La nouvelle a fait l’effet d’une douche froide pour les consommateurs algériens : Fiat Algérie a discrètement procédé à une augmentation des prix de ses véhicules produits localement, et ce, sans aucun communiqué officiel ni préavis.
Ainsi, l’information, relayée notamment par Mustapha Zebdi, président de l’Association algérienne de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement (APOCE), soulève de sérieuses interrogations quant au respect des engagements de la marque et aux directives nationales visant la nouvelle industrie automobile.
Des hausses de prix “subites et non justifiées”
En effet, les visuels comparatifs partagés par l’APOCE sont sans appel, affichant clairement les anciens prix barrés et les nouveaux tarifs pour trois modèles phares de Fiat produits en Algérie :
● Fiat Doblo Van restylée MIB 1.6 HDI 90CH : passe de 2.890.000 DZD (289 millions de centimes) à 3.199.000 DZD (319,9 millions de centimes).
● Fiat Doblo Panorama Club 1.6 VTI 115ch : passe de 3.749.000 DZD (374,9 millions de centimes) à 3.999.000 DZD (399,9 millions de centimes).
● Fiat Doblo Panorama Cult 1.6 VTI 115ch : passe de 3.349.000 DZD (334,9 millions de centimes) à 3.599.000 DZD (359,9 millions de centimes).
Ces augmentations, intervenues sans la moindre explication publique de la part du constructeur, contredisent de front la logique économique et les attentes du marché.

Un contre-pied aux orientations du Président Tebboune ?
Cette décision intervient alors même que le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a maintes fois insisté sur la nécessité d’une production automobile réelle, basée sur un taux d’intégration élevé et l’utilisation de composants locaux.
L’objectif clairement affiché par l’État est de rompre avec les pratiques passées qu’il a qualifiées de « sales », et de garantir aux citoyens des prix justes, des services après-vente fiables et une protection contre les abus.
L’une des principales promesses de l’intégration locale est précisément la réduction des coûts de production, qui devrait logiquement se traduire par une baisse des prix pour le consommateur final.
Les « privilèges » du monopole de Fiat
Le commentaire de Mustapha Zebdi de l’APOCE résume l’incompréhension générale : « Normalement, plus le taux d’intégration locale augmente, plus le coût du véhicule diminue ». Il pose ensuite une question fondamentale : « Qui fixe les prix et qui les contrôle dans un marché où la concurrence est inexistante ? »
L’inquiétude majeure de l’Association de protection du consommateur réside dans le contexte actuel. Avec une concurrence encore très faible ou inexistante, le marché algérien est particulièrement vulnérable aux pratiques de fixation de prix unilatérales. L’absence de justification de la part de Fiat pour ces hausses, malgré les efforts et les facilitations de l’État pour l’implantation de la marque, est perçue comme un potentiel abus de position dominante.
Le consommateur algérien, déjà confronté à une longue période de pénurie de véhicules neufs, se retrouve pris en otage par des ajustements de prix opaques, venant ternir l’image de la nouvelle politique industrielle voulue par le Président. Les autorités de régulation et de contrôle des prix sont désormais interpellées pour faire la lumière sur cette situation et garantir la protection des intérêts des citoyens.
Fiat 500 : Fin d’un flop commercial
À ces hausses de prix s’ajoute une annonce qui était attendue concernant le modèle emblématique de la marque. Ainsi, Fiat a confirmé l’arrêt de la production de la Fiat 500 et a proposé aux clients ayant déjà passé commande de ce véhicule de « basculer » leur réservation vers un nouveau modèle : la Grande Panda. Il est vrai que la Fiat 500, surnommé le « pot de yaourt », par rapport à son design atypique, n’a été pas un franc succès. Les Algériens peu habitués à des véhicules deux portes et extrêmement petites, ont pour ainsi dire boudé ce véhicule.
Quand Fiat « force la main » de ses clients !
Selon le communiqué du constructeur, «Les engagements envers les clients [seront] respectés, » assurant que « toutes les commandes de la 500 déjà enregistrées seront livrées dans les délais convenus. »
Cependant, la suite de la déclaration sème le trouble : » les personnes ayant réservé une Fiat 500 seront directement contactées afin de se voir proposer de basculer leur commande vers la nouvelle Grande Panda, fer de lance de la nouvelle ère de Fiat en Algérie».
Cette manœuvre, qui force potentiellement des clients à accepter un modèle différent de celui commandé initialement, renforce le sentiment d’imprévisibilité et de manque de considération pour le consommateur algérien.