Le dossier du gaz de schiste suscite un intérêt croissant dans le monde arabe de la part des plus grandes compagnies énergétiques américaines.
Ainsi, certains pays comme l’Algérie, la Libye et l’Égypte, disposent de vastes réserves classées parmi les plus importantes au niveau mondial. Cette situation ouvre la porte à d’énormes opportunités d’investissement qui pourraient renforcer la position de la région sur les marchés de l’énergie.
Trois « majors » US à l’affût
En effet, l‘Algérie est perçue comme détenant les troisièmes plus grandes réserves mondiales techniquement récupérables. De son côté, la Libye cherche à tirer profit de ses ressources non conventionnelles, estimées à des centaines de milliards de barils de pétrole et de pieds cubes de gaz. Quant à l’Égypte, elle possède d’immenses réserves de plus de 500 trillions de pieds cubes, principalement situées dans le désert occidental.
Selon les dernières informations sur l’exploration gazière dans la région arabe, la plateforme Attaqa (basée à Washington) révèle que des géants américains comme ExxonMobil, Chevron et Apache lorgnent sur les réserves de gaz de schiste des pays arabes. Ils sont motivés par des facteurs stratégiques tels que la position géographique de la région, la disponibilité des infrastructures et le besoin pressant de l’Europe en approvisionnements supplémentaires, exacerbé par la crise ukrainienne.
Des analystes estiment que ces entreprises américaines ne seront pas les seules dans cette course. Il est probable que des compagnies européennes et chinoises les rejoignent prochainement, dans le contexte d’une concurrence mondiale accrue pour les nouvelles sources d’énergie.
Le gaz de schiste en Algérie
L’Algérie est sur le point de conclure un accord majeur avec les compagnies américaines ExxonMobil et Chevron. L’objectif est de développer ses ressources de gaz de schiste, estimées à environ 707 trillions de pieds cubes, selon les données de l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA).
Samir Bakhti, le directeur de l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (ALNAFT), a confirmé que les négociations ont réalisé des progrès significatifs sur certaines questions techniques. Toutefois, il reste des points commerciaux en discussion, et il s’attend à ce qu’un accord soit bientôt trouvé.
Des défis environnementaux à surmoter
L’Algérie cherche à surmonter les obstacles environnementaux grâce à des solutions techniques modernes. M. Bakhti a précisé : « La phase de préparation, qui consiste à recueillir des données, à tester la production et à la connecter à l’infrastructure, devrait durer entre deux et trois ans. »
La valeur d’investissement estimée pour cet accord est d’environ un milliard de dollars. Une attribution directe aux deux entreprises américaines est envisagée afin de garantir l’expertise et le financement.
Bien que les sites de gaz de schiste en Algérie soient situés dans des régions reculées, ce qui augmente les coûts d’investissement, l’infrastructure existante et les trois gazoducs reliant l’Algérie à l’Europe constituent un atout stratégique pour l’exportation.
Le gaz de schiste en Libye
En Libye, la Compagnie nationale de pétrole (NOC) a entamé des discussions avec la société américaine Chevron à Londres pour explorer les opportunités de coopération dans le développement du pétrole et du gaz de schiste. Ces initiatives s’inscrivent dans un plan visant à augmenter la production de pétrole brut à deux millions de barils par jour et à accroître les exportations de gaz.
Les estimations de l’EIA indiquent que la Libye possède 942 trillions de pieds cubes de gaz de schiste, dont 122 trillions sont techniquement récupérables, en plus de 18 milliards de barils de pétrole de schiste.
Ces ressources sont concentrées dans trois bassins principaux : Ghadamès, Syrte et Mourzouq, selon les données du secteur gazier libyen.
Les représentants de Chevron ont exprimé leur grand intérêt à revenir sur le marché libyen après plus d’une décennie d’absence. L’entreprise figure parmi les 37 entités internationales qui ont déposé leur candidature pour participer au premier appel d’offres pour l’exploration de pétrole et de gaz depuis des décennies.
Dans ce contexte, des observateurs estiment que le retour de Chevron ouvrira de nouvelles perspectives pour l’exploitation de ces ressources en Libye.
Le gaz de schiste en Égypte
L’Égypte possède d’importantes réserves de gaz de schiste. Les données de l’EIA révèlent qu’elle détient 536 trillions de pieds cubes, dont 99 trillions sont techniquement récupérables, principalement dans le désert occidental.
Ces potentiels se sont renforcés ces dernières années avec l’engagement de compagnies américaines.
Les réserves de gaz de schiste dans les pays arabes
Les réserves de gaz de schiste dans les pays arabes, notamment en Algérie, en Libye et en Égypte, sont un élément central pour l’avenir énergétique mondial. Avec un total combiné de plus de 2,1 quadrillions de pieds cubes de ressources, la région se trouve au cœur de la course mondiale à l’énergie non conventionnelle.
Des experts soulignent que l’exploitation de ces richesses nécessite des investissements massifs, des technologies avancées de fracturation hydraulique, ainsi qu’un environnement d’investissement attractif pour les entreprises internationales. En contrepartie, les bénéfices attendus sont considérables, qu’il s’agisse d’accroître les exportations ou de renforcer la sécurité énergétique régionale et internationale.
