Ce n’est plus une nouveauté dans le paysage économique algérien : le gisement de fer de Gara Djebilet, dans la wilaya de Tindouf, est au cœur des ambitions industrielles nationales depuis plusieurs années. Mais cette fois, les choses prennent un tournant plus concret.
Ainsi, ce jeudi 21 août 2025, une réunion à haute teneur stratégique a rassemblé à Alger Belkacem Soltani, patron de Sonaram, et son homologue chinois Jia Niyun Shuan, directeur général de MCC International, accompagnés de Reda Belhadj, directeur général de FERAAL Spa, autour d’un objectif commun : donner un coup d’accélérateur au développement du site et lever les derniers verrous techniques.
Une ambition nationale, des enjeux stratégiques
En effet, ce partenariat, bien plus qu’un simple échange de savoir-faire, marque l’entrée dans une nouvelle phase opérationnelle — celle où les discours laissent place aux chantiers.
Avec ses réserves estimées à plus de 3 milliards de tonnes de minerai, Gara Djebilet est l’un des plus grands gisements de fer inexploités au monde. Son potentiel est immense, mais il reste conditionné par un défi de taille : la teneur élevée en phosphore du minerai, qui le rend difficilement utilisable sans traitement préalable.
Conscient de cet obstacle, la Sonarem mise sur des solutions technologiques avancées. Parmi elles, le procédé CISP (Chinese Iron and Steel Phosphorous Removal) et la méthode HIMLT (High Intensity Magnetic Separation and Low-Temperature Reduction) pourraient permettre de franchir ce cap technique crucial. Le but est clair : produire localement un fer semi-fini répondant aux standards internationaux, sans passer par des circuits d’importation coûteux.
L’expertise chinoise au service d’une relance industrielle
L’intervention de MCC, acteur incontournable de l’ingénierie minière mondiale, constitue une avancée majeure. Forte de son savoir-faire en extraction, traitement et valorisation des minerais complexes, la société chinoise a exprimé un intérêt concret à s’impliquer dans le projet, aussi bien sur le plan technologique qu’en matière d’investissement direct.
Un groupe de travail conjoint pour accélérer le chantier
Afin de ne pas perdre de temps, Sonarem et MCC ont décidé de créer un groupe de travail technique mixte. Objectif : lancer dès maintenant des tests expérimentaux in situ, sans attendre la mise en service de la ligne ferroviaire reliant Tindouf aux grands centres industriels prévue pour début 2026.
Ce choix stratégique permettrait d’éviter le long détour logistique par Oran, puis la Chine, pour les analyses et les essais. Un gain de temps et d’argent qui témoigne d’une volonté commune d’aller vite et bien.
Un tournant pour l’Algérie
Le projet Gara Djebilet n’est pas un dossier comme les autres. Il incarne un tournant historique pour l’Algérie, qui cherche depuis des années à diversifier son économie, longtemps dominée par les hydrocarbures.
En valorisant ses ressources minières locales, le pays veut bâtir une industrie sidérurgique robuste, capable de répondre aux besoins nationaux et de s’imposer à l’international.
Si les défis techniques et logistiques sont réels, l’alliance stratégique entre Sonarem et MCC démontre que l’Algérie ne manque ni d’ambition ni de partenaires pour les relever. Le fer de Gara Djebilet pourrait bien devenir le moteur d’une nouvelle ère industrielle.