La Banque d’Algérie a déclenché une offensive majeure contre les transactions numériques non régulées, visant à assécher les sources de financement illicite.
Ainsi et dans un ciel économique déjà sous haute surveillance, l’institution vient de serrer la vis de manière drastique autour des cryptomonnaies et des plateformes de jeux en ligne, sonnant potentiellement le glas de l’ère de la spéculation virtuelle sur le territoire national.
Le message est sans appel : Interdiction formelle du transfert
En effet et face à la menace grandissante du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme, le régulateur ne fait plus dans la demi-mesure. C’est par le biais des lignes directrices N°06/2025, publiées le 12 novembre 2025 par la Commission bancaire, que cet arsenal de surveillance a été formalisé.
L’objectif est identifié, bloquer et interdire toute opération liée aux actifs virtuels, marquant ainsi une étape décisive dans la sécurisation du système financier algérien.
Le texte régulateur définit un actif virtuel comme toute « valeur numérique qui peut être échangée de manière digitale, transférée ou utilisée à des fins de paiement ou d’investissement ». Cette définition exclut, bien entendu, les devises fiduciaires numériques et les actifs financiers classiques.
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La Commission bancaire justifie cette position ferme par l’absence de toute garantie étatique ou de soutien par l’or ou les devises traditionnelles. Si ces outils séduisent par leur rapidité et l’absence d’intermédiaires, ils sont malheureusement devenus, selon le communiqué, le terrain de jeu privilégié des « acteurs malveillants, tels que les fraudeurs, criminels et blanchisseurs d’argent ».
Malgré l’interdiction préexistante, des transactions persistaient via des plateformes étrangères, transitant par les comptes bancaires ou postaux algériens. Les nouvelles directives obligent donc les banques et services financiers d’Algérie Poste à mettre en place des systèmes de détection rigoureux et à s’abstenir de toute relation ou transaction suspectée d’être liée aux cryptomonnaies.
Les sept « transactions capitales »
Afin de lutter contre les transferts illicites persistants via des plateformes étrangères, les autorités algériennes ont imposé aux banques et à Algérie Poste une vigilance accrue, les obligeant à se doter de systèmes de détection.
Cette nouvelle ligne directrice liste sept opérations spécifiques qui doivent impérativement éveiller les soupçons, marquant l’arrêt des flux vers l’économie souterraine : elles concernent les transactions vers des sites ou jeux en ligne nouveaux, cachés ou déjà signalés comme impliqués dans des opérations d’actifs virtuels.
Les établissements doivent également surveiller les virements répétitifs de faible montant ou ceux émanant d’un compte récemment ouvert ou dormant (« réactivé ») dont l’analyse révèle une incohérence.
Deux types de flux incohérents sont particulièrement visés : les virements effectués par un client ou un groupe de clients vers une même plateforme ou entité sans relation d’affaires logique, et la concentration atypique d’opérations répétitives vers une personne ou entité ne correspondant pas au profil, à l’activité ou à l’historique du client.
Enfin, la suspicion doit se porter sur les virements et dépôts de couverture qui consistent en des versements en espèces répétés, suivis de virements vers d’autres comptes, dans le but évident de masquer l’origine des fonds pour les convertir en actifs virtuels.
Avec ces lignes directrices, la Commission bancaire ne laisse plus aucune place à l’interprétation ou à la négligence. Les indicateurs de risque doivent être appliqués « de manière systématique » dans le cadre du contrôle interne.
La conclusion est sans appel : des sanctions sont prévues à l’encontre des établissements bancaires et financiers qui enfreindraient ces mesures, conformément à la législation en vigueur.
L’Algérie se positionne ainsi fermement contre l’anonymat et le risque systémique que représentent les cryptomonnaies, privilégiant la stabilité et la transparence de son système financier au détriment de l’expérimentation numérique.
