Alors que l’Algérie accueille, à partir d’aujourd’hui jeudi 4 septembre 2025, la 4ᵉ édition du Salon du commerce intra-africain (IATF 2025), les projecteurs sont braqués non seulement sur les enjeux économiques de l’événement, mais aussi sur la manière dont il sera couvert médiatiquement.
Ainsi, les médias et plus précisément les chaînes de télévision sont clairement dans le viseur de l’autorité nationale indépendante de régulation de l’audiovisuel (ANIRA). Ce « gendarme » de l’audiovisuel, exige des médias lourds, notamment les télévisions privées une couverture irréprochable de cet évènement commercial africain.
Un « rendez-vous stratégique » à ne pas rater !
En effet, l’autorité nationale indépendante de régulation de l’audiovisuel (ANIRA) ne laisse aucune place à l’improvisation. Dans un communiqué au ton ferme, elle somme les médias audiovisuels de se mobiliser massivement pour une couverture exceptionnelle et sans faille de ce qu’elle qualifie de « rendez-vous stratégique ».
Une démarche qui en dit long sur la volonté des autorités de maîtriser l’image que renverra l’Algérie à travers cet événement international. Derrière les appels à la rigueur professionnelle et à l’excellence éditoriale, c’est une mise sous pression des diffuseurs qui se profile.
Un journalisme sous haute surveillance
L’autorité de régulation insiste sur une diffusion en continu, à travers des éditions spéciales, des directs depuis les pavillons du salon et les salles du forum, ainsi qu’une approche éditoriale approfondie des retombées économiques attendues. En somme, les médias doivent être en mode « événement national permanent » pendant toute la durée du salon.
Mais l’enjeu ne se limite pas à la quantité. La qualité de l’information, elle aussi, est encadrée. L’ANIRA exige un traitement journalistique conforme aux « standards les plus élevés », allant de la vérification rigoureuse des faits à l’équilibre entre sources officielles, acteurs économiques et incubateurs de start-up. La frontière entre journalisme et communication commerciale est également rappelée : tout contenu sponsorisé devra être clairement identifié.
Un enjeu stratégique
Dans un contexte où les médias audiovisuels sont souvent accusés de relayer des discours uniformes, cette directive pourrait être interprétée comme une tentative de contrôle de la narration autour d’un événement censé réaffirmer la position géo-économique de l’Algérie.
Sous le slogan de la promotion du commerce intra-africain et de la construction d’un avenir basé sur la valeur ajoutée, le pays ambitionne de se poser en carrefour stratégique entre l’Afrique du Nord et le reste du continent. Les médias sont également appelés à adapter leur contenu aux publics fragiles, notamment les personnes malvoyantes et malentendantes, un rappel au devoir de service public souvent mis de côté.
Loin d’être une simple consigne de diffusion, cette injonction s’apparente à un test grandeur nature pour le secteur audiovisuel algérien, sommée de faire preuve de maturité professionnelle dans un contexte où l’image du pays est en jeu. L’IATF 2025 devient ainsi autant une vitrine économique qu’un révélateur du rapport entre médias, autorité et intérêt national.