L’Algérie est appelée à opérer un vaste chantier dans le secteur des chemins de fer, lequel devra jouer un rôle prépondérant dans le développement économique.
En effet, aussi bien le ferroutage, lequel est indispensable dans l’acheminement des marchandises, notamment avec l’exploitation de la mine de Gara Djebilet (sud-ouest du pays), et le mégaprojet d’extraction et transformation du phosphate au niveau de la mine de Tébessa, ainsi que le volet des transports des voyageurs. Dans cette optique et dans le but de ne pas « rater le train » une fois de plus, l’Algérie semble miser sur l’expertise étrangère en la matière, c’est du moins ce qu’a révélé le président du conseil d’affaires Algéro-américain, M. Smail Chikhoune.
La Loi sur l’investissement une « locomotive » pour les IDE
Ce dernier, qui s’est récemment exprimé sur les ondes de la Radio chaîne 3, a indiqué que quatre majors américains (entreprises importantes, NDLR) sont intéressés d’investir « massivement » dans le rail algérien. « Nous avons un groupe de quatre majeurs américains qui offrir une capacité de réalisation de 5 à 10 Kms de chemins de fer, par 8 heures », dira M. Chikhoune. Pour l’intervenant, la promulgation de la nouvelle loi sur l’investissement suscite un « intérêt assez fort » des entrepreneurs américains pour l’investissement en Algérie. Dans le même ordre d’idées, le président du Conseil d’affaires Algéro-américain, soulignera le fait que cette nouvelle loi a permis à l’Algérie de se mettre au diapason des standards internationaux en la matière. « Le changement de la Loi sur l’investissement, qui a permis à l’Algérie d’être au même niveau que tous les autres pays compétiteurs, a fait que des compagnies américaines ont eu un intérêt assez fort pour investir dans plusieurs secteurs en Algérie », s’est-il félicité. Il est vrai que les investissements directs étrangers (IDE), ont toujours été le « Talon d’Achille » de l’économie algérienne, tant le législateur s’employait sciemment ou pas, à mettre des embuches sur le chemin des investisseurs étrangers et leurs précieux capitaux. La dernière Loi sur l’investissement selon M. Mustapha Mekideche, ancien vice-président du Conseil national économique, social et environnemental (CNESE), avait indiqué à ce propos qu’elle (la nouvelle loi) représente « un progrès réel et palpable, à même de libérer les initiatives des promoteurs locaux et étrangers ». Et de se féliciter du fait que « pour la première fois », elle introduit une vision à long terme sur les investissements, permettant de « fixer les priorités et soutenir les projets structurants, ainsi que les projets décentralisés pour le développement local ». À ce propos, le président de la République, lors de sa visite effectuée au Portugal, a fait état de l’engagement de l’Algérie à ne pas changer le code des investissements pendant une période de 10 ans, en guise d’assurance aux potentiels opérateurs économiques. Lors de son intervention sur les ondes de la Chaîne 3, M. Chikhoune précisera également que les Etats-Unis sont un « partenaire des plus fiables » dans le domaine. « Les États-Unis importeront toujours de l’extérieur et que l’Algérie est très bien placée pour devenir la prochaine destination des investisseurs des USA ». Selon le président du Conseil d’affaires Algéro-américain, un programme ambitieux pour l’année 2023 a été concocté pour attirer des investissements dans les secteurs d’agriculture, des énergies renouvelables, de l’industrie pharmaceutique et du chemin de fer.
La bureaucratie et l’incompétence érigés en paradigmes
« Il est tout à fait inadmissible que la pose d’un kilomètre linéaire de rails nécessite des semaines, voire des mois. Nous devons y remédier impérativement »
Lors de son dernier entretien bimensuel avec la presse locale, le président Tebboune, avait exprimé son mécontentement quant à la cadence que connaissent certains chantiers de chemin de fer à travers le pays. « Il est tout à fait inadmissible que la pose d’un kilomètre linéaire de rails nécessite des semaines, voire des mois. Nous devons y remédier impérativement », s’était-il emporté. Il est vrai que beaucoup chantiers sont embourbés dans des litiges administratifs, bureaucratiques des plus scabreux. Actuellement, la longueur du réseau ferroviaire national est de 4 200 kms et devrait selon les autorités concernées à 6.300 km à « court terme » puis à 12 500 km après la finalisation de tous les programmes d’investissements supervisés par l’Agence nationale d’études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires (ANESRIF). Toutefois, ces chiffres paraissent en l’état actuel des choses irréalisables tant les embûches bureaucratiques sont légion, mais aussi sans compter sur l’inexpérience des bureaux d’étude locaux. Pour s’en convaincre, il aura fallu près de quatorze ans pour la réalisation du la nouvelle ligne ferroviaire reliant les villes septentrionales de Tissemsilt, Boughezoul et M’sila, qui a été mise en service au moins de décembre de l’année écoulée. L’infrastructure longue de 290 km, offre une liaison Est-ouest et permet de raccorder 5 localités au total, notamment Tissemsilt, Tiaret, Djelfa, Médéa et M’sila. Le projet ambitieux d’étendre le réseau ferroviaire du Nord vers le grand Sud, entre Alger-Tamanrasset- Adrar piétine également. Les études ont été lancées il y’a seize mois et jusqu’à présent, ces études ont fait littéralement chou blanc. Concrètement, la réalisation de ces nouvelles lignes nécessitera la mise en place d’une industrie locale afin d’optimiser les coûts de réalisation et, également, de participer à la création d’un tissu de sous-traitance autour de cette industrie. « Nous veillons à ce que nous préservions d’abord le réseau existant, à travers des travaux de maintenance périodique et la réalisation des projets inscrits et, enfin, l’élaboration des études nécessaires pour le projet annoncé par le président de la République », précisera le DG de l’Anserif. Autant de projets qui sont en souffrance à cause de l’inefficacité et surtout de la bureaucratie laquelle reste le mal premier de l’Algérie.
R.B
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