Dr Abdelmalek Sayeh président de la FIDOS : "L'ANS doit jouir de prérogatives régaliennes"

Dr Abdelmalek Sayeh président de la FIDOS : « L’ANS doit jouir de prérogatives régaliennes » 

En dépit des efforts consentis par les pouvoirs publics afin de promouvoir et encourager le don de sang en Algérie, ce dernier reste perfectible et pourrait prendre une toute ampleur, si de nouveaux paradigmes venaient à être pris, notamment à travers une « mise à niveau » de l’Agence nationale du sang (ANS).

C’est du moins ce que plaide et préconise de toutes ses forces, le Président de la Fédération internationale des organisations de donneurs de sang (FIDOS) et de la Fédération algérienne des donneurs de sang, le docteur Abdelmalek Sayeh. 

Un décret en quête d’application… 

En effet, pour ce dernier, il faudrait que les pouvoirs publics, accordent des « prérogative régaliennes », à cette agence, afin qu’elle puisse mener sa mission dans les meilleures conditions et surtout avec une certaine efficience. 

Ainsi et d’après notre interlocuteur, cette agence laquelle est régie par le décret n° 09-258, daté de 2009, devait en principe avoir toute la latitude nécessaire pour gérer et coordonner les opérations de dons de sang à travers l’ensemble du territoire. Cependant et selon le Dr Sayeh, ce décret souffre d’un manque d’application criant. 

« Actuellement, ce texte de loi n’est nullement appliqué, ce qui réduit de manière significative les prérogatives de l’ANS », a-t-il déploré, avant d’expliciter l’importance de ce décret et les conséquences de sa non application. 

« Sans ce cadre juridique, les missions de l’ANS sont réduites au strict minimum. Cette agence, au lieu d’être un catalyseur pour le don de sang volontaire, elle est réduite à comptabiliser les statistiques, sans la moindre autonomie, ni prérogatives pour mener ses missions fixées par ledit décret », soulignera notre vis-à-vis. 

Une décentralisation anarchique décriée 

Pour le président de la Fédération algérienne des donneurs de sang, l’Algérie compte actuellement 248 structures de transfusion et de collecte de sang, réparties à travers le pays. Toutefois, selon lui, ces centres manquent d’efficacité sans un « métronome » à la baguette, à savoir l’Agence nationale du sang.

En effet, le Dr Sayeh regrette une « décentralisation anarchique » des dons de sang en Algérie. Qui dit anarchie, dit manque de coordination et d’efficacité dans la gestion et la promotion du don de sang dans le pays.

« En France et à titre d’exemple, il existe quatre organismes dotés de pleins pouvoirs, lesquels gèrent l’ensemble des centres de transfusion de sang, le tout avec une efficacité et rentabilité exemplaires. Décentraliser c’est bien, mais encore faudrait-il que cette démarche soit chapeautée et coordonnée par une structure à même de mettre en place une stratégie efficace », a-t-il en outre soutenu.

Le don volontaire, ou la quintessence perdue de l’acte

Poursuivant sa plaidoirie pour une meilleure stratégie du don de sang en Algérie, le Dr Sayeh, insistera énormément sur l’aspect « volontaire » de cet acte d’une extrême noblesse d’âme.

Ainsi et tout en se félicitant du taux de collecte de ce précieux liquide en Algérie, lequel dépasse les standards fixés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui est de l’ordre de 1%, alors qu’il est à 1.5 en Algérie, M. Abdelmalek Sayeh, notera que la manière dont est collectée ce liquide vital, laisse quelque peu à désirer.  

« Sincèrement, le don de sang familial ne sied guère à la nature humaine et humanitaire de cet acte. Ce dernier, doit être volontaire, altruiste et guidé par la noblesse. Il m’est difficile d’admettre que les centres de transfusion, fonctionnent tels des administrations, avec un horaire d’ouverture et de fermeture », dira-t-il d’un ton dépité. Et d’ajouter « Sous d’autres cieux, par exemple en Espagne, les centres de transfusion ne ferment pas avant 22 ou 23h et ils ont mis des applications dédiées afin de prendre rendez-vous et faciliter cet acte au plus grand nombre. C’est à cela que nous devons concentrer nos efforts: Rendre le don de sang plus accessible, moins contraignant et plus civique », a-t-il martelé. 

Le plasma et ses dérivés : l’Algérie OUT ! 

Enfin et sa qualité de président de la Fédération internationale des organisations de donneurs de sang, le Dr Sayeh, soulignera que le défi majeur auquel doit faire la planète en la matière, est sans conteste celui de l’autonomie dans les dérivés du plasma, tout en regrettant au passage que l’Algérie dans l’état actuel des choses, ne peut malheureusement pas faire face. 

« Après la pandémie du Covid-19, les grandes puissances mondiales, ont instauré une sorte d’embargo sur le plasma. Les USA qui sont les plus grands fournisseurs de la planète, ont restreint son exportation pour leurs besoins domestiques » a-t-il fait savoir. 

À l’échelle continentale, notre interlocuteur indiquera que seul l’Afrique du Sud possède la technologie nécessaire pour fractionner le plasma, ce qui est selon lui, loin d’être suffisant. « En Algérie, nous sommes très loin de relever ce défi. Tout d’abord, il faudrait assainir le terrain et avoir une bonne qualification, une homologation et une certification pour enfin accéder aux normes internationales. Donc, il faut tout revoir depuis la base l’activité transfusionnelle », a-t-il expliqué, non sans un certain regret. 

R.B

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