Par Djamel. K
Les pétards et autres produits pyrotechniques n’ont plus la côte ces dernières années en Algérie. Aussi bien à Alger, Tizi-Ouzou, Bouira, Oran ou encore à Ghardaïa, c’est la même tendance qui se dessine: Les revendeurs se font rares.
Ainsi, à Ghardaïa, les pétards sont quasiment introuvables. « Où trouver des pétards, Ya Aâmo » nous colle un gamin dans les venelles du vieux et ancien quartier juif de Ghardaïa, appelé à juste titre «Z’gag Lihoud», une véritable Casbah, avec des maisons enchevêtrées les unes aux autres, et des ruelles étroites.
C’est là que les années passées les revendeurs de pétards en tous genres faisaient florès, mais clap de fin, pas cette année. Il faut dire qu’après tant d’années de permissivité, les pouvoirs publics et notamment les services de sécurité, tous corps confondus, ont pris cette année le taureau par les cornes bloquant sur le terrain toutes possibilités de commercialisation, même à petite échelle, de produits pyrotechniques.
La police veille au grain!
En effet, Ils ont investi les moindres espaces susceptibles d’être occupés par les revendeurs. Ils sont partout, en tenues ou en civil, sur les grands boulevards, les places de marchés, les rues et ruelles, les arrêts de bus et même dans les cafés.
C’est dire le maillage étouffant pour les revendeurs qui ont compris qu’ils risquent gros s’ils sont attrapés en flagrant délit de vente ou de possession de produits pyrotechniques.
Quand bien même la réglementation est claire en la matière, les pétards en tous genres, bien qu’interdits, ont toujours été étalés au grand jour sur les places publiques, les marchés et les grands boulevards de Ghardaïa et de sa périphérie.
La loi (enfin) appliquée!
En effet, le décret 63-291 du 02 Août 1963 interdit formellement aussi bien la fabrication que la vente des pétards et produits pyrotechniques . Il est par ailleurs précisé dans son 1er article que tant la fabrication, l’importation que la vente de pétards et tous articles pyrotechniques du genre bombe, cartouche ou bombe fantaisie sont prohibées sur le territoire national. Le jet de pétards sur la voie publique est également interdit (article 2). Les contrevenants aux dispositions des 1er et 2e articles sont passibles de peines pouvant aller jusqu’à deux mois d’emprisonnement et d’une amende, outre la confiscation des articles pyrotechniques, selon le décret. C’est dire que le législateur Algérien a prévu des lois en la matière, c’est leur application qui peine à être concrétisée sur le terrain.
Mawlid Ennabaoui: La fête de toutes les dérives!
Mais la fête du Mawlid Ennabaoui Echarif, tradition religieuse jalousement conservée et en parallèle aux diverses manifestations religieuses programmées dans les mosquées à travers la wilaya de Ghardaïa, doit être fêté tel qu’il se doit par les familles Algériennes qui quelquefois jouent même avec la santé et la sécurité de leur progéniture en acceptant de laisser leur enfants jouer avec ces pétards , d’une dangerosité qui n’a rien à voir avec les pétards d’antan.
Comme chaque année, à l’approche de la fête du Mawlid Ennabaoui Echarrif, qui sera célébrée cette année lundi 16 septembre, pétards, feux d’artifice, fumigènes et autres produits pyrotechniques redeviennent à la mode. Même s’ils ne riment pas avec l’esprit de la fête et qu’ils soient assez chers, ces pétards aux appellations étranges, telles que « Ecchittana », « Zoudj Bombet » ou « Mergaza », ont pourtant été toujours très demandés.
Entre dangers et désagréments!
Pour Mohamed, enseignant d’Anglais dans un Lycée de Sidi Abbaz « les jeunes n’hésitent pas à faire exploser des pétards dans les magasins, les rues et les ruelles, ce qui met en danger nos femmes et nos enfants, qui , terrifiés, sursautent à la moindre explosion » ajoutant « certains écervelés s’amusent à se cacher dans les masures des ruelles d’où ils lancent avec insouciance des pétards allumés à côté des passants, croyant à un jeu , alors qu’il peut s’agir d’une personne malade ou enceinte et dont les conséquences pour sa santé peuvent être irréversibles», a-t-il fulminé.
Selon une ophtalmologiste installée à Ghardaïa, les pétards qui restent des produits nocifs sont la 1ère cause des accidents en période de fête du Mouloud Ennabaoui Echarif causant divers blessures à des degrés divers de gravité, notamment des contusions oculaires avec quelquefois même un œdème de Berlin. L’atteinte oculaire par un gros pétard ou une fusée peut aussi provoquer un éclatement du globe oculaire et une plaie de la paupière.
Célébrer la fête du Mouloud Ennabaoui Echarif, ou toute autre fête, ne peut être synonyme d’atteinte à la santé d’autrui ni même à la sienne. C’est tout simplement accomplir dans la joie et la communion un acte religieux festif tel qu’il nous a été légué par nos parents et nos grands-parents.
D.K