La Chambre de commerce et d’industrie algéro-française (CCIAF) tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme!
Ainsi, dans une conjoncture marquée par la persistance du blocage politique et diplomatique entre Alger et Paris, son président, Michel Bisac, exprime ses inquiétudes quant aux répercussions de cette crise sur les intérêts économiques français en Algérie.
Une crise aux conséquences désastreuses pour la France
En effet, dans l’éditorial de la dernière lettre d’information de la CCIAF, Bisac a mis en garde contre « l’état de gel » qui paralyse les relations bilatérales, redoutant que des acteurs tiers – notamment la Chine et les États-Unis – ne profitent de ce vide pour renforcer leur présence économique en Algérie au détriment des entreprises françaises. « Il revient à notre Chambre d’être la voix du calme et du pragmatisme économique, afin d’avancer malgré les turbulences », écrit-il, en appelant à un retour à la stabilité diplomatique.
Pour rappel, depuis l’éclatement de la crise, les entreprises françaises enregistrent un recul notable de leurs positions en Algérie. Cette décision, prise malgré les mises en garde du président Abdelmadjid Tebboune adressées à Emmanuel Macron, a provoqué une rupture sans précédent dans la relation bilatérale.
La fermeture prolongée du site Renault de Oued Tlélat, près d’Oran, illustre bien les difficultés rencontrées. Les autorités algériennes ont récemment opposé un refus aux nouvelles demandes du constructeur automobile français, empêchant ainsi toute relance du projet gelé depuis plus de cinq ans. « La dégradation continue des relations politiques et diplomatiques pèse lourdement sur la coopération économique, les investissements et le développement des grandes entreprises françaises en Algérie », a reconnu Bisac.
Pékin et Washington en « embuscade »
Si les entreprises françaises occupent encore des positions stratégiques dans plusieurs secteurs, la concurrence s’intensifie.
Michel Bisac a rappelé que Pékin et Washington pourraient tirer avantage du recul français, bien que la présence américaine reste concentrée sur le secteur énergétique. La Chine, en revanche, multiplie ses percées dans l’industrie, les infrastructures et la technologie, profitant du climat de tension entre Alger et Paris.
Face à ce contexte, le président de la CCIAF insiste sur la mission de sa structure : « Nos Chambres de commerce et d’industrie sont des entités bilatérales qui rassemblent des chefs d’entreprise français et algériens, animés par un même engagement en faveur de l’entrepreneuriat et de la création de valeur au bénéfice des deux pays». Cependant, il reconnaît que certains investisseurs français n’ont pas été à la hauteur des attentes, privilégiant uniquement les secteurs les plus rentables, tels que la banque et les services.
La « diplomatie économique » en première ligne
L’absence de représentation diplomatique à haut niveau – après le départ du dernier ambassadeur de France à Alger, Stéphane Romatet, en avril 2025 – a renforcé le rôle de la Chambre de commerce comme interface économique.
Sous l’impulsion de Michel Bisac, elle multiplie les initiatives de sensibilisation et appelle régulièrement à un apaisement des tensions, soulignant que « ce qui unit l’Algérie et la France est bien plus fort que ce qui les divise ». Selon lui, les liens historiques, géographiques et culturels devraient pousser les deux capitales à renouer le dialogue. « Notre Chambre travaille humblement à mobiliser et à soutenir les bonnes volontés des deux rives de la Méditerranée, en encourageant la compréhension des enjeux économiques et le soutien aux initiatives positives », a-t-il affirmé.
Des élus français partagent l’alerte
La gravité de la situation a aussi été relevée par certains responsables politiques français. Les parlementaires Arziki Mellouli et Sabrina Sebaihi, en visite à Alger début août, ont rencontré Michel Bisac ainsi que des acteurs économiques et consulaires. Ils ont à leur tour mis en garde contre l’impact des erreurs de calcul de Paris sur l’avenir des entreprises françaises en Algérie, insistant sur l’urgence d’une désescalade diplomatique.
En attendant une éventuelle reprise du dialogue au sommet, la Chambre de commerce algéro-française tente de maintenir le fil du pragmatisme économique. Mais son président le reconnaît lui-même : la crise est profonde, et sans solution politique, le terrain économique restera fragilisé.
