Le mouton de l’Aid inabordable

À dix jours de la fête de l’Aïd El-Kebir : À Béjaïa, les citoyens se font « tondre » par les maquignons 

Le mouton de l’Aïd El Kebir vend chère sa toison cette année et ce, à dix jours de la fête du grand sacrifice. Et pour cause, les prix des ovins, ont atteint des sommets et rien n’indique une hypothétique baisse des prix.

En effet, à Bejaïa et à travers les marchés à bestiaux des communes de Tichy, Aokas , Souk El-Thnin  et le chef-lieu de la wilaya, les moutons sont cédés entre une fourchette comprise entre 75 000 et 120 000 DA. Soit une augmentation de 45 à 50% par rapport à l’an dernier. La raison? Eh bien selon certains maquignons interrogés, venus des wilayas limitrophes, telle que Bouira, Bord Bou-Arréridj, Sétif et même de l’intérieur du pays à l’instar de Djelfa et M’sila, exercent une spéculation haussière. Pour d’autres, la « pénurie » du cheptel, ajoutée à une « flambée » des prix de l’aliment pour bétail, font que les prix observent une tendance haussière. 

Pas moins de 80 000 DA le mouton…

« L’offre est inférieure à la demande. Le prix des aliments de bétail a aussi augmenté, donc élever un mouton devient plus onéreux et ne rapporte presque rien à la vente », s’est plaint un éleveur de Sétif, croisé aux abords du marché à bestiaux d’Aokas. Un autre, venu de Bouira abondera dans le même sens : « Ses dépenses deviennent de plus en coûteuses, c’est ce qui a conduit à ces prix ».  Interrogés au sujet d’une éventuelle baisse qui pourrait intervenir à l’approche du jour du sacrifice, la plupart de nos interlocuteurs ont exprimé leur scepticisme « Je ne pense pas qu’il y aura des vendeurs qui vendront à des prix moins que ceux que nous proposons. Sauf s’ils vendent à perte… Je ne le crois pas », affirme un éleveur local. Ainsi, du côté de la localité de Bakaro, à six kilomètres de la municipalité de Tichy, les éleveurs tout comme les citoyens estiment que pour cette année, les prix sont exorbitants. « Un bon mouton de deux ans à 85 000 DA, je trouve cela excessif  », indiquera un citoyen croisé aux abords de ce marché à bestiaux. Cet avis, est largement partagé par d’autres citoyens . « Contrairement aux années précédentes où la bête du sacrifice était abordable à Bejaïa , cette année, elle est hors de prix », indique-t-on encore.« C’est de la folie, un mouton qu’on achetait il y a quelques années à 40.000 DA est aujourd’hui à 85.000 DA. Les prix ont tout simplement doublé, c’est effarant  », pestera un père de famille, pour qui, si les prix ne baissent pas d’ici les derniers jours de l’Aïd, il fera l’impasse sur le sacrifice. 

…Et les éleveurs se justifient

Du côté des éleveurs, c’est le sentiment de « frustration » qui prédomine, puisque selon certains d’entre eux, ils travaillent quasiment à perte , à cause notamment des spéculateurs, ainsi que la cherté du foin estimé entre 1400 et 1800 DA la botte, ou encore, l’aliment à bétail qui coûte entre 6500 et 8000 DA le sac, ainsi que les difficultés que vivent les éleveurs au quotidien. « Je suis un éleveur et je peux vous dire que j’ai toutes les peines du monde à rentrer dans mes frais, entre le foin, l’aliment et les soins vétérinaires, je ne fais quasiment pas de bénéficies », attestera Allaou. Du côté de la commune de Bejaïa , c’est le même constat qui a été établi. Les potentiels acheteurs, sont carrément estomaqués à l’énoncée des prix. Les négociations allaient bon train et les prix oscillaient entre 68 000 pour un tout petit mouton (à la limite de l’agneau) et 130 000 DA pour un ovin bien en chair. Enfin et pour contrecarrer le commerce informel de moutons et surtout éviter la propagation des maladies telles que la brucellose ou la fièvre aphteuse, les services de la DSA en collaboration avec ceux de la DCP, ont mis en place 12 points de ventes réparties à travers le territoire de la wilaya. Néanmoins cette mesure, s’avère pour l’instant, peu efficace. 

R.B

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