Les violentes intempéries qui ont dernièrement frappé plusieurs wilayas du pays, notamment M’Sila, ont causé la mort de sept personnes, dont quatre enfants, et fait plusieurs blessés.
L’opinion publique attendait des explications de la part du département de Said Sayoud, qui s’était rendu sur les lieux du sinistre, s’est engagé à faire la lumière de ce drame.
Ainsi et intervenant ce mercredi 1er octobre 2025, sur les ondes de la radio nationale, le délégué national aux risques majeurs (DNRM), Abdelhamid Afra, est revenu sur ce drame et les enseignements à en tirer, en soulignant une « responsabilité partagée» entre les collectivités locales et les citoyens.
Des pluies limitées, mais des dégâts amplifiés
En effet, pour M. Afra, le bilan aurait pu être « bien plus lourd » sans l’intervention rapide des services de la Protection civile et l’alerte donnée par Météo Algérie. Pourtant, les précipitations n’ont pas dépassé les 50 mm et étaient prévues par les bulletins météorologiques spéciaux (BMS).
Pour le délégué, c’est surtout « l’absence de culture préventive et l’urbanisation anarchique sur les berges des oueds » qui ont aggravé les dégâts, amplifiés par la réduction des espaces hydrauliques et l’accumulation de déchets.
Le cas emblématique de Sidi Aïssa
La ville de Sidi Issa illustre cette vulnérabilité : selon l’intervenant plusieurs oueds y convergent, transformant un atout naturel en menace récurrente. Les ouvrages de protection construits dans les années 1980 pour résister à des crues centennales ont aujourd’hui perdu de leur efficacité, faute d’entretien.
L’accumulation de sédiments et de déchets a réduit considérablement leur capacité d’évacuation des eaux. « Au lieu d’un point d’évacuation, nous nous retrouvons avec un goulot d’étranglement », a averti M. Afra, pointant directement le manque d’entretien et la négligence partagée entre autorités locales et citoyens.
865 points noirs à travers le pays
Au-delà de cette tragédie, M. Afra a révélé l’existence de 865 zones considérées comme particulièrement vulnérables aux catastrophes naturelles. Leur recensement repose sur des critères scientifiques précis, tels que la superficie des bassins hydriques, la composition des sols, le couvert végétal ou encore les données géographiques collectées par les cellules locales permanentes du ministère.
Une stratégie nationale sur 15 ans
Depuis novembre 2020, l’Algérie s’est dotée d’une stratégie nationale de gestion des risques sur une période de 15 ans. Celle-ci repose sur la prévention, l’entretien des infrastructures et l’interdiction progressive de l’urbanisation dans les zones vulnérables. Toutefois, M. Afra a reconnu que « la mise en œuvre progressive reste la voie la plus réaliste, compte tenu des moyens limités de certaines communes ».
Cette stratégie s’appuie également sur la loi 24-04, qui définit 18 types de risques et répartit les responsabilités entre différents départements ministériels, tout en plaçant le ministère de l’Intérieur au centre du dispositif.
Prévention et mobilisation citoyenne
Par ailleurs, M.Afra a révélé qu’un comité interministériel, regroupant une quinzaine de départements, dont l’Habitat et la Défense, travaille actuellement à l’élaboration de plans généraux de prévention pour limiter les constructions dans les zones inondables.