Climat de fin de règne au Mali. Le groupe terroriste Jnim a réussi à étouffer Bamako avec son blocus des accès qui privé depuis des semaines la capitale malienne de carburant et de produits alimentaires.
Ainsi, économiquement exsangue, défaillance sécuritaire et aggravation de la pauvreté, les autorités de transition issues du double coup d’état de 2020 et 2021 ont mené le Mali au naufrage.
Les putschistes pris à leur propre piège
En effet, les terroristes ont réussi à asphyxier Bamako alors que la junte au pouvoir conduite par le colonel Assimi Goita, avait réussi avec la politique singulière qu’elle a mené depuis le putsch de 2021, à s’isoler par la destruction de tous les édifices de la vie démocratique du pays, les partis politiques, les instances élues, les syndicats, les associations, à isoler tout le pays en créant par ailleurs des tensions avec ses voisins, les pays de la Cédéao qu’il a quittée, l’Algérie, la Mauritanie ou encore, par intermittence avec la Guinée et la Cote d’Ivoire, et allant chercher loin des alliances aussi incertaines que douteuses.
Mali, un pays à la dérive
Résultat des courses : le JNIM opère en terrain conquis, exécute publiquement une tiktokeuse, enlève des étrangers pour les libérer contre le paiement de rançon et impose sa loi aux transports. Les chancelleries étrangères ont rappelé leurs personnels non indispensables. Pendant ce temps, Assimi Goita est absent. Introuvable.
Des sources disent qu’il s’est réfugié dans un camp militaire hautement sécurisé alors que d’autres l’annoncent au Maroc où il a fui sachant la chute de Bamako proche. A plus forte raison que même le bloc de la hiérarchie militaire s’est fissuré, partagé entre les pro-Wagner (société privée russe de sécurité rebaptisée Africa Corps) et les partisans d’un retour à un processus politique, à l’Accord d’Alger qui garantissait au moins l’unité et la sécurité du pays.
Jnim assiège Bamako
La situation du Mali aujourd’hui représente une sérieuse menace pour la stabilité et la sécurité de tous les pays de la région. Les pays voisins du Mali ont renforcé la surveillance de leurs frontières devant le risque de l’extension des activités terroristes en cas de chute de Bamako et devant le flux de réfugiés que celle-ci va induire.
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Raison pour laquelle l’Union africaine a tiré la sonnette d’alarme, ce lundi, en appelant à une action urgente de la communauté internationale. En effet, son président, Mahmoud Ali Youssouf, a appelé, dimanche passé, à « une action internationale urgente face à l’escalade de la crise au Mali » et a exprimé « sa profonde préoccupation face à la détérioration rapide de la situation sécuritaire au Mali, où des groupes terroristes ont imposé un blocus, interrompu l’accès aux biens essentiels et aggravé de manière dramatique la crise humanitaire pour les populations civiles », selon un communiqué de la Commission. Condamnant les attaques ciblant des civils innocents, a exhorté « à une réponse internationale forte, coordonnée et cohérente pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent au Sahel ».
Appel à sauver
Mahmoud Ali Youssouf a réaffirmé, selon la même source, « la pleine disponibilité de l’Union africaine à accompagner le Mali, ainsi que l’ensemble des pays du Sahel, dans cette phase particulièrement délicate, en apportant l’appui nécessaire à leurs efforts en faveur de la paix et de la stabilité ».
Des voix, rares certes mais qui portent suffisamment, se sont élevées pour réclamer le changement, des mesures pour sauver le pays de la dérive. Ainsi dans une longue lettre ouverte à Assimi Goita, publiée, lundi, dans le Financialafrika, l’ancien garde des Sceaux, Mamadou Ismaïla Konaté, a appelé le président de la transition à la démission pour amorcer un nouveau processus démocratique qui garantisse la stabilité et la sécurité.
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Chaos, désordre, déni de droit, terrorisme, exode, désastre socio-économique, pauvreté, malnutrition, incapacité à gouverner, effondrement des finances publics, font grosso modo les grands traits du Mali d’aujourd’hui qui sont à l’origine de « cet appel solennel à la démission ». Il a par ailleurs détaillé un plan de « transition » sous contrôle populaire pour le retour « sûr » à l’ordre constitutionnel.
Sursaut populaire
De son coté, Mme Tiguida Diagouraga dite «Ty Chérie» est la Présidente de l’Association Faso Baara Ton et la porte-parole du Front pour la paix au Mali, a appelé à un sursaut du peuple malien pour sauver le pays de la crise qu’il traverse. Elle a organisé avec d’autres militants un meeting « pour la paix et la réconciliation » de la diaspora malienne à Paris. Entre autres propositions qu’elle a faites, dans un entretien à Le Challenger, ce lundi, faire appel à l’imam Mahmoud Dicko, leader religieux charismatique et un des piliers du mouvement M5-RPF qui a largement contribué à la chute du président I. B Keita.
Dicko, l’homme de la réconciliation
Outre son aura, l’imam, un partisan actif de la réconciliation est allé rencontrer les deux chefs terroristes, Iyad Ag Ghaly, leader d’Anser Edine et aujourd’hui du JNIM, et Amadou Kouffa chef de la katiba Macina, dans une démarche visant à l’arrêt des affrontements armés pour amorcer le dialogue entre Bamako et les groupes terroristes.
L’imam, réfugié à Alger parce que recherché par les autorités de transition, bénéficie également d’une aura auprès des partis politiques et de la population.
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La militante a estimé qu’il est le profil indiqué pour entreprendre cette démarche de dialogue et de réconciliation.
Des informations, de sources non authentifiées, font état d’un projet de plan de paix pour le Mali en maturation au sein de l’Union africaine. Le plan sera présenté lors de la prochaine réunion du conseil de la paix et de la sécurité de l’UA. Il prévoit un cessez le feu sur tout le territoire du Mali, le retrait des forces étrangères avant l’ouverture d’un dialogue inclusif, dans le format du dialogue intermalien qui a abouti à la signature de l’Accord d’Alger en 2015, sous l’égide de l’Onu et de l’UA.
