Face à la mer,à l’azur, la Casbah de Dellys, dans la wilaya de Boumerdès, est érigée en fort.
Elle a été construite en 1068. Elle surplombe la mer de 27 mètres. Elle se compose d’une haute Casbah et d’une basse Casbah qui longe le port. Elle domine le port de la ville. Le lieu, offre une vue imprenable sur le méditerranée.
Malheureusement, le séisme dévastateur du 21 mai 2003, a provoqué la destruction de plusieurs bâtisses datant de plusieurs siècles.

Nonobstant, l’on vient de tous les wilayas du pays pour visiter ce lieu historique dont l’architecture, plus que séculaire, est malheureusement en ruine.
Reportage réalisé par Kocila Tighilt
Aami Ben Salem, « l’âme » de la Casbah
Samedi 28 septembre 2024. Il est 11h du matin. Un silence religieux règne sur les lieux. Seule quelques voix de visiteurs dont le ton résonne sur les pierres des maisons en décombre, brise ce silence.
A peine les ruelles entamées, qu’une voix, comme sortie des pierres, nous interpelle. « Vous pouvez rentrer chez moi pour prendre des photos. La bâtisse y est encore debout. Il faut juste éviter de monter, car le plancher ne tient plus », nous dira Aami Ben Salem, un vieux qui veille sur les lieux et sur sa maison transformée en un coin pour les visiteurs.
Chez lui, une maison de fortune résiste encore aux aléas du temps. Des photos de familles témoignent sur l’histoire de cette maison qui est répartie en trois compartiments. « Avant on vivait à trois familles. Tout petit, et en rentrant de l’école, L’emssid, on mangeait tous dans la même table », a-t-il souligné avec un air nostalgique et en montrant de vieilles photos, en noir et blanc, de parents, dans la pluparts sont décédés.
Un « musée » dans les méandres
Nous quittons cette maison, l’une des rares qui ont résisté au séisme de 2003, pour poursuivre notre escapade dans les autres ruelles de la Casbah.
Notre regard fut attiré par une maison, peinte en bleue. Une caverne où étaient entreposés des objets anciens et des objets d’arts. L’endroit attire de nombreux visiteurs. Elle est tenue par Gharbi Najih, un jeune artiste qui veille lui aussi, sur les lieux. Il vend ses créations aux touristes. C’est un mini-musée qui sort des ruines pour apporter, un peu de couleurs, dans un décor maussade et oublié.




« La Casbah de Dellys est complètement abandonnée, même si, depuis trois ans, des citoyens s’impliquent en nettoyant les lieux et en essayant de raviver l’endroit », a relevé Gharbi Najih. « Chacun de nous nettoient son secteur. Nous essayons d’apporter notre touche artistique. Dellys est connu pour ses artistes dans de nombreux domaines. Ils fabriquent notamment, des bateaux en bois et même des instruments de musiques, à l’exemple Mohamedi Bagudi, très connu dans la région », a expliqué notre interlocuteur et de poursuivre, « nous, nous faisons des sculptures sur bois, en miniature. Notre signature ‘Pointa’ est notre label. Je travaille avec un ami, Amer Mohamed Amine ».
Une restauration… bâclée !
Face à cette situation, une casbah en ruine et menacées de disparition, ce jeune artiste a lancé un appel, un vrai SOS, au ministère de la culture afin de se pencher sur la question de la Casbah de Dellys. « Il s’agit de la sauvegarde de ce patrimoine matériel. Nous faisons de notre mieux pour garder les lieux propres, apporter notre touche et une âme à cet endroit mais nous ne pouvons pas faire plus », a noté Gharbi Najih, expliquant que la restauration des lieux doit se faire dans les normes.
« Ils sont déjà venu entamer une restaurations mais, nous avons constaté avec regret qu’ils ont été bâclés. Du bricolage avec des matériaux non appropriés pour ce genre de bâtisses, qui nécessitent des études préalables et un avis de chercheurs » a regretté notre interlocuteur qui, tout comme les autres habitants de cette casbah, espère une prise en charge des lieux par les pourvois Publics. « Il faut sauver la Casbah de Dellys », a-t-il lancé. La Casbah de Dellys est ce lieu de mémoire. Entre ciel et mer, l’endroit reste un lieu de villégiature pour des milliers de touristes. C’est un endroit qui porte et témoigne d’un passé à sauvegarder. Une mémoire commune à préserver.
K.T