Le Centre de recherche en langue et culture Amazigh (CRCLA) de Béjaïa, a abrité le 13 et 14 octobre, un colloque national consacré et théâtre amazigh.Placé sous le thème, « théâtre amazigh et adaptation : pratique et enjeux identitaire », la rencontre a permis de débattre du 4e art, en langue amazigh, sous plusieurs facettes.
Un art et des sciences…
Ainsi et selon les organisateurs, ce colloque s’inscrit dans le cadre d’un projet de recherche en cours au CRLCA sur la transécriture dans et entre la littérature et les arts amazighs. « Il est organisé dans le cadre du festival international du théâtre de Bejaia. Il se propose d’aborder les espaces de dialogue du théâtre amazigh, ancien et moderne, adapté du théâtre universel, ou de tout autre hypotexte, et ce à travers ses textes et ses représentations dans les diverses variantes de la langue amazighe, pièces issues des différents théâtres régionaux du pays et d’associations culturelles », est-il souligné.
Pour les initiateurs de cette manifestation, il s’agit précisément de voir à quel point le passage d’une écriture à une autre permet de prendre en charge l’identité amazighe à travers les éléments qui incluent l’être humain, l’espace, les croyances, les comportements (qui apparaissent à travers la scénographie), et toute la matière culturelle amazighe.
L’œuvre de Mohya en fil conducteur
Selon la même source, ce colloque vise à interroger quelques productions théâtrales d’expression amazighe qui reflètent la pratique de l’adaptation à partir du théâtre universel, lequel théâtre est souvent en rapport avec l’identité culturelle amazighe.
Comme exemple, les organisateurs citent le travail de Mohya qui a adapté de nombreuses pièces théâtre. «Nous pouvons citer Mohya qui n’a cessé, tout au long de sa vie, de parcourir le répertoire du théâtre universel (Molière, Bertolt Brecht, Jean-Paul Sartre, Luigi Pirandello…) à la recherche des œuvres dramatiques les plus détaillées pour les mettre à la portée du public amazigh dans sa langue, qu’il appelait tafelaḥit », est-il noté dans ce sens.
Au-delà de la langue, son intérêt particulier pour le développement de l’intrigue dramatique et son habileté à décrire ses personnages, qu’il rendait authentiques et aimables, ont rendu ses adaptations grandes et fondatrices de travaux théâtraux d’expression kabyle. «Ces travaux sont les produits d’accumulations de temps et d’époques historiques successives et reflètent véritablement les aspects de la vie sociale et ce qu’ils suscitent comme sentiments et pensées dans l’âme et la conscience humaine, et qui évoluent avec les atmosphères et climats civilisationnels de chaque environnement », ont étalé les organisateurs.
Des «recommandations» en quête d’application
Ces derniers, ont à l’issue du colloque, rendu publique une série de recommandation dont encourager l’adaptation comme vecteur de l’identité amazighe et de l’identité nationale, encourager la création théâtrale en langue amazigh, quantifier la pratique de trans-écriture et adaptation dans le théâtre amazigh, œuvrer pour l’accès au archives de Mohya et pour la publication et l’édition de son œuvre.
Les recommandations du colloque ont aussi appelé à engager la recherche scientifique sur l’œuvre adaptée par la nouvelle génération, après Mohya et donner de l’importance au contexte socio-historique dans l’analyse des œuvres adaptées.
Il est également question, est-il recommandé, de prendre en considération dans les travaux de recherche, la multiplicité des genres d’adaptation et introduire l’enseignement du théâtre amazigh, du théâtre algérien, mais aussi du théâtre universel dans les écoles algériennes particulièrement dans les niveaux primaires et moyens.
K.T