A défaut de lieux de détente, de nombreuses familles optent pour des sorties en plein air et des pique-niques sur les rives du barrage d’eau situé à quelques encablures de la ville de Draâ El-Mizan, au sud de Tizi-Ouzou.
Ainsi, durant ces belles journées printanières au milieu d’un décor féerique dominé par la beauté exaltante de verdure et de senteurs exceptionnelles de fleurs et d’arbres fleuris, des dizaines de familles se donnent rendez-vous sur les berges de ce barrage.
Un barrage, une histoire…
Ce dernier, mis en service au début des années 1970, fut un atout pour le développement agricole surtout que son inauguration a coïncidé avec la mise en place de la Révolution agraire. Beaucoup d’agriculteurs intégrés dans le système autogéré de l’époque gardent en mémoire la periode faste de la production maraîchère dans la région.
« J’ai assisté au premier jour de la mise en service du barrage. Il y avait à l’époque tout un système d’irrigation fiable. L’eau arrivait en continu dans nos champs. Nous produisons du melon , de la pastèque, du poivron et toute une variété de divers légumes. En tant qu’agriculteur payé à la journée à l’époque, je suis nostalgique de ces années d’or. Aujourd’hui, il ne reste plus rien de tout cela », se souvient un quinquagénaire ayant passé plus de trente ans de sa vie dans la ferme agricole » Aissat Idir » avant la restructuration agricole et la création des EAI et des EAC.
Les priorités ont changé!
Aujourd’hui, a-t-on constaté, les quelques maraîchers en activité peinent à relancer la filière maraîchere dépend essentiellement de la pluie. L’exploitation de l’eau du barrage pour alimenter certains villages de la localité en eau potable les a obligés à ne plus investir dans ce créneau. Ils souhaitent que cette saison ils seront autorisés à bénéficier de l’eau du barrage pour irriguer leurs champs de pommes de terre et de pastèque.
De passage devant cet énorme plan d’eau, le remplissage à cent pour cent attire l’attention. L’eau déborde de la digue et du trop-plein. « En février dernier, il a fait le plein au point où il a débordé. Depuis des années, on n’a pas vu ce barrage plein comme cette année », dit un riverain.
Le paradis des « pêcheurs du vendredi »
En raison de sa proximité avec un tronçon de la pénétrante vers l’autoroute Est-Ouest, des files de véhicules immatriculés à Tizi-Ouzou, Boumerdès et Bouira, sont garés dans une aire attenante aux rives de cette étendue d’eau. De nombreux accrocs de la pêche dans des eaux douces équipés du matériel nécessaire pour s’adonner au plaisir d’attendre que le poisson généralement des capes ne vienne goûter à l’hameçon.
« Je viens ici par plaisir d’autant plus que l’endroit est calme. Même si en fin de journée, je n’attrape rien C’est tout de même agréable de pique-niquer avec ma famille loin des bruits de moteurs de la ville. Je regrette seulement que les autorités de cette localité n’aient pas pensé à rentabiliser au mieux cet endroit. Tous les week-ends, des dizaines de familles viennent de partout pour passer une belle journée de villégiature aux abords de ce barrage. Le décor est à couper le souffle au milieu de cette verdure printanière « , nous répond un fonctionnaire venu de Bouira.
Un aménagement ne serait pas du luxe
Notre interlocuteur souhaite que des espaces familiaux naissent dans cet endroit d’autant que le relief est favorable pour par exemple aménager des manèges des restaurants et pourquoi pas une piscine si et seulement si on pensait à impliquer les investissements dans ce projet. Un peu plus loin, un pêcheur a jeté son hameçon et prend tout son temps à surfer sur le net. « Je suis un habitué de ce lieu. Cela fait des années que je pêche des carpes ici. Je ne rentre jamais bredouille. Parfois , je réussis à tirer des carpes qui tiennent jusqu’à deux kilos. Les poissons d’eau douce sont succulents si et seulement si on sait les préparer. Mon plaisir est lorsque je vois une carpe se débattre au bout de la ligne », confie un adepte du barrage de Draâ El-Mizan qui vient tous les week-ends de Lakhdaria dans la wilaya de Bouira.
Sur les berges de ce plan d’eau, on voit des dizaines de lignes jetées à l’eau qui attendent ces carpes venir mordre à l’hameçon. Alors que d’autres familles ne viennent que profiter du soleil et de la beauté des lieux.
Il a « dévoré » nombre d’imprudents…
Il est vrai que ce barrage est clôturé. Cependant, il est à signaler qu’il a « dévoré » plusieurs nageurs depuis sa mise en service. Même si les responsables appellent les parents à retenir leurs enfants, certains aventuriers tentent toujours un plongeon risquant leur vie. « Il n’y a pas un été qui passe sans que ce barrage n’avale une personne. Généralement, ce sont des adolescents. Ce qui nous a choqué lorsque au milieu des années 90, deux frères y avaient été morts en plus de leur voisin. Je pense qu’il est temps de mettre une signalisation partout interdisant la baignade dans cet endroit », raconte un habitant de la cité dite du barrage.
Alors que d’autres suggèrent que les responsables concernés recrutent des surveillants notamment en été pour dissuader ceux qui y viennent risquer leur vie. A noter que ce barrage est envasé à plus de 80%.
Une station monobloc pour l’eau potable
Avec le stress hydrique qui touche la région ces dernières années, les responsables du secteur hydraulique ont eu l’idée d’exploiter l’eau de ce barrage comme une alternative en vue d’alimenter certains villages. Une enveloppe conséquente a été dégagée et une station monobloc a été mise en place.
Actuellement, quelques villages tels Tafoughalt et Imezoughen pour ne citer que ceux en sont alimentés. « Même si nous ne recevions de l’eau qu’une fois par semaine, c’est un grand soulagement pour nous qui n’étions alimentés qu’une fois par mois voire pour deux moi », répond un habitant de Tafoughalt.
Il est à signaler dans ce sillage que le sud de la wilaya de Tizi-Ouzou à savoir Tizi-Gheniff, Draâ El-Mizan, Boghni et une grande partie des Ouadhias est alimenté à partir du barrage Koudiat Acerdoune en attendant la concrétisation du barrage de Souk N’TLetta pendant que les villages de la commune d’Ait Yahia Moussa ( versant ouest) le sont par les forages de Oued Bougdoura ( Draâ Ben Khedda) et le versant Est à partir des forages de Kantidja.
A.O