La librairie Chikh est une institution culturelle bien connue des éditeurs et des écrivains algériens, dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Elle a été malheureusement fermée pour un mois, et ce, sur instruction des autorités publiques.
Ainsi, selon M. Omar Chikh, son propriétaire, on lui reproche de ne pas avoir « la mention des ventes dédicaces sur son registre de commerce » ! Un code qui, selon la même source, qui n’existe pas au CNRC (Centre national du registre de commerce). « Il n’est exigé d’aucune autre librairie à travers le territoire national, où les séances de signature se déroulent sans incident », a-t-il fait remarquer.
La «Mecque» des écrivains
La librairie Cheikh multi-livres est la plus ancienne librairie dans toute la région. Située au cœur de la ville de Tizi Ouzou, cette librairie très spacieuse permet au lecteur de découvrir le maximum d’ouvrages dans toutes les spécialités et dans plusieurs langues. En plus d’être ce grand coffre à livres, elle reçoit souvent des écrivains de tous les horizons pour des ventes dédicaces dont d’anciens ministres et ambassadeurs. Les nouveautés y atterrissent chez Cheikh qui, chaque année, organise des ventes promotionnelles. Mieux, les après-midis de jeudi et samedi, des rencontres sont réservées aux auteurs qui viennent des quatre coins du pays pour rencontrer et discuter avec les amoureux du livre.
Vaste élan de solidarité
L’annonce de sa fermeture a vite fait le tour des réseaux sociaux. Dans ce sillage, les éditions Koukou ont rendu public un communiqué où, son directeur Arezki Ait Larbi estime que cette fermeture intervient au « moment où le pays traverse une zone de turbulences géopolitiques« . L’universitaire Said Chemakh a estimé que cette librairie « est un des rares espaces de culture, de savoir, de contact avec les écrivains qui nous reste. Je dénonce cette fermeture comme j’ai dénoncé les autres atteintes aux libertés démocratique ».
De son côté, l’ancien président du RCD Mohcine Belabbas a déclaré que « les portes d’une librairie se sont refermées, non pas faute de lecteurs, mais sur ordre des autorités. Ce geste, brutal et injustifiable, marque une nouvelle attaque contre la pensée libre et les espaces d’échange intellectuel ». « Une librairie n’est pas un simple commerce. C’est un phare dans l’obscurité, une invitation à rêver, à comprendre, à questionner. Elle est un lieu où les esprits se rencontrent, où se construit une société consciente de son histoire et de ses défis », a-t-il déclaré estimant que « la fermer, c’est mutiler un pan de notre humanité, c’est considérer la réflexion et l’éveil citoyen comme des menaces plutôt que des richesses ».
L’écrivain et psychiatre Mahmoud Boudarene, a estimé qu’ à travers cette fermeture « on cherche à étouffer la création, les voix critiques et uniformiser la pensée collective. L’histoire montre que la culture, quand elle est réprimée, résiste toujours. Elle trouve les moyens d’exprimer et devient un outil puissant de contestation et de résilience», a-t-il estimé.