Dans sa dernière interview avec des journalistes, le président Tebboune n’a pas évité la question du Sahel, notamment la crise malienne au sujet de laquelle il a été on ne peut plus clair sur la position de l’Algérie, la philosophie de sa diplomatie et les principes qui la guident.
Ainsi, Abdelmadjid Tebboune, a rappelé que l’Algérie est mue par un principal pratiquement dogmatique de bon voisinage avec les pays voisins et frères. À l’exception, peut-on deviner, du Maroc en raison de ses postures hostiles et ennemies vis-à-vis de l’Algérie.
Le « NON » catégorique à l’ingérence étrangère
En effet, l’Algérie n’a aucune intention de se mêler des affaires internes du Niger, du Mali ou du Burkina, a insisté le président Tebboune qui a précisé, par ailleurs, que c’est dans le prolongement de ce principe que découle le refus de l’Algérie des ingérences étrangères des les pays tout en défendant leur souveraineté territoriale.
L’Algérie, pour rappel a été l’un des rares pays à rejeter l’intervention de la force militaire de la Cédéao au Niger après le coup d’état de juillet 2023 pour rétablir le président Bazoum dan ses fonctions. Et c’est à juste titre que le chef de l’Etat a évoqué le cas du Mali, pays voisin avec lequel l’Algérie partage un longue frontière mais aussi et surtout une communauté commune, une histoire et une culture, qui ne s’est pas relevé de sa déstabilisation politique et sécuritaire malgré le coup d’état, en 2020, présenté comme le moyen de le redresser.
Les putschistes bernés par leurs chimères
Les putschistes, obnubilés par des promesses d’aide de pays intéressés par faire du Mali un vassal ou un proxy pour essentiellement porter atteinte au voisin du nord, l’Algérie, se sont lancés dans des démarches politiques contreproductives en ce sens qu’elles ont éloigné Bamako de ses intérêts notamment la stabilité dans le nord en comptant sur le voisin qui a apporté sa caution et son assurance et sa contribution économique et sociale pour le maintien de la paix dans le pays depuis au moins 1990 avec le premier accord de paix entre le gouvernement de Bamako et les rebelles touaregs. Jusqu’à celui de 2015 qui a mis fin à quatre ans d’affrontements armés, malheureusement dénoncés par la junte au pouvoir.
Comptant sur une militaire, Bamako s’est retrouvé embourbé dans un marécage sécuritaire dont la solution appelle à une approche globale pour s’attaquer aux véritables causes de la crise. Dépassé par l’ampleur des attaques terroristes et des groupes touarges après la dénonciation unilatérale de l’Accord d’Alger, les putschistes sous la conduite du général Assimi Goita ont fait appel au groupe russe de sécurité privé Wagner réputé pour ses méthodes brutales. L’Algérie a dénoncé cette présence et a protesté auprès de Moscou considérant que le groupe est composé de mercenaires perçu par Alger comme une ingérence.
L’intégrité territoriale, la ligne rouge
Le président Tebboune a d’ailleurs rappelé cette position à l’occasion de sa dernière rencontre avec les journalistes. « Nous n’acceptons pas la présence de mercenaires à nos frontières », a-t-il affirmé. Et menacé quiconque s’aventure à franchir ces frontières.
Malgré l’attitude des responsables maliens, dont l’ancien premier ministre aujourd’hui interdit de quitter son pays, vis-à-vis de l’Algérie, le président de la république a d’une certaine manière tendu, une nouvelle fois, sa main au Mali pour jouer son rôle de médiateur entre Bamako et les rebelles du nord. Bien entendu, Alger partage avec le Mali la même préoccupation concernant les groupes terroristes.
Médiation, la porte ouverte d’Alger.
Cela d’autant plus que les rebelles touaregs regroupés dans le Front de libération de l’Azawad (FLA) n’ont confiance qu’en l’Algérie qui s’est contenté et soucié principalement de trouver un terrain d’entente et faire converger les deux parties en conflit pour la stabilité du pays, la préservation de ses intérêts et de sa souveraineté.
À condition, évidemment, a souligné Abdelmadjid Tebboune, que le Mali le lui demande. Parce que les médiations menées par l’Algérie, au Mali, à trois reprises, et dans d’autres conflits, l’ont été à la demande des pays concernés.
Et tout porte à croire que les maitres de Bamako, déjà déçus par l’attitude du Maroc et des Emirats, dont ils ont saisi les desseins et objectifs et qu’ils ont fait l’objet de manipulations, donnerons écho, une nouvelle fois, à la disposition et disponibilité d’Alger à accueillir de nouveaux pourparlers entre les parties maliennes pour s’accorder sur un arrêt des hostilités et pour s’inscrire dans une démarche constructive pour le bien du Mali et de ses populations.
Bamako fera ce pas, sans doute, au plus tard lorsque les autorités auront pris conscience des limites de leur solution sécuritaire pour un problème sociopolitique. Car Alger n’est pas seulement la médiation, il est aussi accompagnateur.