Les commerçants de la vieille ville de Ghardaïa sont ébullition. Depuis quelques semaines déjà, ces commerçants interpellent les pouvoirs publics à leur tête le wali de Ghardaïa afin de mettre un terme aux travaux de restauration de principale place commerciale.
Ainsi, ces commerçants refusent et dénoncent en même temps les travaux entamés par l’APC de Ghardaïa sans les n’avoir ni consultés et encore moins fait participer au choix des travaux à engager sur leurs façades et sur le pourtour de leurs lieux commerciaux.
Les travaux de la discorde
En effet, dans une longue correspondance, de deux pages, datée du 10 septembre 2025, dont JUST-INFODZ détient une copie, une trentaine de commerçants fustigent les travaux entamés par les services de la commune de Ghardaïa, devant et sur les façades de leurs locaux commerciaux, sans les n’avoir consultés ni même entendre leurs éventuelles réserves.
Tous les commerçants des deux côtés de longiligne Rue Chahid Aïssa Amieur, de celle parallèle Rue Kacem Belaâdis, tout autant que ceux de la grande place de Cheikh Ba Elhadj refusent mordicus que l’on touche à leurs locaux.
L’unilatéralisme du P/APC fustigé
Dans cette correspondance, ils dénoncent le « cavalier seul » de l’édile de Ghardaïa qui selon eux « n’en fait qu’à sa tête, ne tenant compte d’aucune objection, ni de celles émanant des commerçants ni de celle de Mr Mustapha Siousiou, leur représentant et coordinateur de wilaya de l’union générale des commerçants et artisans Algériens (UGCAA) de la wilaya de Ghardaïa ». « De quel droit, ce monsieur (le P/APC) se permet de décider seul de procéder à des travaux sur les façades de nos locaux commerciaux sans nous consulter ? » s’insurge un propriétaire d’un grand magasin de vente de robes de soirées et de mariées, situé en plein centre de la vieille ville de Ghardaïa.
Des commerçants extrêmement remontés
D’autres commerçants, s’interrogent sur l’origine de cette décision, laquelle est tombée tel un couperet. « Quelle lumineuse idée ! J’aimerais bien savoir qui est le génie qui pondu cette horreur », s’exclame son voisin en nous désignant du doigt ce qui était une belle placette en marbre, appelée les trois horloges, aujourd’hui complètement détruite, entourée de quelques plaques de tôles ondulées qui enlaidissent les lieux, pour soi-disant la remplacer par un monument.
« Sur quelles bases décide-t-il, comme ça un matin à sa descente de lit, de venir décaper nos façades, enlever nos enseignes d’au-dessus nos magasins, pour lesquelles nous avons dépensés de grosses sommes d’argent, et de détruire des espaces qui ont toujours fait office de périmètres de stationnement pour installer à leurs places face à nos locaux des chapiteaux » s’emporte un autre propriétaire de magasin qui ajoute « il est en train de tuer nos commerces en empêchant les gens de stationner pour venir acheter et en installer des chapiteaux commerciaux face à nos magasins. ».
Son voisin, vert de colère, souffle « nous refusons ces travaux qui n’ont aucun sens et qui ne ramènent rien de bon. Ghardaïa est une ville commerçante et nous sommes des commerçants de père en fils. C’est à nous de savoir ce qui peut apporter une plus-value à notre environnement commercial et pas un bureaucrate qui n’a aucune perception de notre métier. »
Trois décisions décriées
Ensuite et à notre question « que reprochez-vous exactement aux décisions du P /APC de Ghardaïa qui a initié ces travaux ? », la réponse a fusée de la gorge d’un vieux commerçant qui répond « ce monsieur (le P/APC) a pris seul trois décisions qui nous touchent en tant que commerçants et pour lesquelles nous opposons un refus catégorique » avant de les détailler « la 1ère décision, que nous estimons avoir été une erreur monumentale est celle d’avoir entamé des travaux sur la place de la Révolution en la détruisant totalement pour la remplacer par un monument. Nous opposons un refus catégorique à cette idée, car à voir ce qui est advenu des monuments érigés à Souk Lahtab et sur la place du vieux marché avec les amoncellements de détritus, de gravats et de déchets douteux, il est hors de question de créer devant nos magasins un dépotoir en tous genres. »
Son accompagnateur poursuit « nous refusons qu’on touche à nos façades et à nos enseignes. Elles sont esthétiques et il n’y a rien à leur reprocher. Pourquoi uniformiser toutes nos façades sur un même ton. Quelle idée saugrenue ! Même l’office de la protection et de la promotion de la vallée du M’zab (OPPVM) n’a jamais eu cette idée ! Ce P/APC est plus royaliste que le roi. ».
La 3ème décision de ce P/APC est celle de grignoter sur le trottoir face aux commerçants, en mordant sur plus de deux mètres en profondeur pour procéder à l’installation de chapiteaux. « Un non-sens !»
L’UGCAA marginalisée
Par ailleurs, tenu à l’écart de cette décision, M. Mustapha Soussou, le secrétaire national et coordinateur de wilaya de l’union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) de la wilaya de Ghardaïa, demande au wali d’ordonner le gel de ces opérations.
Ainsi, par le biais d’une correspondance datée du 14 septembre 2025, avec en tête et logo de l’union générale des commerçants et artisans algériens, Mustapha Soussou, le secrétaire national et coordinateur de wilaya de l’union générale des commerçants et artisans Algériens (UGCAA) de la wilaya de Ghardaïa, demande instamment au wali de Ghardaïa d’ordonner le gel de ces travaux et d’entamer une vraie discussion avec les commerçants et leur représentant pour décider collégialement de ce qui est le plus à même de contribuer au développement de la ville à travers sa vitrine essentielle qui est le commerce.
Le P/APC » fuit » la presse
« Nous avons depuis plus de dix ans demandé aux autorités de déplacer les grossistes de la ville vers El Atteuf. Ça aurait permis de désengorger une grande partie du poumon de la vieille ville de Ghardaïa. L’assiette existe, il ne manque que la décision des pouvoirs publics. ». Le bras de fer est engagé entre les deux parties, les autorités se doivent d’intervenir pour désamorcer la crise et apporter les solutions idoines à même de satisfaire toutes les parties.
Enfin, il y’a lieu de noter que nous avons essayé à plusieurs reprises d’être reçus par le P/APC, pour avoir son avis, sans succès, « il est en réunion, il est chez le wali, il est sur terrain, etc … », la même litanie. Nous avons essayé de le joindre au téléphone sur sa ligne personnelle, il ne répond jamais.