Un nouvel acquis majeur vient consolider le partenariat énergétique entre l’Algérie et l’Union européenne.
Ainsi, la Commission européenne a officiellement classé le projet de câble sous-marin Medlink, reliant le sud de l’Algérie à l’Italie en passant par la Tunisie, parmi les projets à «plus haute priorité stratégique» dans le cadre de sa politique énergétique.
Un statut stratégique confirmé
Cette décision, annoncée le 1er septembre sur le site officiel de la Commission, intervient seulement quelques semaines après que Medlink a été retenu parmi les 13 projets éligibles au financement européen. Il s’inscrit dans le programme Cb RES (Cross-Border Renewable Energy Projects), qui confère aux initiatives stratégiques un statut prioritaire, ouvrant droit à des financements directs via le mécanisme « Connecting Europe Facility » (CEF), que ce soit pour la réalisation d’études préliminaires ou pour le lancement des infrastructures.
Le projet bénéficie également d’un soutien politique et institutionnel renforcé de la part des États membres de l’Union.
Avant d’entrer en vigueur, la décision doit encore passer par une phase de contrôle de deux mois par le Parlement européen et le Conseil. Sa publication au Journal officiel de l’Union européenne marquera son adoption définitive. À ce stade, Medlink franchit ainsi une étape décisive, devenant l’un des cinq seuls projets transfrontaliers dans les énergies renouvelables à obtenir ce statut de priorité, ce qui renforce considérablement sa visibilité, sa crédibilité et ses perspectives de financement.
Un projet d’envergure régionale et technologique
Baptisé officiellement Medlink Renewable Generation – MedGen (2024-2), ce projet est piloté par la société italienne Zhero Europe BV, qui agit comme coordinateur principal.
Deux autres entités, Medlinks Algeria BV et Medlinks Tunisia BV, également enregistrées aux Pays-Bas, sont chargées de la mise en œuvre dans leurs pays respectifs.
Trois pays sont directement impliqués dans le projet : l’Algérie, la Tunisie et l’Italie. Toutefois, l’Algérie jouera un rôle central, en hébergeant l’essentiel des capacités de production, grâce à ses vastes ressources naturelles, notamment en énergie solaire.
10 GW de capacité, 30 TWh de production, 22,8 TWh pour l’Europe
Sur le plan technique, Medlink prévoit l’installation de centrales solaires et éoliennes d’une capacité totale d’environ 10 gigawatts, accompagnées de systèmes de stockage par batteries. La production annuelle escomptée atteindra 30 térawattheures (TWh), dont 22,8 TWh seront exportés vers l’Italie via deux lignes de transmission HVDC (courant continu haute tension) d’une capacité de 2 GW chacune.
Selon la Commission européenne, cette production propre permettra de réduire les émissions de CO₂ de l’Union d’environ 8 millions de tonnes par an, tout en favorisant une intégration industrielle et réglementaire plus poussée entre les rives nord et sud de la Méditerranée.
Une plateforme pour l’avenir énergétique de la région
Les premières étapes du projet incluront des campagnes de mesure et d’étude des ressources naturelles, telles que le rayonnement solaire, les vitesses du vent, ainsi que des études techniques, environnementales et sociales. Medlink est aussi pensé comme un levier d’attraction d’investissements industriels majeurs et de transfert de technologies de pointe.
Au-delà de ses retombées économiques et écologiques, ce projet marque un changement de paradigme pour l’Algérie, appelée à passer du statut de fournisseur traditionnel de gaz à celui de hub énergétique vert reliant l’Afrique du Nord à l’Europe.
L’inclusion de Medlink dans la liste restreinte des priorités européennes reflète ainsi une reconnaissance claire de Bruxelles : l’Algérie n’est plus un simple partenaire secondaire, mais un acteur stratégique incontournable pour la sécurité énergétique du continent dans un contexte de transition et de diversification, notamment face à la réduction des approvisionnements russes.