L’Algérie s’oriente vers un tournant judiciaire majeur. Après plus de trois décennies de gel, l’application de la peine de mort pourrait prochainement être réactivée.
Ainsi, la peine capitale pourrait notamment être prononcée dans les affaires liées au trafic de drogue en milieu scolaire et à l’enlèvement d’enfants. Une annonce forte, relayée par le président de la Cour de Béjaïa, Mustapha Semati, qui confirme les intentions exprimées récemment par les plus hautes autorités du pays.
Une justice « ferme et déterminée » face à une menace croissante
En effet et dans une déclaration rapportée par plusieurs médias nationaux, Moustapha Semati a affirmé que « l’on commencera prochainement à rétablir l’application de la peine de mort, gelée depuis 1993 », en précisant que cette mesure concernera en priorité les affaires d’enlèvement d’enfants ainsi que la vente de drogues dans les établissements scolaires. Il s’est appuyé sur les engagements pris par le président Abdelmadjid Tebboune lors de son discours d’ouverture de l’année judiciaire, prononcé la semaine dernière.
Cette prise de position judiciaire fait suite à des propos tout aussi fermes tenus plus tôt cette année par le ministre de la Justice, Lotfi Boudjemaa, lors de son intervention devant l’Assemblée populaire nationale (APN). Le ministre avait alors défendu un projet de loi sur la prévention des drogues et substances psychotropes, en insistant sur le besoin de renforcer les moyens répressifs face à une « propagation alarmante » du trafic de drogue dans le pays.
La peine capitale, une « nécessité sécuritaire » selon le gouvernement
Selon Lotfi Boudjemaa, l’Algérie, en tant qu’État souverain, est en droit de prendre toutes les décisions nécessaires pour protéger sa société. Il a estimé que la situation actuelle, marquée par l’infiltration des réseaux de drogue jusque dans les établissements scolaires, justifie un recours exceptionnel à la peine de mort. « L’épée de la justice tranchera les têtes de ces bandes », avait-il déclaré dans un ton martial, qualifiant la lutte contre les trafiquants de « guerre contre l’Algérie ».
Le ministre avait également rappelé que l’application de la peine capitale avait été gelée en 1993, dans le cadre des engagements internationaux de l’Algérie. La dernière exécution remonte à cette même année, durant la période de la « décennie noire », après l’attentat perpétré à l’aéroport Houari Boumediene par des membres du Front islamique du salut (FIS) dissous.