Dans un contexte global de repli des prix à la production industrielle, la mécanique de précision pour équipements tire son épingle du jeu et envoie un signal positif sur les perspectives de relance du secteur industriel en Algérie.
C’est ce qui ressort du dernier rapport de l’office national des statistiques sur « les prix à la production industrielle au 1er trimestre 2025 ».
Ainsi et selon le Dr Rym Boulanouar, spécialiste en ingénierie mécanique, la mécanique de précision est un domaine de la fabrication qui se concentre sur la production de pièces avec des tolérances très faibles, c’est-à-dire avec une très grande exactitude dimensionnelle et géométrique.
Un signal fort
En effet, alors que l’indice global des prix à la production industrielle hors hydrocarbures a enregistré une baisse de 2,2 % au premier trimestre 2025 par rapport au trimestre précédent, et de -0,8 % en glissement annuel, un segment spécifique se distingue nettement : la mécanique de précision. Cette branche, souvent marginalisée dans les grands bilans économiques, enregistre une croissance remarquable de 9,7 % sur la période, incarnant un regain de dynamisme dans un secteur en quête de réindustrialisation.
Ce rebond n’est pas un cas isolé dans le sous-secteur des industries sidérurgiques, mécaniques, métalliques et électriques (ISMMEE). En effet, malgré une baisse globale de 4,8 % dans ce segment – principalement due à l’effondrement des prix dans la fabrication de biens intermédiaires métalliques (-18,7 %) – certaines activités montrent une vitalité notable. C’est le cas notamment de la sidérurgie et de la transformation de la fonte et de l’acier qui progressent de 4,5 %, signalant une possible reconstitution des marges industrielles après plusieurs trimestres de contraction.
Une dynamique contrastée entre secteurs
En dehors de la mécanique de précision, le paysage industriel public national reste globalement en zone rouge. Le secteur des mines et carrières, après une forte hausse de 6,6 % au quatrième trimestre 2024, chute lourdement avec un recul de 6,4 %. Cette baisse est alimentée principalement par la dégringolade des prix de l’extraction du minerai de phosphate (-7,8 %), une composante stratégique du tissu extractif algérien.
Du côté des industries agroalimentaires, un léger mieux est observé après un recul de 1,3 % au trimestre précédent. Le secteur rebondit faiblement avec une hausse de 0,5 %, portée essentiellement par l’augmentation des prix du travail de grain (+1,0 %), alors que d’autres branches comme la fabrication de produits alimentaires pour animaux continuent de s’enfoncer (-0,1 %).
Quant aux industries textiles, elles poursuivent leur repli avec une baisse de 1,5 %, touchant à la fois les biens intermédiaires (-0,6 %) et les biens de consommation (-2,1 %). Le secteur du bois, liège et papier n’est pas épargné non plus, accusant une baisse de 2,0 %, principalement liée à une chute de 4,9 % dans la transformation du papier.
Des signaux faibles mais porteurs d’espoir
Face à ce tableau globalement morose, certaines hausses méritent d’être saluées. Les prix dans la fabrication de produits en ciment et matériaux de construction divers progressent de 2,4 %, maintenant la tendance positive observée fin 2024. Le secteur de l’énergie, quant à lui, affiche une légère hausse de 0,4 % après une baisse de 1,8 % au trimestre précédent, laissant espérer une stabilisation des prix à court terme.
Plus globalement, les performances de la mécanique de précision apparaissent comme un indicateur de résilience et de potentiel pour l’industrie algérienne. En pleine phase de relance du tissu industriel national, notamment à travers des politiques de substitution aux importations et de relocalisation des chaînes de valeur, ce signal ne saurait être ignoré.