À l’occasion du mois de septembre, baptisé « Septembre Turquoise » et dédié à la lutte contre les cancers gynécologiques, Pr Fadila Madaci, présidente de la Scers gynécologiques et chef de service gynécologie obstétrique au CHU de Bab El Oued, appelle à un renforcement des moyens de dépistage et de diagnostic.
Ainsi, cette spécialite qui s’est exprimée auprès de nos confères du site spécialisé tdmsanteinov, a mis en lumière l’importance de sensibiliser le grand public sur l’ampleur de ces cancers, notamment ceux du col de l’utérus, de l’endomètre, de l’ovaire et du sein.
Les femmes de moins de 40 ans impactées
En effet et selon Mme Madaci, en Algérie, ces maladies représentent une part significative des 50 000 nouveaux cas de cancers enregistrés en 2023, dont 24 118 concernent les femmes, avec une prépondérance des cancers gynécologiques.
Le cancer du sein, se distingue par son impact considérable étant la première cause de mortalité par cancer chez les femmes algériennes, avec plus de 14 000 nouveaux cas enregistrés chaque année. Fait inquiétant, ce cancer touche de plus en plus les femmes de moins de 40 ans et présente un taux de mortalité de 15 % selon les données du registre national du cancer.
Le cancer du col de l’utérus, un autre cancer gynécologique majeur, a enregistré quant à lui 1 663 nouveaux cas en 2020, avec un âge moyen de survenue de 55 ans, et une incidence en augmentation à partir de 40 ans. Malgré l’existence d’un programme national de dépistage basé sur le frottis cervico-vaginal, le taux de mortalité reste préoccupant, avec 930 décès par an.
Des cancers « dépistables » si…
Face à ces statistiques préoccupantes, le Pr Madaci insiste sur l’importance du dépistage et de la prévention pour contrer ces cancers. Elle rappelle que certains de ces cancers, bien que potentiellement mortels, sont « dépistables » et « évitables » si des mesures appropriées sont prises à temps.
En dépit de l’existence de moyens de diagnostic et de traitements efficaces, le cancer du sein, par exemple, continue de prendre de l’ampleur en Algérie, touchant un nombre croissant de jeunes femmes, un phénomène moins fréquent dans d’autres pays.
En outre et selon la Pr, la lutte contre ces cancers passe impérativement par un dépistage régulier et une sensibilisation renforcée. Elle souligne tout de même l’importance de sensibiliser les femmes à chaque occasion, en intégrant par exemple l’examen des seins et en recommandant le dépistage du HPV lors des consultations médicales.
Ces facteurs qui freinent le dépistage…
Le rôle des PMI (Protection Maternelle et Infantile) est également primordial dans ce programme de dépistage, qui doit être, selon Pr Madaci, mieux organisé et intégré dans les soins de santé primaires.
Cependant, plusieurs facteurs continuent de freiner la lutte contre ces cancers, tels que le manque d’information, les difficultés d’accès au diagnostic, et l’hésitation des femmes à se faire dépister. Ces obstacles sont particulièrement notables pour les cancers gynécologiques autres que le cancer du sein, qui bénéficie d’une plus grande médiatisation.
L’obligation d’une sensibilisation accrue
En vue de l’arrivée d’Octobre Rose, mois consacré à la lutte contre le cancer du sein, Pr Madaci plaide sur la nécessité de maintenir une sensibilisation continue et omniprésente.
Selon elle, cette sensibilisation doit être effectuée à tous les niveaux, de la sage-femme au médecin généraliste, en passant par les associations, les médias et les réseaux sociaux. Le registre des tumeurs d’Alger pour 2021 confirme une tendance à la hausse de l’incidence des cancers féminins les plus fréquents, soulignant l’urgence de renforcer les efforts de dépistage et de prévention à l’échelle nationale.
C.K