Pour la deuxième année de suite, le professeur Mouni Lotfi figure parmi les 2 % des meilleurs chercheurs au monde selon l’université de Stanford.
Ainsi, cet enseignant-chercheur à l’Université de Bouira, s’est imposé grâce à ses travaux sur le traitement des eaux et la synthèse de nouveaux matériaux à propriétés catalytiques.
En effet, dans cet entretien accordé à JUST-INFODZ, il revient sur son parcours académique, ses recherches et ses ambitions pour contribuer au rayonnement de la recherche scientifique en Algérie sur la scène internationale.
JUST-INFODZ : Qu’avez-vous ressenti en apprenant que vous figurez dans cette liste pour la deuxième année consécutive ?
Mouni Lotfi : J’étais très content et fier en même temps, car pour faire partie des 2 % des meilleurs chercheurs au monde ce n’est pas facile, vu la concurrence très rude entre les chercheurs.
Parlons de concurrence, quelles sont les conditions ou critères retenus par Stanford pour établir ce classement ?
Les critères sont nombreux, entre autres :
- Le nombre de publications internationales,
- La qualité des journaux dans lesquels sont publiés ces articles (Q1),
- Le nombre de citations des articles par les pairs,
- Le réseau international,
- La position de l’auteur dans les articles, qui est un paramètre très important,
- Le H-index des auteurs.
Pouvez-vous revenir sur votre parcours académique et scientifique ?
J’ai suivi mes études de graduation en génie chimique à l’université de Béjaïa où j’ai obtenu mon diplôme d’ingénieur en 2001. Ensuite, j’ai enchaîné par des études de post-graduation où j’ai obtenu mon magistère en 2003, puis le diplôme de docteur en sciences en 2010.
En 2012, j’ai passé l’habilitation à diriger les recherches et, en 2018, j’ai été sélectionné par la CUN, premier à l’échelle nationale dans le génie des procédés pour le poste de professeur.
J’ai à mon actif 110 publications indexées Scopus avec des facteurs d’impact élevés, quatre brevets d’invention inscrits au niveau de l’INAP, et j’ai dirigé plus de 10 projets nationaux et trois projets internationaux (Prima, Tassili, AUF). J’ai encadré plus de dix doctorants qui ont soutenu et j’encadre actuellement six doctorants en cours. Voici succinctement mon parcours.
Quels sont les principaux axes de vos recherches qui ont contribué à cette reconnaissance internationale ?
Le traitement des eaux par des procédés d’oxydation avancée, la synthèse de nouveaux matériaux à propriétés catalytiques, l’optimisation et la modélisation des procédés de traitement des eaux contaminées.
Quels impacts concrets vos travaux dans le domaine du traitement des eaux ont-ils eu, que ce soit dans le milieu académique, dans l’industrie ou plus largement dans la société ?
Je commence par le milieu académique où les procédés développés permettent une avancée de la science et de la technologie, notamment à travers les publications à fort facteur d’impact, ce qui permet d’augmenter la visibilité de l’université.
Au milieu industriel, nous sommes en train de monter un pilote dans le cadre du projet Prima, qui sera utilisé pour traiter les eaux usées des huileries afin de les réutiliser dans l’irrigation des champs.
Aussi, les matériaux synthétisés peuvent être utilisés à la place d’autres matériaux achetés en devises et qui n’ont pas une efficacité importante par rapport aux matériaux développés au sein de notre laboratoire.
En quoi cette distinction peut-elle valoriser la recherche scientifique en Algérie ?
Cette distinction permet d’améliorer le classement des universités algériennes et de booster leur visibilité. Cela encourage aussi les chercheurs algériens à travailler davantage et à croire en leurs potentiels.
Quels sont vos projets de recherche actuels et vos ambitions pour les prochaines années ?
Nous avons déposé deux projets innovants dans le cadre de l’appel à projets algéro-italien et nous avons aussi déposé un projet dans le cadre de l’appel à projets Euro 2020 avec plusieurs partenaires, notamment des Allemands, des Italiens, des Espagnols et des Grecs.
Nous envisageons de déposer deux brevets d’invention d’ici la fin de l’année et nous sommes en train de réfléchir à la possibilité de lancer une start-up dans le domaine de la synthèse de nouveaux matériaux à propriétés catalytiques, qui viendraient se substituer aux matériaux utilisés dans les stations d’épuration.
Comment comptez-vous capitaliser sur cette reconnaissance internationale de Stanford pour développer vos travaux ?
Cette distinction me permet une meilleure visibilité de mes travaux de recherche, ce qui améliore considérablement les citations de mes articles. Elle facilite aussi le lien avec des chercheurs de renom avec lesquels nous pouvons monter d’autres projets bénéfiques pour notre pays, échanger nos expertises et faire bénéficier nos étudiants et doctorants de la mobilité internationale.
Quel message aimeriez-vous adresser aux jeunes chercheurs et étudiants algériens qui souhaitent suivre vos pas dans la recherche et l’innovation ?
J’aimerais à travers vous transmettre un message à tous les chercheurs : être persévérants, croire en leurs potentiels et ne jamais arrêter de rêver grand, tout en travaillant dur pour atteindre les objectifs tracés.
