1995-2025. Trente ans après la dernière édition du festival du Mehri à Ghardaïa, cet événement ancestral revient à l’occasion du 71e anniversaire du déclenchement de la glorieuse révolution du 1er Novembre 1954.
Ainsi, l’évènement étant important et historique pour la région, particulièrement pour la ville de Metlili, berceau de la grande tribu des Châambas, à 45 km au sud du chef-lieu de wilaya, c’est en présence du wali de Ghardaïa, Abdellah Abi Nouar, accompagné des autorités civiles et sécuritaires de la wilaya de Ghardaïa, de notables et d’élus de la région aux deux chambres du parlement, que les festivités ont débuté ce jeudi 30 2025.
Une «résurrection» saluée
En effet et selon un des organisateurs de cette impressionnante rencontre de dizaines de chevaux barbe « le dernier festival du Mehri a eu lieu en 1995. Depuis cette année, plus aucun festival, ni fête, ni salon du Mehri n’a été organisé à Metlili. C’était l’époque de la décennie noire, le pays était à feu et à sang et il n’était plus question de fête mais de survie», a-t-il raconté. Et d’ajouter « 24 ans après sa première édition en 1971, la fête du Mehri de Metlili, pour des considérations sécuritaires puis des raisons sanitaires (Covid), a cessé de se produire. Aujourd’hui, 30 ans après, la voilà qui renaît de nouveau grâce à la perspicacité et la persévérance des enfants de Metlili et du soutien des autorités, notamment le wali dont nous tenons à remercier chaleureusement».
Une kermesse populaire !
Et comme la nouvelle de la reprise de ce grandiose événement a fait grand bruit dans toute la région et au-delà, une immense foule , composée de citoyens , de familles entières et de quelques touristes nationaux et étrangers de passage , s’est formée dès l’après-midi du jeudi sur les deux côtés des berges de l’Oued Metlili, dont le lit asséché a servi de parcours et de piste de courses au chevaux et aux dromadaires et à leurs cavaliers qui se sont donnés compter , tout à leur saoul à la grande joie de l’assistance.
Dans une ambiance des grands jours et devant des milliers de spectateurs, dont certains venus spécialement de contrées éloignées pour assister à cette fantastique journée d’exhibition, le spectacle était époustouflant tant par l’impeccable organisation que par les évolutions synchronisées des cavaliers et méharistes.
Spectaculaires, elles sont accompagnées de détonations de baroud, exécutées par des cavaliers en superbes tenues traditionnelles qui font tournoyer leur fusil en plein galop avant de le décharger, créant une harmonie parfaite entre le cavalier et sa monture.








Un devoir sacré de sauvegarde
Étroitement liée à la vie sociale et culturelle de la région de Metlili, berceau de la grande tribu des Châambas, la fête du Mehri constitue un élément authentique du patrimoine culturel populaire dont les racines remontent à des siècles.
« Dans la mémoire populaire et en tant que tradition millénaire, elle est indéniablement considérée comme une partie intégrante de notre histoire et de notre culture. Elle symbolise l’héroïsme et le courage de l’homme qui à travers ses montures démontre qu’il reste viscéralement attaché à sa terre et à son identité » affirme un des organisateurs de cette manifestation culturelle qui ajoute « pour toutes ces raisons historiques, nous avons le devoir d’assurer sa transmission aux générations futures ».
Considérée par la population comme l’une des célébrations les plus importantes de l’héritage culturel et de l’identité nationale algérienne, elle se déroule généralement sur un terrain linéaire de plusieurs centaines de mètres.
Des subventions indispensables à sa pérennité
Orchestrée soit en groupes de plusieurs cavaliers soit individuellement, son objectif premier est de mettre en valeur l’adresse, la vitesse, le tir au fusil, les costumes traditionnels, ainsi que la beauté des courbes des superbes chevaux barbes et leurs harnais en cuir faits et cousus mains et du noble maintien de l’homme sur son dromadaire, alors que le » clou » du spectacle reste le magnifique tir synchronisé du baroud.
Patrimoine ancestral à n’en point en douter l’organisation de la fête du Mehri reste cependant tributaire de plusieurs paramètres dont la non moins importante reste sa prise en charge par les autorités locales en termes de moyens matériels , notamment l’hébergement et la restauration des cavaliers et des méharistes venant de lointaines contrées pour prendre part à ces festivités très prisées par la population et les touristes nationaux et étrangers qui restent ébahis par tant de beauté et de maîtrise .
Fête populaire par excellence elle a, selon les organisateurs « comme double objectif d’abord d’affirmer la valorisation et la promotion du riche patrimoine matériel et immatériel locale pour l’ériger en un levier de développement durable mais aussi et surtout à préserver l’art séculaire et la maîtrise du cavalier et méhariste Algérien véhiculés par ce noble art d’apprivoiser le cheval et le dromadaire. » Tout un art et une maîtrise de soi et de sa monture. La fête qui a débuté le 30 octobre se poursuivra jusqu’au au 1er Novembre.
