L’Algérie est en pleine mutation économique. Le pays est un immense chantier à ciel ouvert, puisque ce ne sont pas moins de 50 « mégas projets » qui sont en cours de réalisation à travers tout le territoire national.
Ainsi et selon les révélations du dirceteur de la Caisse nationale d’équipement pour le développement (CNED), ces projets structurants et névralgiques, représentent la coquette somme de 6 400 milliards de dinars, soit, pas moins de 50 milliards de dollars.
Les Travaux publics se taillent la part du lion !
En effet et d’après M. Salim Telidji, directeur du Cned, un organisme qui joue un rôle clé dans l’optimisation des dépenses publiques, la maîtrise des coûts et la prévention des dépassements de délais, suit actuellement la réalisation d’environ cinquante projets d’équipement d’envergure. Ces projets totalisent une enveloppe globale de plus de 6.400 milliards de dinars, l’équivalent de 50 milliards de dollars.
À ce jour, près de 78 % des projets supervisés concernent les secteurs des Travaux publics et des infrastructures de base, représentant 33 opérations. Les autres projets sont répartis entre le secteur de l’hydraulique (11 projets) et celui de l’Habitat, de l’urbanisme et de la ville (6 projets).
Metro, tramways, stations de dessalement…
Les projets encadrés par la Cned couvrent un large spectre d’infrastructures essentielles : autoroutes, lignes ferroviaires, tramways, métros, barrages, stations de dessalement d’eau de mer, réseaux de transfert hydraulique, ainsi que villes nouvelles et équipements publics. Cette diversité témoigne de l’ambition de l’État à moderniser les infrastructures du pays tout en garantissant leur viabilité financière et technique à long terme.
Rigueur et contrôle, les maîtres mots du Cned
Dans une optique de rationalisation de la dépense publique, la Cned analyse minutieusement les études de projets financés par le budget de l’État. Elle émet des avis techniques et financiers afin d’optimiser les investissements, anticiper les risques de surcoûts et éviter les retards d’exécution.
L’objectif, selon M. Telidji, est d’avoir une vision d’ensemble sur les coûts, les délais et la qualité des projets. Cette démarche permet également d’identifier les contraintes rencontrées par les maîtres d’ouvrage et de leur proposer des recommandations concrètes.
En 2024, la Cned a déjà examiné plus de 30 dossiers d’étude couvrant une vingtaine de projets. Depuis sa création en 2006, l’organisme a passé en revue les études de 180 grands projets publics.
semer la « culture » de la qualité
Autre évolution notable : une prise de conscience croissante des promoteurs publics sur la nécessité de renforcer la qualité des études préalables. Qu’il s’agisse de faisabilité, d’impact environnemental et social, ou encore d’analyses techniques approfondies, ces études deviennent un passage obligé avant le lancement de projets majeurs.
Ce changement d’approche s’accompagne d’un progrès visible des compétences locales en matière d’ingénierie, de conseil et d’expertise. Les guides méthodologiques élaborés par la Cned, associés à une diffusion des bonnes pratiques, ont permis une meilleure préparation et maturation des projets.
Cap sur la digitalisation du suivi des projets
Dans le cadre de sa modernisation, la Cned prévoit le lancement imminent d’une plateforme numérique dédiée à la gestion et au suivi des projets d’équipement. Cette application innovante offrira aux partenaires institutionnels – ministères et maîtres d’ouvrage délégués – un espace pour transmettre les dossiers d’études et données techniques.
En contrepartie, ils auront un accès direct et en temps réel aux analyses de la Cned, aux rapports d’expertise, ainsi qu’aux indicateurs de performance des projets suivis. Ce dispositif vise à renforcer la transparence, l’efficacité et la traçabilité de la gestion des grands chantiers publics.
Le Partenariat public-privé, un levier stratégique
Parallèlement, la Cned joue un rôle actif dans la promotion du Partenariat public-privé (PPP) comme alternative de financement des infrastructures. Cette approche s’inscrit dans les réformes structurelles prônées par les autorités pour diversifier l’économie nationale. Sous l’égide de la Direction générale du budget, la Cned a contribué à l’élaboration d’un avant-projet de loi sur le PPP, actuellement en phase d’enrichissement, en ligne avec les orientations du président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
Une expérience nationale éprouvée
L’Algérie dispose d’expériences réussies en matière de PPP, notamment dans la construction de stations de dessalement et de centrales électriques, ou encore dans la gestion de la distribution d’eau potable à Alger, Tipaza, Oran, Annaba et Constantine.
Des concessions portuaires, comme les terminaux à conteneurs des ports d’Alger et de Djen Djen, illustrent également cette dynamique. Pour pérenniser ce modèle, M. Telidji insiste sur la nécessité d’un cadre législatif harmonisé avec les réglementations sectorielles et les règles des marchés publics. Il souligne également l’importance d’améliorer le climat des affaires et le cadre institutionnel afin de favoriser les investissements privés.
Vers une gouvernance modernisée
À travers son rôle d’accompagnement technique, d’évaluation et de veille stratégique, la Cned s’impose comme un acteur central dans la modernisation des infrastructures publiques en Algérie. L’intégration des outils numériques, l’appui aux PPP et la valorisation des compétences locales sont autant d’axes qui participent à la transformation du paysage national du développement.