À Ghardaïa, les mariages collectifs, sont une tradition ancrée dans les mœurs et la culture locale.
La commune de Metlili, à 45 kilomètres au sud du chef-lieu de la wilaya, est réputée pour ses mariages collectifs qui rassemblement des milliers de convives.
Ainsi, ce vendredi 5 septembre 2025, ils étaient plus de 20 000 convives, installés sur des centaines nattes étalées dans le lit de l’oued de Guemgouma, un quartier populeux et populaire de Metlili, à l’occasion de la cérémonie de mariage de 53 jeunes hommes, qui ont définitivement abandonné le célibat, convolant en justes noces.
Des invités de marque présents
En effet, il y avait du beau monde parmi les convives, dont les plus remarqués ont été, incontestablement, les deux walis de Ghardaïa et d’El Menéa, en l’occurrence Abdellah Abi Nouar et Mokhtar Benmalek accompagnés de plusieurs membres de leurs exécutifs respectifs et l’invité d’honneur pour la circonstance, le docteur en sciences islamiques Cheikh Billal Djaâfar, enseignant à l’université islamique « Émir Abdelkader » de Constantine, ancien journaliste de son état, qui s’est chargé de l’animation théologique de la soirée .

Assis en tailleur, en compagnie du très populaire imam de Metlili et élève du défunt Cheikh Belekbir, l’imam Remma et ce au beau milieu d’une très longue estrade sur laquelle devaient être « exposés » les futurs mariés, faisant face aux milliers de convives, Cheikh Billal Djaâfar, habillé tout en blanc d’une Abaya (gandoura) et d’un chèche, habits traditionnels des Châambas, n’a pas été avare en anecdotes, dont lui seul en possède le secret. Il a beaucoup appelé à la fraternité entre tous les enfants de ce grand pays et appelé les jeunes à respecter les coutumes et traditions qui vont dans le sens du respect de notre noble religion.
Une cohésion inter- communautaire
L’autre belle surprise est la présence massive de Mozabites, à leur tête Slimane Hadj Said, le président de l’APW de Ghardaïa ainsi que des sénateurs, des députés, des élus APW et APC, des directeurs d’entreprises, des notables, des Aâyanes et des représentants d’associations et de la société civile de la communauté Ibadite de toute la vallée du M’zab et des Ksars de Berriane et de Guerrara.
Ils étaient reconnaissables de loin avec leurs belles tenues traditionnelles, abayas blanches et sarouals, coiffés de chéchias blanches immaculées. C’était très beau, ce superbe panorama de chéchias et chèches ensembles à Metlili, le berceau des Châambas. Quelle belle leçon de fraternité et de convivialité administrée à la face de tous les oiseaux de mauvais augure, par cette superbe mosaïque culturelle et cultuelle des enfants d’un même peuple, d’un même pays, l’Algérie.
Des convives venus des quatre coins du pays
Nous n’omettrons certainement pas de signaler que parmi les convives, des centaines sont aussi venus de lointaines régions dont Adrar, El Bayadh, Laghouat, Djelfa, Tlemcen, pour assister à cette cérémonie au cours de laquelle cinq (5) filles, représentées par leurs paternels et vingt-sept (27) jeunes qui ont conclu et appris intégralement le Coran ont été honorés et récompensés par des cadeaux.

Entièrement financée par des bienfaiteurs et organisée dans un climat festif par l’association caritative et religieuse locale « Cheikh Sidi Mohamed Belkbir », un vénéré saint dont la zaouïa à Adrar a rayonné depuis de longues années jusqu’aux confins des pays sahéliens et coïncidant avec le vingt cinquième (25ème) anniversaire de son décès (le 15 septembre 2000), la cérémonie de mariage collectif s’est déroulée dans la pure tradition ancestrale de la région.
L’habillage du marié, tout un cérémonial
Après le rituel dîner du mariage « couscous garni de viande de chamelon », la tradition ancestrale de la région veut que les futurs mariés accompagnés de leurs vizirs (aide camps) et munis d’effets vestimentaires de circonstance, s’installent devant les invités sur une estrade aménagée pour la circonstance pour l’ultime cérémonie d’habillage du nouveau marié.
Chaque nouveau marié est habillé, par un vizir choisi au préalable par sa famille, devant l’assistance qui fredonne des chants religieux ainsi que des louanges et panégyriques à Allah et le Prophète Mohamed (QSSL).
Une cérémonie d’habillage similaire, réservée exclusivement aux femmes, est également organisée parallèlement chez les futures épouses. Des prêches portant sur les vertus du mariage dans la consécration des valeurs de stabilité et de la solidarité sociale ainsi que le rôle du couple dans la consolidation de la société musulmane sont prononcés durant la cérémonie de mariage par des imams.
Encourager les jeunes à franchir le pas
À la fin de la cérémonie, les mariés, parés de leurs superbes tenues traditionnelles, sont alors chacun déposés au seuil de sa porte par ses amis, rejoignant ainsi sa Dulcinée pour une nouvelle vie de couple, alors que la foule se disperse dans une joyeuse cacophonie nocturne.
Selon l’un des organisateurs de cette cérémonie, « il faut du temps et de la patience pour réussir de telles cérémonies. En effet, les préparatifs prennent plusieurs semaines, si ce n’est des mois pour, d’une part assurer toute l’intendance et d’autre part préparer les jeunes mariés à leur nouvelle vie conjugale. ».
Sur la portée de ce genre de cérémonies, il précise, « cet événement constitue une occasion pour promouvoir et enraciner les valeurs de solidarité et de cohésion sociale au sein de notre société ». D’ailleurs, ajoute-t-il « l’objectif escompté à travers ce type d’évènement est d’encourager et d’aider les jeunes en situation précaire à sauter le pas en fondant un foyer ».
