des mines et carrières, en revanche, affiche une activité en recul, même si les perspectives pour le prochain trimestre s’annoncent stables.