Hormis les missiles balistiques, les drones et autres avions des combats, l’Iran possède une arme stratégique, laquelle pourrait le moment venu, faire vaciller Israël et ses alliés, notamment les États-Unis. Cette « arme » réside dans sa position stratégique et plus précisément son contrôle sur le Détroit d’Ormuz.
Ce corridor maritime, est la pierre angulaire sur laquelle repose le transport des hydrocarbures de plusieurs pays producteurs de pétrole et cette donne hautement sensible, l’Iran est en bien consciente.
D’ailleurs et fait inédit, même dans les heures les plus sombres de la guerre Iran-Irak, Téhéran n’a jamais brandit la menace de fermer ce détroit. Cependant, là, il s’agit d’Israël et face à cet « ennemi éternel », l’Iran n’a pas hésité une seule seconde à « étudier » cette éventualité et s’en servir comme moyen de pression, dans sa guerre désormais ouverte contre à Israël.
Un mini « choc pétrolier » s’abat sur les marchés
Ainsi, l’escalade militaire entre Israël et l’Iran a déclenché une flambée des prix du pétrole, avec des hausses atteignant 7 % en une journée. Face à la menace d’une fermeture du détroit d’Ormuz par Téhéran, les marchés redoutent une crise énergétique mondiale sans précédent.
En effet, les contrats à terme sur le Brent ont bondi de 6,19 %, atteignant 74,60 dollars le baril, tandis que le West Texas Intermediate (WTI) américain a grimpé de 13,49 % pour s’établir à 77,22 dollars, son niveau le plus élevé depuis plusieurs mois. Cette hausse quotidienne est la plus importante depuis 2022, lorsque la guerre russo-ukrainienne avait provoqué d’importantes fluctuations sur le marché de l’énergie.
Cette flambée des prix intervient après que Israël a mené des frappes aériennes ciblant des installations nucléaires, des usines de missiles balistiques et des responsables militaires iraniens, marquant le début d’une opération visant, selon elle, à empêcher l’Iran de développer une arme nucléaire. Téhéran a répliqué vivement, suscitant de vives inquiétudes quant à la stabilité de la région.
L’Iran envisage « sérieusement » de fermer le Détroit d’Ormuz
Dans un développement aux conséquences potentiellement catastrophiques, Ismaël Kothari, membre de la commission de la sécurité nationale du Parlement iranien, a affirmé que Téhéran envisageait « sérieusement » de fermer le détroit stratégique d’Ormuz.
Cette déclaration a été suivie d’une annonce officielle de l’armée iranienne fermant le détroit à la navigation maritime « jusqu’à nouvel ordre ».
Près de 20 % du pétrole mondial et plus de 40 % du pétrole transporté par mer transitent par le détroit d’Ormuz, soit entre 18 et 19 millions de barils par jour. Des pays majeurs comme l’Arabie saoudite, l’Irak, les Émirats arabes unis, le Qatar et le Koweït dépendent de ce passage crucial pour exporter leur pétrole et leur gaz.
- L’Arabie saoudite exporte 88 % de sa production pétrolière via le détroit.
- L’Irak en dépend à 98 %.
- Les Émirats arabes unis à 99 %.
- Le Qatar l’utilise pour exporter son gaz.
Impact anticipé sur les marchés pétroliers
La banque JP Morgan estime qu’une fermeture du détroit pourrait faire grimper les prix du pétrole entre 120 et 130 dollars le baril. Dans un scénario plus pessimiste, ils pourraient même dépasser les 150 dollars en cas d’escalade prolongée.
Les analystes préviennent qu’une fermeture du détroit provoquerait des perturbations majeures sur le marché mondial de l’énergie, alimentant l’inflation.
Selon une note de JP Morgan, une hausse des prix à 120 dollars pourrait porter l’indice des prix à la consommation (IPC) des États-Unis à 5 %, contre 2,4 % enregistré en mai.
Les pays du Golfe seraient les plus touchés, en particulier l’Irak et le Qatar. Bien que l’Arabie saoudite et les Émirats disposent de pipelines alternatifs, ceux-ci ne suffiraient pas à compenser la totalité des volumes habituellement transitant par le détroit.
Un climat de tension persistant
Alors que la marine américaine assure que la navigation dans le détroit reste ouverte, les tensions demeurent vives. Les analystes de Saxo Bank soulignent que les frappes israéliennes n’ont pas visé des installations énergétiques, mais si l’Iran décidait d’impliquer d’autres acteurs, l’escalade pourrait dégénérer en un conflit régional plus large.
Le marché pourra-t-il absorber le choc ?
Janiv Shah, analyste chez Rystad Energy, estime que le marché pourrait temporairement absorber le choc, mais une prolongation des tensions entraînerait des hausses plus importantes. « Les transactions chinoises sont les plus exposées, car la majorité des exportations iraniennes sont destinées à la Chine », précise-t-il.
Le monde observe avec inquiétude l’évolution rapide de l’une des crises géopolitiques les plus graves au Moyen-Orient de la dernière décennie. Toute escalade supplémentaire pourrait redessiner la carte des marchés pétroliers et plonger l’économie mondiale dans une nouvelle crise.