L’exploration et l’exploitation du gaz de schiste en Algérie reviennent au goût du jour et par la grande porte !
Désormais, ce dossier, qui a fait couler beaucoup d’encre et avait même suscité de grandes manifestations dans le Sud du pays en 2016, n’est plus « tabou » et les plus grandes firmes internationales se livrent une concurrence féroce pour investir dans cette énergie.
Ainsi, les négociations entre l’Algérie et les géants américains de l’énergie ExxonMobil et Chevron progressent à grands pas, ouvrant la voie à un accord majeur pour l’exploitation des vastes réserves de gaz de schiste du pays.
Un rapprochement décisif avec les géants américains
En effet et selon le site spécialisé Attaqa, ce partenariat pourrait repositionner l’Algérie comme un acteur clé sur le marché énergétique mondial, notamment auprès de l’Europe en quête de nouvelles sources d’approvisionnement.
Depuis plusieurs mois, les discussions s’intensifient entre les autorités algériennes et les représentants d’ExxonMobil et de Chevron. Selon Samir Bakhti, nouveau directeur de l’Agence nationale pour la valorisation des hydrocarbures (ANHRI), des points techniques essentiels ont déjà été validés, tandis que les dernières questions, notamment la « compatibilité commerciale », sont en passe d’être résolues.
Ce dialogue constructif reflète un intérêt fort des deux groupes pour les ressources algériennes, conforté par la position géographique stratégique du pays et ses infrastructures de transport déjà opérationnelles.
Un contexte favorable au développement
L’intérêt d’ExxonMobil et de Chevron s’inscrit dans un mouvement plus large d’ouverture de l’Algérie aux expertises étrangères – américaines, chinoises et européennes – afin d’exploiter pleinement son potentiel énergétique. En marge d’événements organisés à Houston et ailleurs, les dirigeants algériens et américains ont multiplié les rencontres pour sceller une vision commune.
Ce rapprochement s’appuie sur des précédents : l’année dernière, Sonatrach a signé un accord préliminaire avec ces deux entreprises pour développer les hydrocarbures dans le bassin d’Ahnet. Plus récemment, un partenariat a également été conclu avec le chinois Sinopec pour l’exploration du gaz de schiste.
Un potentiel énergétique de « classe mondiale »
Chevron qualifie le système énergétique algérien de « classe mondiale ». L’Algérie dispose en effet de 707 000 milliards de pieds cubes de gaz de schiste récupérable, ce qui la place au troisième rang mondial selon l’Energy Information Administration des États-Unis.
La proximité avec le marché européen, conjuguée à un réseau de trois gazoducs reliant directement l’Algérie au Vieux Continent, constitue un atout stratégique majeur. Ces atouts pourraient accélérer le déploiement de la « révolution du gaz de schiste » algérienne, à l’image du boom pétrolier observé aux États-Unis.
Trois défis à relever
Si les infrastructures existantes facilitent le lancement du pompage, Samir Bakhti estime qu’il faudra deux à trois ans de préparation pour la collecte des données, les tests d’approvisionnement et les raccordements. Cependant, le coût élevé de l’exploitation reste un obstacle à la rentabilité. Les sites identifiés, situés dans des zones reculées, nécessitent d’importants investissements logistiques. De plus, l’opposition locale, nourrie par des craintes de pollution des eaux, freine parfois les projets. Les autorités affirment toutefois travailler à limiter l’impact environnemental afin de rassurer investisseurs et populations.
Vers un accord direct et stratégique
Le montant total de l’investissement attendu avoisine le milliard de dollars. Plutôt qu’un appel d’offres, les autorités envisagent une attribution directe à ExxonMobil et Chevron, en raison de leur expertise et de leur solidité financière.
Selon les parties prenantes, cette coopération pourrait constituer un tournant stratégique pour l’Algérie, renforçant ses revenus, sa place sur la scène énergétique internationale et sa capacité à répondre à la demande européenne croissante en gaz.