Le ministère de la Santé algérien a récemment émis une directive stricte appelant ses agents à éviter l’utilisation des cartes eSIM, ces puces virtuelles intégrées directement dans les téléphones.
Ainsi, datée du 20 septembre 2025, la note interne évoque des « précautions nécessaires » et insiste sur l’importance de « respecter les exigences » liées aux communications étatiques.
Une « importance primordiale » soulignée
En effet, transmise à l’ensemble des cadres de l’administration centrale, des établissements hospitaliers et des organismes sous tutelle, cette instruction fait suite à une recommandation plus large émanant du cabinet du Premier ministre, selon une référence officielle n°3191, diffusée le 11 septembre dernier. Le ton est formel : la consigne est d’une « importance primordiale ».
Si la note ne détaille pas les menaces précises que pose l’usage des eSIM, le recours à un tel niveau d’alerte institutionnelle laisse entrevoir des préoccupations bien au-delà du seul secteur de la santé. C’est toute la chaîne des communications de la fonction publique qui semble visée. Car derrière ce choix technique se cache un enjeu stratégique : la souveraineté numérique de l’État.
Qu’est-ce qu’une eSIM ?
L’eSIM, ou « embedded SIM », est une évolution de la carte SIM traditionnelle. Contrairement à cette dernière, qui est amovible, l’eSIM est soudée à la carte mère du téléphone. Elle remplit la même fonction — authentifier un appareil sur le réseau mobile d’un opérateur — mais tout est géré de façon numérique, souvent via un simple QR code.
Popularisée ces dernières années par des marques comme Apple, Google ou Samsung, cette technologie permet de se passer totalement de carte physique, offrant ainsi une souplesse d’usage et une meilleure intégration matérielle.
Une technologie aux multiples avantages…
Parmi les atouts majeurs de l’eSIM : un gain de place dans les smartphones (utile pour loger de plus grosses batteries ou renforcer l’étanchéité), la possibilité d’utiliser plusieurs numéros sur un même appareil, la facilité de changement d’opérateur sans carte à insérer, ou encore une sécurité renforcée en cas de vol ou de perte de l’appareil.
Pour les voyageurs, les professionnels ou encore les entreprises, l’eSIM représente une avancée technologique indéniable, facilitant la gestion des forfaits mobiles.
… mais pas sans risques
Cependant, cette même dématérialisation soulève des inquiétudes croissantes sur le plan de la cybersécurité. Contrairement à une SIM physique que l’on peut retirer, inspecter, ou désactiver en retirant la carte, l’eSIM repose entièrement sur une infrastructure logicielle et connectée. En cas de piratage, de logiciel espion ou de faille dans les serveurs des opérateurs, les données personnelles — voire professionnelles — peuvent être exposées.
Le vol d’identité, les interceptions de communications sensibles, ou encore l’installation à distance de logiciels malveillants font partie des scénarios redoutés. Autant de risques technologiques qui relèvent davantage du ressort des autorités en charge de la cybersécurité ou de la défense, plutôt que du ministère de la Santé.

