Alors que les investissements directs étrangers (IDE) connaissent un net recul à l’échelle mondiale, l’Algérie tire son épingle du jeu en enregistrant une progression notable, signe d’un environnement des affaires en nette amélioration.
Ainsi, dans un monde en proie à l’incertitude géopolitique, au recul de la mondialisation et aux tensions commerciales persistantes, les IDE ont chuté de 11% en 2024 pour atteindre 1500 milliards de dollars, selon le dernier rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).
L’exception algérienne !
En effet, Un tableau sombre brossé dès la préface du document par le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, qui s’inquiète de « barrières qui se multiplient » et de « conséquences profondes pour le développement durable ».
Pourtant, dans ce contexte morose, l’Algérie réussit à aller à contre-courant de la tendance. Le pays a en effet attiré 1,4 milliard de dollars d’IDE en 2024, contre 1,2 milliard l’année précédente. Il s’agit là de son meilleur score depuis 2019, année où les flux d’IDE avaient atteint 1,3 milliard de dollars.
Un climat d’affaires propice
Ce regain d’intérêt des investisseurs étrangers est loin d’être le fruit du hasard. Il résulte selon le document d’un travail de fond engagé par les autorités algériennes depuis plusieurs années, visant à réformer, simplifier et moderniser le cadre de l’investissement.
La suppression de la règle des 51/49 %, longtemps perçue comme un frein aux IDE, a marqué un tournant décisif. Elle a été suivie par la création de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), qui veille désormais à assurer une égalité de traitement entre investisseurs nationaux et étrangers.
S’ajoutent à cela la réorganisation de l’accès au foncier économique, la garantie d’une stabilité réglementaire sur dix ans, ainsi que la prochaine mise en service du guichet unique de l’investissement, qui concentrera toutes les formalités en un seul point d’accès. Autant de leviers destinés à rassurer les opérateurs économiques et à améliorer la visibilité et la prévisibilité du marché algérien.
Une performance à relativiser, mais prometteuse
Si l’Algérie reste encore loin des géants du continent, tels que l’Égypte, qui à elle seule a capté 46,5 milliards de dollars d’IDE en 2024 — notamment grâce à son mégaprojet urbain Ras El Hekma —, le pays progresse régulièrement dans les classements.
Au niveau continental, l’Afrique a connu une embellie inattendue avec une hausse de 75 % des flux d’IDE, atteignant 97 milliards de dollars, dont 50,6 milliards pour l’Afrique du Nord. L’Algérie ne figure certes pas parmi les premières destinations africaines, mais son stock total d’IDE atteint désormais 38,2 milliards de dollars, illustrant l’intérêt croissant des investisseurs sur le moyen et long terme.
Des perspectives à consolider
L’enjeu désormais pour l’Algérie est de pérenniser cette dynamique et d’en amplifier les effets. L’activation prochaine du guichet unique, l’extension des incitations fiscales, la promotion d’une administration numérique et l’appui aux partenariats public-privé seront des étapes déterminantes pour asseoir la place de l’Algérie comme pôle d’attraction régional fiable et compétitif. Dans un monde où les flux financiers se raréfient et où les pays en développement sont souvent les plus touchés, la performance de l’Algérie en 2024 constitue un signal fort. Celui d’un pays qui, malgré les défis, se réinvente pour mieux accueillir et valoriser les investissements étrangers.