L’Ordre des avocats d’Alger, veut mettre de l’«ordre» dans ses rangs et limiter l’intervention dans les médias aux avocats. Une décision qui va faire jaser!
Face à la multiplication des interventions médiatiques de certains avocats, souvent en dehors de leur cadre de compétence et sur des sujets éminemment politiques ou sociétaux, l’Ordre des avocats d’Alger a décidé de réagir fermement.
Ainsi, dans une note officielle publiée ce dimanche, le bâtonnier Maître Mohamed Baghdadi rappelle à l’ordre les membres de la profession et impose de nouvelles règles strictes concernant toute prise de parole publique, dans les médias ou apparition sur les réseaux sociaux
Un rappel à l’ordre motivé par des dérapages répétés
En effet, dans ce document de deux pages daté du 28 septembre 2025, l’Ordre se dit préoccupé par « le recours répété et croissant à des interventions publiques qui s’éloignent des fondements déontologiques de la profession ».
Il est notamment reproché à certains avocats leur intervention dans des débats diffusés sur des chaînes télévisées ou via les réseaux sociaux, en abordant des sujets hors de leur champ juridique, et en s’exprimant avec une posture perçue comme politique ou partisane.
L’Ordre considère que cette intervention nuit à l’image de la profession et peuvent même constituer des abus de fonction, transformant la robe noire en outil d’influence personnelle ou idéologique.
Des conditions désormais obligatoires pour toute apparition publique
Face à ce constat, l’Ordre annonce une série de mesures immédiates. Il s’agit de l’obligation d’autorisation préalable écrite du bâtonnier pour toute apparition médiatique, quelle qu’en soit la forme (radio, télévision, presse écrite, plateformes numériques, etc.), l’interdiction de dispenser des consultations juridiques via les médias ou les réseaux sociaux, et l’interdiction stricte de commenter publiquement des affaires en cours ou d’aborder des sujets de société sous un angle juridique sans cadre officiel.
L’Ordre insiste également sur le respect total du cadre légal d’exercice de la profession, et appelle à éviter toute confusion entre opinions personnelles et prises de position professionnelles, qui pourraient être interprétées comme des manquements à l’éthique.
Des sanctions en cas de non-respect
Le Conseil de l’Ordre prévient que tout manquement à ces nouvelles directives pourra entraîner des sanctions disciplinaires, conformément à l’article 12 de la loi régissant la profession, notamment en cas de récidive ou de « pratiques commerciales » contraires à la dignité de la fonction d’avocat, ainsi que de l’article 98 du règlement intérieur.
Une décision qui soulève des questions
Si cette note vise officiellement à préserver l’éthique et la neutralité des avocats, elle suscite déjà des interrogations dans le milieu juridique et médiatique. Peut-on réellement restreindre ainsi la liberté d’expression des avocats, qui sont aussi des citoyens ? Est-ce légal d’imposer une autorisation préalable à toute prise de parole ? Et surtout, comment définir les limites entre expression professionnelle et opinion personnelle ?
Dans un contexte où les débats publics sont de plus en plus vifs et où les professionnels du droit sont souvent sollicités pour éclairer l’opinion, l’équilibre entre liberté d’expression et devoir de réserve s’annonce plus délicat que jamais.

