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Industrie : Le privé reprend, le public recule

L’observation des performances du secteur industriel joue un rôle crucial dans l’évaluation de la santé économique d’une nation. Une récente enquête d’opinion conduite par l’Office National des Statistiques (ONS) pour le troisième trimestre 2024 met en lumière les dynamiques contrastées de l’industrie algérienne.

Ainsi, les résultats de cette étude, basés sur les témoignages des responsables d’entreprises publiques et privées, offrent une vision détaillée des réalités du terrain, révélant aussi bien les défis que les opportunités qui se présentent au secteur.

Une activité à deux vitesses

En effet, selon l’ONS, le troisième trimestre de 2024 a révélé une situation contrastée dans le secteur industriel algérien, avec des développements divergents entre le secteur public et privé. Dans le secteur public, l’activité industrielle a poursuivi son déclin, avec des capacités de production exploitées entre 50 % et 75 %. En revanche, les entreprises privées ont observé une reprise modérée, bien que certaines aient rencontré des problèmes de ruptures de stocks de matières premières, parfois jusqu’à 10 jours. Ces interruptions, combinées aux coupures d’électricité touchant 12 % des entreprises publiques et 11 % des entreprises privées, illustrent les défis structurels persistants de l’industrie algérienne.

Une demande croissante mais…

L’enquête de l’ONS a également noté une augmentation de la demande en produits industriels dans les deux secteurs. Si les entreprises publiques ont globalement répondu à la demande, les entreprises privées ont rencontré des difficultés liées à des stocks déséquilibrés, 71 % d’entre elles jugeant leurs stocks « anormaux ». Cette situation met en évidence la nécessité de mieux ajuster la production à la demande.

Un marché de l’emploi sous tension

En matière d’emploi, le secteur public a connu une réduction des effectifs, tandis que ceux du secteur privé sont restés stables. Cependant, 18 % des entreprises publiques et 11 % des entreprises privées ont rencontré des difficultés pour recruter du personnel qualifié. Malgré ces défis, la majorité des chefs d’entreprise estiment qu’une augmentation des effectifs ne suffirait pas à augmenter la production, soulignant ainsi l’importance d’investir dans d’autres leviers, notamment l’équipement.

La situation financière des entreprises publiques demeure fragile, 28 % d’entre elles qualifiant leur trésorerie de « mauvaise », bien que 44 % aient un avis positif à cet égard. Pour le secteur privé, la trésorerie est généralement stable, mais les entreprises continuent de faire face à des délais de recouvrement allongés et à des charges d’exploitation élevées. Environ 12 % des entreprises publiques et 14 % des entreprises privées ont eu recours à des crédits bancaires, la majorité n’ayant pas rencontré de difficultés pour les obtenir.

Ce frein à la croissance

L’ONS met également en lumière la vétusté des équipements industriels, un problème qui touche aussi bien le secteur public que privé. De nombreuses entreprises ont dû faire face à des pannes fréquentes, généralement réparées en moins de six jours. Pour pallier ce problème, près de la moitié des entreprises ont procédé au renouvellement ou à l’extension de leurs équipements, soulignant ainsi l’importance d’une modernisation des infrastructures industrielles.

Malgré ces défis, les chefs d’entreprise restent optimistes pour le trimestre à venir. Ils prévoient une hausse de la production et de la demande, ainsi qu’une amélioration de leur trésorerie, ce qui pourrait apporter un souffle d’air frais à l’industrie algérienne.

Certains secteurs se distinguent par de meilleures performances, tels que le secteur des mines et carrières, qui connaît une stabilité actuelle, mais avec des perspectives de reprise. Le secteur des industries sidérurgiques et mécaniques (ISMMEE) affiche une croissance, bien que des tensions sur les stocks demeurent. De son côté, le secteur des matériaux de construction et de l’agroalimentaire continue d’expansionner, malgré une pression sur les équipements. En revanche, d’autres secteurs, comme les industries chimiques, les textiles et les cuirs, restent stables, mais nécessitent des investissements pour répondre aux défis en matière de trésorerie et de recrutement.

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