La situation en Palestine occupée et dans la bande de Ghaza en particulier, échappe désormais à tout contrôle. En effet, aussi bien les instances internationales que les gouvernements et les Organisations non gouvernementales (ONG), ont montré leurs limites et surtout leur impuissance face à l’hégémonie de l’entité sioniste et sa « marraine » US.
En somme, nous sommes devant la morale issue de la fable du « Loup et l’agneau » de Jean de La Fontaine, à savoir : La raison du plus fort est toujours la meilleure.
Cependant et au-delà de cette réalité des plus amers, se dissimulent des desseins, enjeux et autres visions qui peuvent échapper à l’œil des moins avisés d’entre nous.
Ainsi et dans le but d’avoir une analyse pointue et sans concessions sur les tenants et aboutissants de ce conflit, lequel nous n’y voyons que souffrances, massacres et épurations ethniques, attache a été prise avec le politologue et écrivain, Jacob Cohen.
Né à Casablanca au Maroc, d’origine juif, il s’identifie comme un militant antisioniste et anti-impérialiste. Dans cet entretien accordé à Just-infodz, il revient pour nous sur la dramatique et évolution des évènements en Palestine occupée, mais aussi sur les réels enjeux de cette guerre à « sens unique », où semble émerger une nouvelle cartographie du Proche et Moyen Orient.
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR SALIHA AIT- SAID
Just-infodz: La barre des 11 000 martyres a été dépassée à Ghaza. Un mot déjà rapidement sur cette situation.
- Jacob Cohen: Une situation dramatique qui n’est pas près de prendre fin. Il y aura malheureusement d’autres malheurs, d’autres drames. Je crains un nettoyage ethnique de grande ampleur.
Face à ce génocide les instances internationales semblent paralysées pourquoi ?
- Les instances internationales n’ont aucun pouvoir. Elles peuvent prendre des résolutions mais elles n’ont pas les moyens de les mettre en application sans l’accord de toutes les grandes puissances.
La réforme de ces institutions est -elle urgente ?
- Le réforme des institutions ne changera rien. Les relations internationales sont basées sur le rapport des forces. Plus un Etat est fort et moins il a à craindre des institutions, quelque forme qu’elles prennent.
Pour certains, ce bombardement traduit la volonté d’un génocide ou d’une épuration ethnique ?
- Je dirais en premier lieu une épuration ethnique, car le régime sioniste se contenterait d’un exode massif des Gazaouis. Ce qui lui permettra de gagner un nouveau territoire gorgé de richesses énergétiques.
Certains affirment que c’est la politique de Netanyahou qui conduit à ce regain de violence qu’en pensez – vous ?
- Ce n’est pas exact. Tous les gouvernements sionistes, depuis le nettoyage ethnique touchant 95% des Palestiniens en 1948, ont mené la même politique, de violence, d’occupation, d’expulsion, d’assassinats.
Un avis sur avenir de Ghaza et au même titre de la Cisjordanie occupée ?
- L’avenir de Gaza semble scellé. Le régime sioniste fera tout pour liquider la plus grande partie de sa population. Et ceux qui resteront auront la vie dure. La Cisjordanie occupée connaît plus ou moins le même sort. Sauf que les occupants sionistes sont présents et harcèlent les Palestiniens au quotidien. Ces derniers vivent presque le même enfer que celui des Gazaouis.
Le blocus imposé à Ghaza, n’est-il pas un l’échec des instances internationale ?
- Le blocus est affaire de rapport de forces. Le droit ne vaut pas grand-chose. Prenez les Américains et leurs divers blocus ou boycotts illégaux. Personne ne leur dit rien. De même pour le blocus de Gaza. Un seul pays a tenté de le briser. Une flottille turque en 2010. Echec et une dizaine de morts turcs. Depuis aucun autre Etat n’a osé défier le blocus sioniste de Gaza.
Le rôle de l’Egypte dans ce blocus ?
- Le régime égyptien s’est définitivement mis du côté de l’axe américano-sioniste. Il a aussi besoin de l’argent saoudien. Il a appliqué scrupuleusement le blocus de Gaza et la lutte contre les mouvements de résistance. Il n’y a pas grand-chose à attendre de lui, sauf de ne pas trop heurter les sentiments nationalistes de son peuple. C’est pour cela qu’il hésite à recevoir les Gazaouis expulsés contre des dizaines de milliards.
Quid sur la normalisation des pays arabes et des accords d’Abraham ?
- Les pays qui ont normalisé avec Israël l’ont fait en acceptant la domination sioniste, car ils n’ont rien obtenu sur l’occupation du Golan syrien et d’Al-Quds, et rien sur le sort d’un Etat palestinien. Donc ils vont faire le dos rond. Ils attendront la fin du conflit pour reprendre le cours normal de la normalisation.
Se dirige-ton vers un conflit régional, surtout avec l’implication de l’Axe Téhéran-Damas-Hezbollah ?
- Mon intuition est que tous les Etats ne recherchent pas un conflit régional. Mais si le régime sioniste va au bout de son plan de nettoyer Gaza de ses 2 millions d’habitants, et de poursuivre ses bombardements inhumains, les choses pourraient évoluer vers un embrasement général.
Pensez-vous que la mobilisation populaire mondiale peut conduire à cesser le feu ?
- Cela dépend de quelle mobilisation. En général les alliés d’Israël font en sorte que les manifestations soient interdites ou discréditées. Les manifestations dans les universités américaines ou associant des juifs et des musulmans comme il y a eu aux Etats-Unis peuvent avoir une influence. Mais il ne faut pas rêver. Ce n’est pas ça qui va arrêter la machine de guerre sioniste.
Les dirigeants de l’occident ont-ils creusé le faussée avec leurs peuples ?
- Malheureusement en Occident les peuples, dans leur majorité, suivent leurs gouvernements. Soit par conviction, ou par résignation, ou par le matraquage de la propagande. Il y a aussi le fait qu’il n’y a plus en Occident de grands médias libres ou indépendants. On l’a vu avec la crise du covid, l’Ukraine et maintenant Israël.
S.A.S