Inconcevable, pour ne pas dire irresponsable, que de continuer à permettre la tenue de cette espèce de rassemblement pour la curée, que l’on ose encore faire croire qu’il possède quelque chose qui puisse faire admettre l’idée que ce soit un marché.
Confiné dans le lit de l’Oued M’Zab, devenu (ou transformé, c’est selon) le réceptacle de toutes les immondices, les détritus et objets hétéroclites, balancés par des incivils en amont et le plus souvent charriés par ses eaux, le rassemblement chaque vendredi d’un nombre impressionnant de fourgons, d’étals et de lits de camps pourris, faisant office d’étals de marchandises à l’hygiène plus que douteuse et déplorable , peut se permettre de se donner n’importe quel espèce de nom, sauf celui de marché car, et de loin , il n’en possède aucune qualité .
Un « foyer d’infections » à ciel ouvert !
C’est en effet un cloaque à ciel ouvert, dans lequel une grande concentration humaine à forte dominante féminine accompagnée d’innocents bambins, lancés à la recherche d’objets et d’articles à moindre coût, mais au risque sanitaire patent et latent, patauge dans la boue et la gadoue, « slalomant » dans une odeur pestilentielle entre les filets et nappes d’eaux usées s’échappant des égouts béants émergents à la surface du sol. C’est une véritable atteinte à la santé d’autrui que d’autoriser la tenue d’un tel rassemblement commercial hebdomadaire dans ce lieu infect.
Située à quelques mètres de l’APC de Bounoura, en face du sublime Ksar de Béni Izguène, cette épouvantable « cicatrice nauséabonde » ne semble révolter aucun responsable, au point de se demander est-ce qu’ils en connaissent l’existence et si tel est le cas, l’ont-ils, ne serait-ce qu’une fois arpenté pour en mesurer les dangers potentiels au vu des désagréments qui en résultent ?
La vente dans des conditions insalubres de produits alimentaires sensibles exposés à la chaleur et à la poussière, notamment les œufs et les fromages se fait au vu et au su de tout le monde sans pour autant émouvoir les responsables en charge du contrôle de la qualité et des services d’hygiène, dont on se demande même s’ils existent ?
Des commerçants « intouchables » ?
Les consommateurs, notamment à faible revenus et au faible pouvoir d’achat, sont irrésistiblement attirés par les prix affichés, faisant fi des conditions d’hygiène dans lesquelles sont exposées les marchandises et ce au détriment de leur santé et de celle de leur innocente progéniture. Les commerçants quant à eux, bénéficiant d’une impunité douteuse, continuent de faire leur business sans inquiétude. Certains d’entre eux exposant même leurs produits dans des caisses crasseuses posées à même le sol boueux et infect, alors que d’autres, pire encore, étalent leurs marchandises sur des bouts de cartons dégoulinant d’un liquide visqueux et pestilentiel.
La saison des grandes chaleurs approchant, les dégâts sur la santé seront encore plus graves si des décisions draconiennes et fermes ne sont pas prises pour, d’abord délocaliser ce marché vers un lieu plus commode et propice à ce genre d’activité à forte densité humaine et ensuite réglementer cette activité hebdomadaire.
Un impératif de santé publique !
C’est un impératif de santé publique. Avec toutes les épidémies qui guettent les pays de la région, il y a urgence de prendre le taureau par les cornes. Depuis Hippocrate, l’ancêtre des médecins, et son traité «Des eaux, des airs et des lieux» illustrant l’implication des facteurs environnementaux, la santé publique devrait ne plus être perçue comme une simple dispensation de soins médicaux mais un dispositif complexe qui implique «tous les efforts coordonnés de la communauté pour l’assainissement de l’environnement, le contrôle des infections, l’éducation de l’individu aux principes de l’hygiène, (…) l’objet final étant de permettre à chaque individu de jouir de son droit inné à la santé et à la longévité…».
K.D