En dépit des multiples appels et autres directives des pouvoirs publics visant à éliminer la bureaucratie au niveau des institutions de l’État, ce mal continue de proliférer.
Le secteur des importations, notamment des véhicules est littéralement gâté par les blocages dus à cette bureaucratie ambiante. Des centaines de véhicules importés s’entassent actuellement dans les ports algériens, en attente de livraison.
Ainsi, les citoyens, nombreux à avoir fait appel à l’importation de voitures neuves ou âgées de moins de trois ans, se heurtent à une série d’obstacles administratifs qui retardent considérablement la récupération de leurs biens.
Le calvaire du contrôle technique…
En effet et dans ce contexte, les députés Abdelkader Berriche et Rabah Belkhiri ont adressé deux correspondances officielles au gouvernement, tirant la sonnette d’alarme face à une situation jugée « intenable » pour de nombreux citoyens. C’est en tout cas ce que révèle l’Association de protection et orientation de consommateurs (APOCE), présidée par M.Mustapha Zebdi.
Ainsi, le principal goulot d’étranglement identifié concerne le contrôle technique des véhicules, étape obligatoire avant toute délivrance de carte grise. À Alger, seul le centre de contrôle de Kharouba est habilité à effectuer ces vérifications pour toute la capitale. Ce centre reçoit quotidiennement plus de 2000 véhicules, alors que sa capacité maximale ne dépasse pas 100 véhicules par jour. Résultat : les files d’attente s’allongent devant les locaux, parfois dès l’aube, et les automobilistes doivent patienter jusqu’à dix jours avant de pouvoir finaliser leurs démarches.
Détresse psychologique et coût financier
Outre les délais excessifs, les citoyens dénoncent les conséquences financières qui en découlent. En cas de dépassement de dix jours dans les procédures, des pénalités financières leur sont imposées, bien que les causes du retard soient indépendantes de leur volonté. Cette situation engendre un stress important, mais aussi une charge financière supplémentaire, vécue comme une double peine.
Des pratiques opportunistes dénoncées
La saturation du système a également ouvert la voie à certaines pratiques abusives. Des témoignages évoquent des tentatives d’exploitation de la situation par des individus ou des intermédiaires peu scrupuleux, profitant du désarroi des citoyens pour proposer des « raccourcis » en échange de contreparties financières.
Le manque de personnel qualifié, notamment d’experts des mines habilités à effectuer les vérifications, aggrave la situation. Ces derniers sont aujourd’hui en nombre insuffisant pour répondre à la demande croissante.
Des procédures plus complexes
Autre facteur aggravant : l’évolution des procédures administratives. Contrairement aux années précédentes, où l’automobiliste pouvait récupérer son véhicule dès son déchargement du navire avant de régulariser sa situation, il est désormais contraint de compléter l’ensemble des démarches en amont. Un changement qui, selon les deux parlementaires, contribue fortement à la congestion actuelle.
Des conséquences néfastes à plusieurs niveaux
La situation actuelle a des répercussions multiples : Perte de confiance des citoyens envers les institutions administratives, perturbation du marché de l’automobile, avec des spéculations opportunistes, mais également fatigue psychologique et frustration, notamment chez les familles ayant investi des sommes importantes dans l’achat de leur véhicule.
Appel à des mesures urgentes et concrètes
Face à cette crise, les députés Berriche et Belkhiri formulent une série de recommandations précises au gouvernement :
- Accélérer les procédures douanières et simplifier les démarches administratives.
- Multiplier les centres de contrôle technique sur le territoire national, notamment dans les grandes villes.
- Renforcer les effectifs techniques, en particulier les experts des mines.
- Allonger les horaires d’ouverture des centres jusqu’à 19h pour augmenter la capacité de traitement.
- Suspendre ou adapter les pénalités financières, dans les cas où les retards ne relèvent pas de la responsabilité du citoyen.
- Revenir à des procédures plus souples, en vigueur avant les récentes modifications.
- Garantir une transparence et une équité administrative, afin de restaurer la confiance des usagers.
Une question de justice et de stabilité
Pour les parlementaires, une intervention rapide des autorités est indispensable pour soulager les citoyens, préserver la stabilité du marché automobile et éviter un enlisement administratif aux conséquences économiques et sociales graves. Ainsi, la balle est désormais dans le camp du gouvernement, appelé à réagir avec diligence et efficacité à une situation devenue emblématique des dysfonctionnements bureaucratiques dont souffrent encore de nombreux secteurs en Algérie.