Ce mercredi, à l’heure où le soleil décline sur les terres arides de M’Sila, un cri a traversé les collines de Ben Srour. Deux hommes sont tombés dans un puits traditionnel, profond de dix mètres, à Aïn Ben Aïssa.
Un accident rural comme il en existe trop souvent, mais jamais banal.Très vite, la mécanique du drame se met en place. La suite est tristement prévisible.
Les deux personnes décédées
En effet, les équipes de la Protection civile interviennent, creusent à mains nues parfois, l’urgence au bout des bras. Quelques heures plus tard, un corps est extrait. Sans vie. La première victime. Aux alentours d’une heure du matin, la nouvelle est tombée tel un couperet : la dépouille de la seconde victime est extraite sous des tonnes de terre. Bilan définitif : Deux morts.
Une tragédie de plus. Un drame de trop. Et dans le silence lourd qui entoure le site, un nom revient, comme une blessure jamais refermée : Ayache.
Un drame qui ravive les souvenirs douloureux de l’affaire Ayache
Tout le monde se souvient de lui. Ayache Mahjoubi, ce jeune homme tombé dans un puits artésien à M’Sila, en 2018. Coincé à plus de 30 mètres de profondeur, il avait tenu plusieurs jours, sa voix tremblante captée par un téléphone, ses appels à l’aide relayés par toute une nation. Une Algérie suspendue au moindre progrès des secours, une mère en larmes, un pays en colère. Mais au bout, la terre avait gardé Ayache. Et laissé à tous un goût amer d’impuissance.
Aujourd’hui, les circonstances sont différentes, certes. Mais le sentiment est le même. Un ouvrier enseveli, un autre introuvable, et des équipes qui creusent dans l’urgence. Le même souffle court, la même tension, la même course contre le temps.
Les pompiers, ces infatigables héros…
Et pourtant, dans ce chaos maîtrisé, dans cette peur contenue, les équipes, épuisées, continuent de fouiller, sans relâche, sans pause, sans répit. C’est là que réside toute la noblesse de ces hommes. Dans cette détermination acharnée, presque silencieuse, à ne jamais abandonner. À rester humains, même face à l’inhumain.
Car s’il est vrai que l’Algérie porte encore des blessures ouvertes — et que chaque drame, comme celui d’aujourd’hui, ravive le souvenir d’un autre, celui d’Ayache — il faut aussi rappeler qu’à chaque fois, face à ces tragédies, se dresse un corps : celui de la Protection civile.
Ils sont là. Toujours. Sans bruit, sans gloire inutile. Ce sont eux qui descendent là où plus personne n’ose. Eux qui veillent dans l’ombre des catastrophes. Eux qui, aujourd’hui encore, à M’Sila, ont tenté de toutes leurs forces et même au-delà de sauver ce qui pouvait l’être — et d’honorer ce qui ne peut plus l’être.