La récente annonce d’Emmanuel Macron de reconnaître l’État Palestinien en septembre, l’engagement pris par l’Espagne de « plaider » la reconnaissance de la Palestine en étant membre à part entière au sein de l’Organisation des Nations Unies (ONU) auprès d’autres pays de l’Union européenne (UE), sont autant de signes positifs pour la « validation » de ce long processus.
C’est dans ce contexte des plus favorables que la France et l’Arabie saoudite tentent depuis hier à New York de ranimer un processus paix en Palestine.
L’Arabie Saoudite en leader, les pays arabes absents !
En effet, ce processus en déshérence parce qu’abandonné par ses soutiens, notamment les états arabes, embourbés dans leurs propres crises et contradictions, est en passe d’être d’être réanimé par Emmanuel Macron et Mohamed Ben Selman (MBS), en l’absence des pays arabes dits « frères » de la Palestine et son peuple.
Il est étonnant par ailleurs que l’initiative saoudienne soit désertée par les membres de la Ligue arabe pourtant formellement acquis à la cause palestinienne. Presque une centaine de milliers de victimes palestiniennes, un génocide plus tard, la puissance arabe revient au devant de la scène pour coprésider avec la France une conférence internationale conçue pour poser les jalons d’une solution à deux Etats.
Conjoncture propice
Ainsi cette initiative franco-saoudienne ambitionne de remettre sur la table la solution à la question palestinienne devenue désormais une chronique macabre quotidienne devant des puissances internationales impuissantes, complices ou silencieuses. Le contexte est désormais favorable avec la mise à nu de la politique d’apartheid et génocidaire du gouvernement israélien qui n’entend surtout pas céder sur l’idée de création d’un état palestinien.
Le désaveu international du gouvernement Netanyahou s’accompagne aujourd’hui du début d’une vague de reconnaissance de l’État de Palestine alors que la rue, y compris, en Israël, gronde et exprime sa désapprobation des pratiques inhumaines du gouvernement et de l’armée israéliens.
L’ « axe du bien » boycott la paix !
New York accueille depuis hier une quarantaine de pays pour cette conférence internationale- boycottée, il va sans dire, par Israël, dénoncée par les États Unis et rejetée sous prétexte par le Royaume uni- où les chefs de la diplomatie débattront pendant deux jours d’une résolution pour mettre un terme au « conflit » israélo-palestinien, un euphémisme pour qualifier la guerre d’Israel contre les palestiniens.
Il s’agit donc d’imposer une paix durable et une solution à deux Etats. Surtout depuis qu’Israël a créé les conditions favorables à cette perspective avec ses opérations criminelles soutenues par des puissances occidentales, à travers l’onde de choc créée dans l’opinion internationale qui découvre la nature fasciste du gouvernement israélien.
C’est ce contexte qui a modifié la position française pourtant favorable à Israël en lui apportant soutien militaire et politique. La situation sur le terrain a été aussi parmi les facteurs qui ont amené Paris à revoir sa position et à chercher une fin à l’escalade meurtrière d’Israël et arriver à une solution à long terme pour cette crise dont le dialogue a été rompu depuis l’enterrement de l’Accord d’Oslo (1993) par un gouvernement du même Benyamin Netanyahou, après l’assassinat d’Isaac Rabbin (1995), il y a trente ans.
Lueur d’espoir
C’est en ce sens que cette conférence est un événement diplomatique majeur. Et de par son ambition de relancer le processus de paix entre Israël et la Palestine à travers la solution à deux États malgré l’intransigeance du gouvernement israélien qui ne veut pas entendre parler d’un état palestinien à ses frontières.
Cela demeure en deçà des attentes en raison essentiellement de la lenteur que prend la reconnaissance de l’état palestinien par la France. En effet, celle-ci n’interviendra qu’à partir du mois de septembre prochain à l’assemblée générale de l’ONU alors que cette conférence offre l’opportunité au président Emmanuel Macron de se réconcilier la France avec ses positions historiques, justes et en faveur de la paix.
« La décision de la France est importante dans la mesure où elle suggère qu’il existe une dynamique pour avancer en ce sens, même parmi les proches alliés des États-Unis et les puissants pays d’Europe occidentale. Il est probable que d’autres pays suivront le mouvement, même si nous ne savons pas encore lesquels ni combien », a expliqué une source diplomatique française pour justifier cette posture qui évolue lentement.
Exercice de rattrapage pour Macron
« Cette reconnaissance est l’expression du refus de l’injustifiable à Gaza et de l’inacceptable en Cisjordanie. Le refus de voir un peuple privé définitivement de son droit à disposer de lui-même. Le refus de voir s’effacer définitivement la solution à deux États, seule susceptible de garantir la paix et la sécurité dans la région » a indiqué pour sa part, le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, dans la presse en début de semaine. « Par la politique qu’il mène aujourd’hui, le gouvernement de Benyamin Netanyahu hypothèque la sécurité d’Israël à laquelle la France est indéfectiblement attachée », a-t-il ajouté.
Demeure cependant problématique la position des pays de la sphère arabe dont une majorité a normalisé, sans conditions, avec Israël. Vont-ils s’inscrire dans la nouvelle dynamique de cette nouvelle initiative à laquelle seuls Israël et les États-Unis s’opposent franchement.
Vont- ils appuyer véritablement la solution préconisée par cette rencontre ? Autant de questions qui vont sans doute marquer les travaux du prochain sommet arabe. Parce que si la question palestinienne et sa solution à deux États fait l’unanimité à travers le monde, les pays arabes demeurent lents à la détente et minés par des contradictions « individuelles » qui déteignent gravement sur les causes qu’ils prétendent défendre. Cela transparait suffisamment dans les déclarations finales en demi-teinte de leurs sommets successifs.
L’Algérie, empêcheur de tourner en rond
L’on ne peut naturellement terminer cet article sans évoquer le rôle inédit joué par l’Algérie au conseil de sécurité de l’ONU où elle siège depuis plus d’une année en tant que membre non permanent. En effet, sans droit de véto, avec le soutien des autres membres non permanents, l’Algérie a brisé l’inertie de cette instance décisionnelle internationale.
Sur la question palestinienne, elle a initié plusieurs résolutions en faveur des Palestiniens, les ghazaouis particulièrement, contre les pratiques inhumaines et immorales du gouvernement et de l’armée israélienne au point d’irriter les partisans du statu quo dont les États unis qui l’ont fait savoir ouvertement au point de se résoudre à débattre avec l’Algérie de tout texte à venir et à élaborer des résolutions communes sur certaines questions sensibles.
Un rôle diplomatique que lui reconnaissent plusieurs chancelleries en apercevant le dynamisme qui a caractérisé le conseil de sécurité de l’ONU depuis l’entrée de l’Algérie, qui, par ailleurs, avait promis de porter la voix de l’Afrique, des causes justes et à bout de bras la question palestinienne. Une position constante que lui salue la communauté internationale qui reconnait qu’elle est le seul pays qui n’a pas modifié d’un iota sa position sur la cause palestinienne.