Des chercheurs de Harvard ont découvert qu’un simple test sanguin pourrait permettre de prédire les risques de maladies cardiovasculaires chez les femmes jusqu’à 30 ans avant l’apparition des premiers symptômes.
Cette étude majeure, présentée lors du congrès 2024 de la Société européenne de cardiologie à Londres et publiée hier 31 aout dans le prestigieux New England Journal of Medicine, pourrait révolutionner la prévention des maladies cardiaques chez les femmes.
L’aboutissement de 30 ans de recherches
En effet, l’étude a suivi 27 939 participantes de la Women’s Health Initiative pendant trois décennies. Entre 1992 et 1995, ces femmes ont subi des analyses de sang pour trois biomarqueurs clés : le cholestérol à lipoprotéines de basse densité (LDL-C), la protéine C-réactive de haute sensibilité (hsCRP), un indicateur d’inflammation des vaisseaux sanguins, et la lipoprotéine(a), une graisse génétiquement déterminée. Les résultats ont montré que les femmes ayant les niveaux les plus élevés de ces biomarqueurs présentaient un risque significativement accru d’événements cardiovasculaires majeurs tels que les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux.
Plus précisément, le risque d’événements cardiovasculaires majeurs au cours des 30 années suivantes était 36 % plus élevé chez les femmes avec des niveaux élevés de LDL-C, 70 % plus élevé pour celles avec des niveaux élevés de hsCRP, et 33 % plus élevé pour celles avec des niveaux élevés de lipoprotéine(a). Les femmes présentant des niveaux élevés des trois biomarqueurs avaient 2,6 fois plus de risques de subir un événement cardiovasculaire majeur et 3,7 fois plus de risques de subir un accident vasculaire cérébral.
Une « révolution » des paradigmes de prévention
Le Dr Paul Ridker, auteur principal de l’étude et directeur du Centre de prévention des maladies cardiovasculaires à l’hôpital Brigham and Women’s de Boston, a souligné l’importance de ces résultats pour la révision des lignes directrices actuelles en matière de prévention des maladies cardiaques. Il a déclaré que «les femmes devraient commencer à être évaluées pour les risques cardiovasculaires dès la trentaine, plutôt qu’après la ménopause, comme c’est le cas actuellement».
Ridker a également mis en avant les implications thérapeutiques de cette découverte. Les traitements visant à réduire le LDL-C et la hsCRP, comme les statines et certains médicaments pour l’hypertension, sont déjà largement disponibles. En revanche, les traitements pour réduire les niveaux de lipoprotéine(a) sont encore en développement. Ces nouveaux traitements pourraient permettre une approche plus ciblée de la prévention des maladies cardiovasculaires, en fonction des biomarqueurs spécifiques de chaque patiente.
Des implications majeures à prévoir
L’étude a principalement porté sur des femmes américaines de race blanche, mais les chercheurs estiment que ces résultats pourraient avoir un impact encore plus important chez les femmes noires et hispaniques, qui présentent une prévalence plus élevée d’inflammation non détectée et non traitée.
Le Dr Ridker a appelé à un dépistage universel des biomarqueurs hsCRP et lipoprotéine(a), en plus du dépistage standard du cholestérol, afin de mieux identifier les femmes à risque et de mettre en œuvre des interventions précoces.
Cette recherche ouvre de nouvelles perspectives pour la prévention des maladies cardiovasculaires chez les femmes, en proposant un dépistage plus précoce et des interventions personnalisées basées sur des biomarqueurs spécifiques. Les implications pour la santé publique sont vastes, avec un potentiel de réduction significative des maladies cardiaques chez les femmes grâce à une meilleure anticipation et gestion des risques.
C.K