2 commentaires
Bonjour,
Permettez- de vous faire part de ma réponse à Monsieur Saïd KLOUL qui envisage une extraction des GdS incessamment sous peu, voir ci-après.
Cordialement,
Abdallah Khammari
Bonjour Monsieur KLOUL,
Je viens seulement de prendre connaissance de votre injonction : « Les Gaz de Schiste : C’est maintenant ou jamais ». D’emblée, la présentation de votre problématique commence, hélas, par une malheureuse assertion qui se mord inutilement la queue : « Le but de cette contribution, écriviez-vous, est d’éclairer le plus large public possible sur le gaz de schiste et d’essayer de convaincre ceux qui sont contre ce gaz qu’ils se trompent ». Auriez-vous exclusivement la vérité infuse face à nos prudentes incertitudes ? Votre approche s’appuie lourdement sur l’expérience américaine, non transposable en l’état pour plusieurs raisons que vous êtes à même d’entrevoir. L’analogie entre les modes d’exploitation me paraît grossière, du fait qu’ils sont incomparables, ne serait-ce que du point de vue des environnements technologiques spécifiques à chaque gîte. Les USA ont toute la technologie et les produits in situ, nécessaires à l’extraction des gaz de schiste (GdS). Parmi les adjuvants fracturant, il y a un sable très spécial, à gains sphériques, résistant à la compaction et à la solubilité et qu’il va falloir importer, à défaut de pouvoir exploiter l’affleurement du Cambrien à Djanet, moyennant un traitement laborieux par des prestations spéciales. L’Algérie est loin d’avoir autant de technologie et va devoir l’importer, ce qui va rendre dérisoire l’efficience d’une telle extraction. Vous savez très bien que l’exploitation des GdS est néfaste à bien des égards, sinon malvenue pour l’intérêt commun. Et vous la préconisez quand même. Une telle exploitation sera tout juste bénéfique aux multinationales, pas pour l’Algérie. Et c’est ce bénéfice que vous voudriez accorder à ces prestataires de services très spéciaux, leur permettre de vendre leur quincaillerie, leurs produits nauséabonds, leurs étranges investigations, tout en mettant à leur disposant d’énormes prélèvements dans la nappe albienne. Là est le motif de votre « contribution » à nous « convaincre » d’exploiter les GdS « maintenant ! », toute affaire cessante, triste « contribution » qui enfume plus qu’elle n’éclaire…
Vous me semblez bien expéditif, alors que vous n’avez « aucune idée de la qualité des réservoirs », avouiez-vous. Vous avouez n’être pas chimiste, ni biologiste, et c’est à peine si vous reconnaissez du bout des lèvres la pollution causée par l’exploitation des GdS. Le gain en termes d’énergie me paraît dérisoire en regard des méfaits engendrés : déversement des produits nocifs sur les plat-formes d’injections, dilapidation des ressources en eau, pollution des nappes et de l’environnement par des mixtures très toxiques, émanations suffocantes par les fuites de méthane, et par conséquent hausse de l’effet de serre et réchauffement climatique à l’aplomb d’un désert d’une extrême aridité… De plus, la masse d’eau nécessaire à la fracturation, estimée à quelque 89 millions de m3, est à prélever à partir d’horizons aquifères très profond, loin des sites d’extraction où la nappe albienne n’est pat éruptive. Il faut déjà pouvoir les pomper, puis les acheminer sur de longues distances, par une myriade de citernes, vers les plats-formes de fracturation hydraulique qui reste à réaliser par de brutales injections sous pression de 300 à 600 kg/cm2. Le développement de telles pressions nécessite beaucoup d’énergie et une prestation de service très spécial… Très faiblement renouvelable, mais déjà fortement surexploité, l’Albien sera dilapidé, éventré et ouvert à la pollution de la manière la plus difficile à pardonner par les générations à venir qu’on aura déshérité sans scrupule. Il y aurait là un manquement regrettable à l’éthique anthropocentriste intergénérationnelle. Impactant sensiblement l’environnement, la multitude des forages à implanter pour une durée d’exploitation de 20 à 30 ans, auront aussi à être laborieusement démanteler dans les règles de la préservation de l’environnement, quand ils ne serviront pas de puits poubelles. Un énorme gâchis pour lequel les générations futures auront du mal à vous pardonner.
Vous ne donnez aucune évaluation des risques d’une telle extraction, ni aucune appréciation quantitative des nombreux effets néfastes qu’elle génère. La demande énergétique est à rechercher dans le solaire qui reste à promouvoir. Et de cette énergie-là, nous aurons à en revendre. J’observe, avec dégoût, que ces multinationales continuent sans vergogne de piller les richesses de l’Afrique – avec la complicité de quelques dirigeants véreux… S’interdisant l’extraction des GdS dans leur propres territoires, l’Europe, et plus particulièrement la France, voudraient paradoxalement l’envisager chez nous. Les GdS , pas maintenant, voire jamais.
Avec mes cordiales salutations,
Abdallah khammari
Cher lecteur, si vous avez un avis sur le sujet, notre journal peut vous consacrer soit une contribution, soit à travers un entretien écrit.