En dépit des assurances du nouveau ministre du Travail et de la Sécurité sociale, M.Abdelhak Saïhi, concernant l’exercice syndical et les libertés syndicales en Algérie, il n’en demeure pas moins que certains syndicats ne sont pas de cet avis.
Ainsi, réunie en session ordinaire le 2 octobre, la Confédération des Syndicats Algériens (CSA), laquelle regroupe une douzaine de partenaires sociaux, a publié un communiqué dans lequel elle dresse un état des lieux préoccupant du climat syndical et social du pays.
Des « atteintes persistantes » constatées
En effet, tout en réaffirmant son «attachement» au dialogue et à la concertation, la CSA dénonce les «atteintes persistantes» aux libertés syndicales et appelle à des réformes urgentes pour restaurer la confiance entre les acteurs sociaux.
D’emblée, cette Confédération met l’accent sur la «nécessité» de garantir la liberté d’action et d’organisation syndicale, droit fondamental consacré par la Constitution et par les conventions internationales ratifiées par l’Algérie.
La CSA condamne avec vigueur les «pratiques de répression» et les mesures disciplinaires infligées à des représentants syndicaux dans plusieurs secteurs. Elle interpelle directement le Président de la République afin qu’il mette fin aux suspensions arbitraires et aux décisions de justice jugées infondées, qui compromettent, selon elle, la stabilité du dialogue social. « Les droits syndicaux ne peuvent s’exercer dans un climat de peur ou de sanction », avertit la Confédération, rappelant que la démocratie sociale repose avant tout sur la liberté d’expression et la protection du représentant des travailleurs.
Pour un dialogue social réel et inclusif
En outre, la CSA insiste sur la « relance urgente » d’un dialogue social tripartite — réunissant gouvernement, employeurs et syndicats représentatifs — afin de traiter de manière concertée les grands dossiers socio-économiques du moment. Selon la Confédération, cette approche est indispensable pour apaiser les tensions, restaurer la confiance et garantir la cohérence des politiques publiques en matière d’emploi, de salaires et de conditions de travail. Elle appelle également à institutionnaliser ce dialogue dans un cadre régulier, transparent et ouvert à toutes les sensibilités syndicales.
Droit syndical et cadre législatif : la CSA plaide pour une révision profonde
Sur le plan juridique, la CSA réclame l’accélération de la révision des lois 23-02 et 08-23, relatives respectivement à l’exercice du droit syndical et à la gestion des conflits collectifs de travail.
Elle estime que ces textes, dans leur version actuelle, restreignent la liberté syndicale et affaiblissent la capacité de négociation des représentants des travailleurs.
En parallèle, la Confédération plaide pour une refonte du système de rémunération et une révision des grilles salariales, afin de préserver le pouvoir d’achat mis à rude épreuve par la hausse continue des prix.
Pour la CSA, il est urgent de revoir les mécanismes d’indemnisation dans la fonction publique et d’ouvrir la voie à une revalorisation juste et équitable des salaires.
Réformes et restructuration de la fonction publique : un chantier prioritaire
La CSA appelle les autorités à engager sans délai une réforme en profondeur de la fonction publique.
Cette réforme, souligne-t-elle, doit s’articuler autour d’une réorganisation administrative, d’une meilleure gestion des ressources humaines et d’une valorisation du mérite et de la compétence. L’objectif, selon la Confédération, est clair : améliorer les conditions de travail, renforcer l’efficacité du service public et offrir aux citoyens un niveau de prestation conforme aux exigences d’un État moderne.
L’unité syndicale comme moteur de la justice sociale
En conclusion, la Confédération des Syndicats Algériens se dit confiante dans les signaux de changement émanant du gouvernement, tout en restant prudente.
Elle rappelle que seule l’unité des travailleurs et la solidarité syndicale permettront de consolider les acquis obtenus au fil des années. « Les luttes syndicales ne se gagnent ni par la division ni par la résignation, mais par la constance, la solidarité et le dialogue », souligne la CSA, réaffirmant sa détermination à défendre les droits, la dignité et les intérêts des travailleurs.

