Naturgy : Face à la ténacité d’Abou Dabi, la vigilance d’Alger ! 

La holding émiratie Taqa, qui avait tenté en avril 2024 d’acquérir le groupe énergétique espagnol Naturgy, relance ses ambitions. 

Ainsi et selon Bloomberg News, Taqa vient d’approcher une nouvelle fois CriteriaCaixa, principal actionnaire de Naturgy Energy Group, pour proposer une prise de participation dans l’entreprise espagnole. 

Taqa revient à la charge 

En effet, selon cette même source, le ministre de l’Investissement des EAU, Mohamed Hassan Alsuwaidi, également président de TAQA, a récemment effectué un déplacement en Espagne afin de rencontrer un haut responsable de CriteriaCaixa. L’objectif de cette rencontre, rapportée par Bloomberg News, était d’examiner les contours d’un éventuel accord.

D’après les informations disponibles, CriteriaCaixa se montre « ouvert aux discussions », à condition que TAQA ne cherche pas à obtenir une participation majoritaire et que les relations diplomatiques avec l’Algérie, où Naturgy détient d’importants intérêts, ne soient pas affectées. 

En tant qu’actionnaire principal de la banque CaixaBank, CriteriaCaixa détient actuellement une participation de 26,7 % dans Naturgy, selon les données de LSEG.Dans ce sillage, le journal espagnol « El Independiente » souligne que TAQA nourrit de grandes ambitions pour 2025. « L’Espagne représente une nouvelle étape clé dans le plan d’expansion du géant émirati, qui aspire à s’implanter au sein de l’une des principales entreprises gazières du pays. Derrière TAQA, c’est le gouvernement des Émirats arabes unis qui mène la stratégie, via l’Abu Dhabi National Energy Company, spécialisée dans la gestion de l’eau et de l’énergie », rapporte le média.

Alger : Un acteur incontournable 

Cependant, cette initiative suscite des inquiétudes, notamment du côté algérien. Toujours selon El Independiente, Alger reste fermement opposé à toute prise de contrôle émiratie sur Naturgy, comme en témoigne son refus catégorique lors de l’échec de l’OPA lancée par TAQA l’année dernière. 

L’Algérie, principal fournisseur de gaz de l’Espagne, campe sur ses positions et continue de surveiller de près les développements autour de ce dossier stratégique.

Pour rappel, l’année dernière, TAQA avait manifesté son intérêt pour acquérir les 26,7 % de parts détenues par Criteria dans Naturgy, dans le cadre d’un projet de partenariat stratégique. Toutefois, les négociations n’avaient pas abouti, même si l’accord semblait sur le point d’être conclu. En fait un retournement de situation a conduit l’Espagne à faire marche arrière. En cause : l’Algérie, acteur clé du marché gazier ibérique.

Un enjeu économique et géopolitique  

Outre sa participation directe de 4,1 % dans le capital de Naturgy, l’Algérie, à travers Sonatrach, détient une majorité de 51 % dans Medgaz, le gazoduc reliant Beni Saf à l’Espagne. De plus, elle représente la deuxième source d’approvisionnement en gaz naturel du pays, couvrant 34,9 % de ses besoins.

Une éventuelle prise de contrôle de Naturgy par TAQA pourrait donc avoir des répercussions majeures sur les contrats gaziers existants. D’ailleurs, Alger avait mis en garde contre toute cession de Naturgy à un nouvel acteur, menaçant de revoir ses livraisons de gaz à l’entreprise espagnole en cas de changement d’actionnaire.

En outre, au-delà des enjeux économiques, des considérations géopolitiques entrent en jeu : depuis la rupture des relations avec le Maroc en 2021, Alger a entrepris une diversification stratégique de ses partenaires énergétiques, et l’Espagne de son coté, ne souhaite plus avoir de brouille avec Alger pour les mêmes raisons.     

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Follow by Email
WhatsApp
FbMessenger
Plugin WordPress Cookie par Real Cookie Banner