La veille du « séisme » provoqué par l’éviction de M. Rachid Hachichi, à la tête de Sonatrach et son remplacement par M. Noureddine Daoudi, le ministre d’État, ministre des Hydrocarbures et des Mines, Mohamed Arkab, a présenté ce samedi un exposé détaillé devant la Commission des finances et du budget de l’Assemblée populaire nationale, dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances pour l’année 2026.
Ainsi, le ministre a souligné que la discussion sur le budget intervient dans un contexte international marqué par des fluctuations économiques et géopolitiques ayant affecté les marchés de l’énergie. Le prix moyen du pétrole brut algérien a ainsi chuté de 15 %, pour s’établir à 71 dollars le baril au cours des neuf premiers mois de 2025, contre 84 dollars sur la même période en 2024, tandis que les prix du gaz ont reculé de 1,1 %.
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Malgré ces défis, Mohamed Arkab a mis en avant les résultats positifs du secteur, grâce aux efforts soutenus dans les domaines de l’exploration et de la production. Sonatrach a réalisé, au cours des huit premiers mois de 2025, 7 824 km de levés sismiques bidimensionnels et 7 768 km² de levés tridimensionnels, en plus de 466 000 mètres de travaux de forage exploratoire et de développement, conduisant à 13 nouvelles découvertes d’hydrocarbures.
31 milliards de dollars d’exportations et de grands projets pour 2026
La production commerciale de l’énergie a atteint 128 millions de tonnes équivalent pétrole jusqu’à fin septembre 2025, générant des recettes d’exportation de 31 milliards de dollars et une perception fiscale estimée à 2 834 milliards de dinars algériens, soit 82 % des prévisions inscrites dans la loi de finances 2025.
Le ministre des hydrocarbures a également indiqué que la consommation locale de produits pétroliers continue d’augmenter, avoisinant 15 millions de tonnes, en raison d’une demande accrue en diesel, essence et GPL.
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Dans le secteur minier, la production a progressé pour les matières ferreuses et non ferreuses telles que le fer, le carbonate de calcium, le barytine, la dolomie et le feldspath, grâce à la mise en service de nouvelles usines à Constantine, Mascara, Annaba et Tlemcen. Cette dynamique a permis de couvrir le marché local et d’exporter environ 900 000 tonnes de phosphate pour une valeur dépassant 80 millions de dollars au cours du premier semestre 2025. Les investissements dans le secteur ont atteint près de 5 milliards de dollars sur les neuf premiers mois, tandis que l’emploi a progressé de 9 000 postes directs, portant le nombre total de travailleurs à 200 000.
Les hydrocarbures boostent l’économie nationale
Pour 2026, Mohamed Arkab prévoit une hausse de 2 % de la production initiale commerciale d’hydrocarbures, qui devrait atteindre 193 millions de tonnes équivalent pétrole, soutenue par l’augmentation de la production de pétrole brut et de gaz.
Le développement de l’industrie pétrochimique et du raffinage se poursuivra, avec la construction de la nouvelle raffinerie de Hassi Messaoud (5 millions de tonnes/an), ainsi que d’autres projets, notamment une unité de craquage de fuel à Skikda et la conversion de naphta à Arzew pour la production de carburants.
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Dans le domaine de la pétrochimie, plusieurs complexes destinés à la production de polypropylène et d’alkylbenzène linéaire devraient voir le jour, avec une capacité augmentée d’environ 40 %. Le ministre a également mis en avant la dynamique d’investissement, avec la signature de cinq nouveaux contrats d’hydrocarbures dans le cadre du « Round Bid 2025 Algeria » et trois contrats en production-partage avec des partenaires internationaux (ENI d’Italie, SINOPEC de Chine, Aramco d’Arabie Saoudite), représentant plus de 7 milliards de dollars d’investissements, témoignant de l’attractivité du nouveau cadre juridique (loi 13-19) et de la confiance des investisseurs étrangers.
Les mines, une ressource d’avenir
Dans le secteur minier, la mise en œuvre de grands projets structurants se poursuit, dont le projet Gara Djebilet pour le fer (capacité 4 millions de tonnes/an), le projet zinc-plomb de Oued Amizour–Tala Hamza à Béjaïa et le projet intégré de phosphate à Tébessa et Souk Ahras, qui permettra d’extraire 10,5 millions de tonnes de phosphate brut par an pour produire 6,6 millions de tonnes d’engrais et d’urée dès 2027. Le programme national de recherche et d’exploration minière comprend 26 projets dans 17 wilayas, avec un budget de 1,7 milliard de dinars pour 2026 destiné à finaliser les projets en cours.
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Sur le plan environnemental, le ministre a réaffirmé l’engagement de l’Algérie à réduire les émissions de méthane à moins de 1 % d’ici 2030, et à investir plus d’un milliard de dollars dans des projets de reforestation et de stockage du carbone sur 520 000 hectares, dans le cadre des efforts de développement durable. Une étude est également en cours pour le développement de carburants durables pour l’aviation (SAF) selon les standards internationaux.
Fiscalité pétrolière : Le Jackpot !
Concernant la sécurité hydrique, le secteur contribue à l’exploitation de 19 stations de dessalement, d’une capacité totale de plus de 3,8 millions de m³/jour, couvrant 42 % de la demande nationale en eau potable, avec le lancement de trois nouvelles stations à Chlef, Mostaganem et Tlemcen (capacité de 900 000 m³/jour), visant à couvrir 60 % des besoins nationaux d’ici 2030.
En matière de modernisation administrative et de digitalisation, le ministre a évoqué le développement de plateformes numériques comme « DZ Permis » et « Mon Complexe » pour les citoyens et investisseurs, tout en renforçant la cybersécurité en collaboration avec le ministère de la Défense nationale pour protéger les systèmes d’information et industriels.
Enfin, Mohamed Arkab a annoncé que le projet de loi de finances pour 2026 prévoit une perception fiscale pétrolière estimée à 2 698 milliards de dinars sur la base d’un prix de référence de 60 dollars le baril, avec un budget sectoriel total de 129 milliards de dinars, principalement destiné au soutien des projets de dessalement, de mines et de recherche minière, réparti comme suit :
- 62,8 milliards de dinars pour le projet de raccordement de Gara Djebilet à l’électricité et au gaz
- 63,2 milliards pour le programme de dessalement de l’eau de mer
- 1,7 milliard pour le programme de recherche minière
- 1,08 milliard pour la gestion de l’administration générale du secteur
Le ministre a conclu en affirmant que ces indicateurs positifs reflètent la stratégie de l’État visant à renforcer la sécurité énergétique et hydrique, diversifier l’économie nationale et valoriser les ressources naturelles dans le cadre d’un développement durable et inclusif.
